Bilan du scrutin par la liste gagnante dans l’Outre-mer

Le grand projet de l’Alliance validé

16 juin 2004

Plusieurs responsables d’organisations membres de l’Alliance (PCR, PSR, MRA, MRC, MGER) ont rencontré la presse hier matin afin d’apporter un commentaire ’à froid, plus raisonné et raisonnable’ sur les résultats du scrutin européen. Alors que l’on a parlé d’arrogance, de défaite, voire d’appétit démesuré, l’Alliance parle quant à elle de grand projet pour La Réunion et pour l’Outre-mer.

Comme le rappelait hier matin le président du Mouvement La Réunion Autrement en ouvrant la conférence de presse de l’Alliance, celle-ci a une ambition depuis toujours affichée : "celle de l’union à La Réunion et dans l’Outre-mer". Et Alain Armand estime que "personne ne conteste sa capacité de rassembler".
Aux éternels sceptiques, à ceux qui misaient sur la défaite de ce pari du rassemblement le plus large possible, à ceux encore qui ne voulaient pas croire à la naissance d’une nouvelle force politique, Alain Armand répond : "L’Alliance est là. Sa démarche ambitieuse, affichée, est réalisée. C’est une vraie force politique au service de La Réunion".
Et si la naissance de l’Alliance a provoqué un véritable cataclysme dans le paysage politique réunionnais, ses perspectives vont au-delà d’un rassemblement des forces de gauche et de progrès. Elle est née de la volonté de faire face au désengagement de l’État, à sa politique ultra-libérale, de proposer une alternative crédible susceptible de répondre aux enjeux d’une Europe élargie.

Un Outre-mer solidaire

"Comment changer de posture, dire clairement notre volonté de réfléchir ici, de penser ici ?", interroge Alain Armand qui estime que ce questionnement relève d’une autre ambition également affichée et réalisée. "L’Alliance est parvenue en l’espace de quelques jours à un rassemblement politique qui constitue une véritable révolution culturelle", constate encore le président du MRA.
Et de cette seconde ambition en découle enfin une troisième : rassembler des pays divers dans des zones éparpillées, pour donner un sens à la circonscription électorale de l’Outre-mer. Une nouvelle donne politique est née, celle d’un Outre-mer solidaire. Face à cette nouvelle identité, Alain Armand estime qu’il convient dès lors de réfléchir "différemment aux intérêts de l’ensemble de l’Outre-mer".
Bien loin de l’arrogance qu’on voudrait lui concéder, l’Alliance représente l’alternative crédible attendue par les Réunionnais, qui lui accordent massivement ses voix et sa confiance. L’ambition de concevoir et de mettre en œuvre un grand projet collectif n’est pas une tare mais bien un moteur de progrès pour que La Réunion et plus largement l’Outre-mer aient leurs places au sein d’une Union européenne élargie. Et ce grand projet a été validé par l’électorat.
Les instances de l’Alliance sont conscientes du chemin qu’il reste encore à parcourir, mais elles mettront tout en œuvre pour construire aux côtés des Réunionnaises et des Réunionnais des projets d’avenir pérennes pour notre pays au sein d’un Outre-mer fort d’une nouvelle identité. Denise Delorme (PSR) ainsi que les représentants du Mouvement de la gauche écologiste réunionnaise (MGER) et du Mouvement républicain et citoyen (MRC) ont développé ces sujets. Nous y reviendrons dans notre édition de demain.

Estéfany


Encadré 1

40% de l’électorat réunionnais

"Ici comme à Paris, le constat est clair : l’Alliance est la première force politique à La Réunion", souligne Alain Armand. Avec un taux de 45% des voix aux élections régionales et cantonales, et 38% aux européennes, l’Alliance est soutenue par une moyenne de 40% de l’électorat réunionnais. Celui marque par son soutien son désir d’une autre politique, celle du rassemblement : "Kan lé divizé, i pèrd, kan lé ansanm i gagn" constate simplement le président du MRA. Loin d’afficher une telle progression, il s’agissait pour les autres forces politiques aux représentatives nationales de "résister à une dynamique de recul, déjà nettement amorcée par l’UMP". "Même si Margie Sudre garde son poste, son bulletin de santé n’est pas au beau fixe", précise Alain Armand.
Les soutiens à la politique de Raffarin sont en perte de vitesse. Et si le PS retrouve ses 25% de voix, c’est un retour heureux à sa représentativité du temps de Lionel Jospin plus qu’une victoire éclatante. Fini ainsi le rapport de force gauche-droite à 50/50, la donne réunionnaise de 2004 affiche plutôt 65 à gauche et 35 à droite. Dans cette recomposition politique, l’Alliance pèse 40% de l’électorat contre 25% pour le PS, elle est en tête dans 18 communes sur 24. Et même si elle n’a pas atteint son objectif de deux sièges aux européennes, Alain Armand affirme que "l’Alliance a toujours du sens", qu’elle a tenu ses engagements à La Réunion et qu’il faut prendre en compte toute la mesure de ce nouveau schéma politique.


