Sommet à Moscou

Le G20 s’ouvre en pleine guerre des changes

16 février 2013, par Céline Tabou

Les grandes puissances du G20 réunies les 15 et 16 février à Moscou vont tenter d’identifier de nouvelles « sources de croissance » face à une reprise économique instable. D’autant plus que la conjoncture pourrait pousser les pays sur la voie d’une « guerre des monnaies » destinée à soutenir leur propre activité.

Accueillant le G20, la Russie s’est fixée comme objectif, d’ici le sommet du G20 des 5 et 6 septembre à Saint-Pétersbourg, de proposer un « nouveau cycle de croissance », à travers des leviers comme l’investissement, la transparence ou une « véritable régulation ». Cet objectif n’est pas une mince affaire car l’économie mondiale peine à se remettre de la crise financière de 2008 et de la crise de la dette européenne. De plus, les prévisions de croissance revues à la baisse offrent peu de possibilité de relancer l’économie.

Vers une « volatilité excessive » ?

De nombreux analystes ont exprimé leurs inquiétudes face aux fluctuations des taux de change et à une éventuelle guerre des monnaies. À la sortie du G7, les chefs d’état ne sont pas parvenus « à convaincre que les problèmes monétaires pouvaient être contenus ». En effet, l’Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et le Japon ont réaffirmé mardi 12 février, qu’ils laissaient au marché le soin de fixer librement les taux de change tout en jugeant que leur « volatilité excessive » serait négative. Cependant, les ministres des Finances du G20, réunit les 15 et 16 février à Moscou, devront se pencher sur la course aux dévaluations compétitives des monnaies.
Ces inquiétudes interviennent après les annonces de la Chine et du Japon d’une révision de leur politique monétaire. A son arrivée, Shinzo Abe, Premier ministre du Japon, a annoncé la dévaluation du Yen, afin de faciliter les exportations et ainsi relancer l’économie du pays. En Chine, seconde puissance économique mondiale, le Yuan reste dévalué par rapport au dollar, malgré les pressions américaines, le gouvernement chinois a conservé une monnaie basse afin d’éviter une chute sévère des exportations, secteur clé de l’économie chinoise.
Les moyens de relancer la croissance sont de plus en plus rares dans les pays riches, en raison d’une morosité de l’ensemble des économies du monde et une rigueur imposée dans la majeure partie des pays européen. Pour Marco Valli, économiste de la banque Unicredit, « la tentation augmente d’avoir recours à l’outil des taux de change, au risque de déclencher une guerre des monnaies ». En effet, une « hausse des exportations à la suite de la dépréciation de la devise est considérée comme la voie la plus directe vers cette croissance » a ajouté Ad van Tiggelen, d’ING IM, cité par Libération.

Une amorce lors du G7

Les Américains ont appelé lundi 11 février les pays du G20 à « éviter les dévaluations compétitives » qui sont une « source de conflit », un message appuyée le lendemain par la Commission européenne. Cependant pour les allemands, première économie d’Europe, « les taux de change ne doivent pas être manipulés », a prévenu le ministre des Finances Wolfgang Schäuble.
De son côté, la France a exprimé ses craintes de voir la zone euro isolée, car la banque centrale rechigne à créer de la monnaie pour soutenir l’économie et la croissance des pays de la zone pourrait en pâtir. Malgré les tentatives d’apaisement des pays du G7, les investisseurs restent sceptiques. D’autant plus que les pays émergents ont tiré la sonnette d’alarme depuis longtemps sur des conséquences des politiques monétaires des Etats les plus riches.

La problématique des politiques d’assouplissement monétaire ne devront pas occulter « les discussions sur les taux de change détournent les États des réformes structurelles », a indiqué un haut fonctionnaire allemand au quotidien Le Figaro. Ce dernier a d’ailleurs ajouté que « Nous continuerons de réclamer plus de réformes structurelles dans la zone euro, en Europe et dans le monde. » Mettant de côté la rigueur, Paris et Washington souhaiteraient que le G20 soit plus souple sur les objectifs fixés lors du précédent sommet de Toronto en 2010. Ceux-ci concernés la réduction de moitié leurs déficits rapportés au PIB en 2013 et la stabilisation de la dette d’ici à 2016. D’autant que dans son dernier rapport, le Fonds Monétaire International a revu à la baisse sa prévision pour la croissance mondiale en 2013, de 3,6% à 3,5%.

Céline Tabou


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus