Le gaz au centre des préoccupations ukrainiennes

17 juin 2014, par Céline Tabou

Des négociations sur le gaz ont été organisées avec le nouveau gouvernement ukrainien et la Russie, afin d’éviter une coupure imminente. En dépit de ces discussions, les Russes ont décidé lundi 16 juin de couper le gaz à l’Ukraine après l’échec de leurs discussions.

Cette décision affecte les relations avec l’Union Européenne et aggrave selon les observateurs étrangers « le pire conflit sur le continent depuis la fin de la Guerre froide ». Les négociations se sont déroulées, alors que samedi 14 juin, un avion de transport militaire ukrainien a été abattu par des séparatistes prorusses, faisant 49 tués.

Remise en cause des négociations

Cette attaque a mis à mal les possibilités d’une détente entre russes et ukrainiens. Le bureau du procureur général ukrainien avait annoncé que l’avion transportait 40 parachutistes et neuf membres d’équipage, et qu’il avait été frappé par un missile antiaérien. Pour le ministère de la Défense, l’avion cargo transportait des renforts et du matériel pour les troupes. Les parachutistes participaient à l’offensive lancée par les autorités de Kiev contre les rebelles dans l’est du pays.

Selon le porte-parole des séparatistes de la « république de Lougansk » autoproclamée, Vladimir Inogorodski, l’avion a été touché par un missile antiaérien tiré par des insurgés et il est tombé dans « la zone de l’aéroport ». En réaction, le président ukrainien, Petro Porochenko, a assuré que « tous ceux qui sont impliqués dans des actes de terrorisme de cette ampleur méritent un châtiment. L’Ukraine a besoin de la paix. Cependant, les terroristes recevront la réponse adéquate ».

Le gaz coupé

Au même moment, le géant russe Gazprom a donné jusqu’à lundi 06H00 GMT à Kiev pour rembourser une dette gazière de 1,95 milliard de dollars. Faute de règlement, un système de prépaiement serait engagé, entrainant la coupure de l’approvisionnement. Une coupure qui concernerait également les livraisons de gaz russe en direction de l’Europe. En effet, près de la moitié transite par le territoire ukrainien.

En dépit de cet ultimatum, Kiev a refusé la hausse des prix décidée par Moscou après l’arrivée au pouvoir de dirigeants pro-occidentaux fin février. Les mille mètres cubes de gaz sont passés de 268 à 485 dollars, un prix record en Europe. Les négociations entre le président ukrainien de l’Energie, Iouri Prodan, les PDG de Gazprom et de Naftogaz, sous la médiation du commissaire européen à l’Energie Guenther Oettinger, n’ont pas abouti.

Gazprom a décidé de couper le gaz, faute d’accord. « La décision a été prise en raison du non-paiement chronique par le groupe ukrainien Naftogaz. Le volume des arriérés de la compagnie (ukrainienne) pour les livraisons de gaz russe s’élève à 4,458 milliards de dollars », a indiqué la compagnie dans un communiqué.

Cette dernière a également annoncé avoir saisi la cour d’arbitrage internationale de Stockholm concernant la dette gazière de l’Ukraine. Moyen pour elle de faire face à la menace de procédure de Kiev concernant le prix du gaz en vigueur.

De vives tensions

Cette décision intervient après les incidents samedi devant l’ambassade russe en Ukraine, suite à une manifestation pour protester contre l’attaque de l’avion à Lougansk, qui a fait 49 morts. Dimanche, une vidéo a été diffusée par les chaînes de télévision montrant le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Dechtchitsa, insulter le président russe Vladimir Poutine, accentuant un peu plus l’indignation de Moscou contre l’Ukraine.

Ce dernier aurait selon l’Agence France Presse, voulu calmer la foule et avait assuré pouvoir exiger des russes qu’ils se retirent de l’Ukraine. Le ministre aurait alors lâché « Poutine connard ». Suite à cela, des hauts responsables russes ont dénoncé cette injure et appelé le président ukrainien à limoger Andriï Dechtchitsa.

A compter de lundi, la Russie « a réduit à zéro » les livraisons de gaz vers l’Ukraine, ne laissant transiter que les volumes destinés aux pays européens, a indiqué le ministre ukrainien de l’Energie, Iouri Prodan, qui a assuré que son pays ne perturberait pas le transit vers l’Europe.

Céline Tabou

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