10 jours pour constituer l’Alliance Outre-mer

Un pari réussi

Au regard des résultats de ces élections européennes sur l’ensemble de la circonscription Outre-mer, Élie Hoarau, secrétaire général du PCR, estime qu’"il faut prendre de la distance par rapport aux débats locaux qui perdurent". Initialement, sur proposition de François Hollande à Paul Vergès, la liste de l’Outre-mer devait être conduite par Axel Urgin, Guadeloupéen et responsable de l’Outre-mer au sein de la direction du PS, avec en deuxième position Michèle Marimoutou de l’Alliance. "Une telle liste aurait assurément obtenu la majorité sur l’ensemble de la circonscription, avec deux élus, un Antillais et une Réunionnaise", affirme Élie Hoarau.
Mais un tel projet n’a pas abouti, car finalement refusé par la direction socialiste, qui a manqué au respect de la parole donnée. Ce n’est qu’aux alentours du 13 mai que la décision s’est fait connaître et que l’Alliance a dû prendre de nouvelles dispositions dans les plus brefs délais, en s’appuyant sur les propositions de ses différents membres.
C’est Camille Sudre qui a proposé le 23 mai, la candidature de Paul Vergès à la tête de la liste de l’Alliance Outre-mer. "Il nous aura fallu courir aux quatre coins du monde pour bâtir en 10 jours une liste et un comité de soutien", rappelle Elie Hoarau.
Ces mesures d’urgence ont exigé que les forces se répartissent sur le terrain : en Martinique, à Mayotte, en Guadeloupe, en Polynésie, et ce, l’Alliance le reconnaît, au détriment d’une campagne locale à la mesure de l’enjeu. "C’était un pari. Il fallait s’investir aussi dans les autres territoires", souligne le secrétaire général du PCR.
Considérant ce nouveau challenge à la mesure du temps imparti, l’Alliance parle de "résultats remarquables", reconnus comme tels par les commentateurs extérieurs, qui reconnaissent à l’unanimité la grande victoire de l’Alliance. "Pour une formation vieille de six mois, nous estimons avoir remporté un grand succès", confirme Elie Hoarau qui affiche une sérénité réaliste, à l’opposée de la claque que l’Alliance est censée avoir reçu selon certains aigris.
Avec 10 points de plus que le PS, l’Alliance aurait pu faire mieux en concentrant tous ses efforts localement. Mais en plus de se consolider sur le sol réunionnais, offrant ainsi de réelles perspectives de progrès, elle s’implante dans la circonscription de l’Outre-mer. Ce qui amène Elie Hoarau à qualifier cette réussite de promesse pour l’avenir.


Priorité socialiste Réunion :
"Les européennes confirment nos espérances"

Lundi soir, Denise Delorme, secrétaire générale de P.S.R., a fait parvenir la réaction de son organisation aux élections européennes de dimanche dernier. On lira ce texte ci-après.

"Tout d’abord, nous remercions la population réunionnaise pour le devoir de citoyen accompli. Nous sommes toujours exemplaires, même si le taux de participation est faible pour l’ensemble de la circonscription de l’Outre mer.
Il est dommage que les électeurs antillais n’aient pas pleinement saisi le message que voulait faire passer l’Alliance, avec la possibilité d’élire deux députés et un des leurs.
Avec près de 29% des suffrages, et une campagne très courte, les électeurs de l’Outre-mer placent l’Alliance en tête.
Aux régionales, l’Alliance a stoppé le rouleau compresseur de nos droits sociaux : Raffarin.
Aux européennes, l’Alliance - ce pari de l’intelligence et de la dignité - s’étend au-delà de nos frontières et confirme le rejet de la politique gouvernementale.
Les régionales avaient laissé entrevoir des perspectives de victoires fortes pour les échéances à venir, les européennes confirment nos espérances et les étendent à tout l’Outre-mer.
Les appareils parisiens devront tenir compte de l’Alliance, une Alliance confortée et organisée lors de ces élections.
Pour la gauche, nous, nous en réjouissons. Puisse nos députés européens élus travailler en cohérence pour l’ensemble de l’Outre-mer français".


