Rassemblement devant le service public de l’information

’Le gouvernement ne peut pas poser une question et imposer une réponse à travers les médias’

10 mai 2005

Une vingtaine de personnes déléguées par les organisations membre du Collectif réunionnais pour le “non” au projet de Constitution se sont retrouvées hier en fin d’après-midi devant les locaux du service public de l’information au Barachois. Elles protestaient contre le fait que les débats ou les visites en faveur du “oui” bénéficient d’un traitement privilégié de la part des médias réunionnais et nationaux.

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"Le service public d’information à La Réunion roule-t-il pour le “oui” ?", se demandent les citoyens réunionnais épris du respect du pluralisme de l’information et de la démocratie. Ils ne doutent pas de la réponse tant les faits sont criants.
Par exemple la visite du socialiste Dominique Strauss-Kahn a bénéficié d’un traitement de faveur par rapport à celle de Henri Emmanuelli. Point de journaliste de RFO ou d’Antenne Réunion au Gol à Saint-Louis. Par contre, le séjour de l’ancien ministre socialiste, partisan du “oui” libéral, a été suivi depuis son arrivée jusqu’à son départ, du marché de Saint-Paul au Marché du Chaudron... Une manière de faire "marcher" les Réunionnais.
À l’occasion de ce 9 mai, Journée de l’Europe, Véronique Veinberg de l’Association Initiatives dionysiennes demande "un accès équitable aux médias pour le “oui” et le “non” à La Réunion et en Métropole". Elle profite de l’occasion pour diffuser des tracts auprès des automobilistes et des passants.
Des tracts qui expliquent : "où est le débat quand sur RFO Télé le 20 avril dernier, nous avons eu droit à 25 interventions pour le “oui” et 13 pour le “non” ? Où est le débat quand, à Saint-Denis, la même salle, également remplie pour les deux camps, correspond dans les médias à un meeting réussi pour le “oui” et à un échec pour le camp du “non” ?".
"Face à cette campagne d’État, nous montrons notre mécontentement. Le gouvernement ne peut pas poser une question et imposer une réponse à travers les médias... C’est une pratique qui s’exerce au sein des dictatures. Notre bataille n’est pas dirigée contre les journalistes de RFO, mais contre les tentatives de manipulations faites par les médias", dit Jean-Hugues Ratenon de Agir pou nout tout.
"Nous constatons que le “non” est censuré. C’est une atteinte à la démocratie. À travers les médias, on a tendance à mépriser, à ridiculiser et à ignorer les partisans du “non”", continue Éric Delorme, de Priorité socialiste Réunion.
"C’est une manifestation légitime. Des moyens colossaux ont été mis au service du “oui”, alors que le “non” récolte les miettes. Il y a un repositionnement des courants de pensées politiques. Le Parti socialiste ne sera plus ce qu’il était auparavant. Malgré le peu de personnes présentes, c’est la qualité qui prime sur la quantité. Cette situation me fait penser à un avocat seul à défendre une cause perdue. Et pourtant à la fin, il gagne", dit Raymond Lauret, "venu sur un coup de cœur".
Gérald Prufer, le directeur général de la station de la rue Jean Chatel, est venu à leur rencontre. Après un bref échange, une lettre lui a été remise, exprimant les revendications de la délégation pour plus de démocratie sur les ondes du service public.

Jean-Fabrice Nativel


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