L’U.D.S.R. : "Une phase nouvelle dans nos rapports avec Paris"

Interrogé hier par “Témoignages”, Wilfrid Bertile a fait connaître l’analyse de l’Union des démocrates et des socialistes de La Réunion (U.D.S.R.) sur les scrutin des européennes.

"Je soulignerai d’abord la victoire de l’Alliance, à La Réunion, où elle est la première force politique, et en Outre-Mer.
Ce résultat a été acquis en un temps très court : quelques mois ici pour les Régionales et Cantonales, quelques jours pour les Européennes.
Ensuite, l’organisation politique et les rapports politiques entre l’Outre-Mer et Paris sont entrés dans une phase nouvelle. Tant au PS qu’à l’UMP.
En raison de la politique du gouvernement mais aussi parce qu’on ne peut pas régler les problèmes de l’Outre-Mer depuis Paris, une vision locale s’impose. Le sursaut de dignité que les forces politiques d’Outre-Mer ont trouvé dans l’Alliance montre qu’existe une volonté de régler les problèmes de chacun à partir de nos territoires.
Enfin, je me réjouis de l’élection de Paul Vergès, dont l’expérience saura défendre au mieux les dossiers de l’Outre-Mer à Strasbourg et à Bruxelles.
Le résultat de cette élection, même spécifique, montre que le mouvement de l’Alliance est désormais ancré dans la vie politique réunionnaise".


Saïd M’Chindra, colistier de l’Alliance :
"Un résultat inespéré"

"Ma première réaction est pour dire qu’à Mayotte, l’Alliance - qui regroupe notamment des gens du MPM, des Verts, le Parti communiste rénové, le MDC - arrive en deuxième position (3.071 voix, soit 21,58%), chose que nous n’attendions pas. C’est un premier sujet de fierté. Nous n’en attendions pas tant parce qu’aux dernière législatives, mon parti, le MPM était à 11%.
Cette fois-ci, le MPM était avec le mouvement des Verts-Mayotte et diverses tendances d’autres partis. Je connais des gens de l’UMP qui ont voté pour moi. J’ai reçu de nombreux soutiens à titre personnel.
Nous avons fait l’Alliance, avec M. Vergès, parce que les idées qu’il défend sont proches des nôtres, surtout sur le plan social. Il y a beaucoup à faire ici, pour améliorer les salaires, les revenus des personnes âgées, les conditions faites à l‘enfance, la défense de l’environnement, etc... C’est sur ces convergences que le MPM a accepté d’être dans l’Alliance. Nous y avons retrouvé les Verts de Mayotte (M.G.E.M de Ahamada Salime).
À Mayotte, les gens disent encore beaucoup qu’ils ne se sentent pas concernés par l’Europe. C’est vrai que nous ne sommes pas encore RUP. Cela viendra avec la consultation de 2010 sur le statut. Mais même sans l’être, nous recevons des aides de l’Europe, pas très importantes mais tout de même... Pour l’eau notamment. J’ai soutenu dans la campagne que la population a besoin de l’Europe. Ici, nous continuons le combat et nous espérons le faire en relation étroite avec l’Alliance-Réunion".


Jean-Hugues Ratenon : Un vote sanction de la politique Raffarin

Dimanche dernier, l’électorat ultra-marin s’est largement prononcé en faveur de la liste conduite au nom de l’Alliance par le président de la Région Réunion, Paul Vergès. “Témoignages” a recueilli auprès de Jean-Hugues Ratenon, président du Mouvement des chômeurs panonnais, son analyse des résultats.

Avec 109.421 voix pour toute la circonscription de l’Outre-mer, soit 28,82% des suffrages exprimés, la victoire est flagrante pour l’Alliance. Convaincu que "ces résultats traduisent notamment une réaction populaire contre la politique antisociale de Raffarin", Jean-Hugues Ratenon dresse un bilan très clair de cette dernière échéance électorale.
Il souligne l’efficacité du vote sanction de l’électorat ultra-marin, comme dans l’hexagone. Les électeurs français se sont, d’une manière générale, positionnés contre la politique antisociale du gouvernement Raffarin.
Pour le porte-parole du MCP, c’est l’expression d’un malaise social, malaise que le gouvernement doit maintenant prendre en considération. "La population a montré qu’elle en a assez avec la politique du gouvernement Raffarin. Même si les représentants locaux de l’UMP n’ont pas encore compris le message de la population", déclare-t-il, mettant en exergue l’importance d’une réaction immédiate de cette classe politique.
Les “commandés locaux de l’UMP” devraient agir, notamment en stoppant la casse sociale orchestrée par les décideurs parisiens. Les Réunionnais ont voulu le faire entendre par un vote sanction.
Pour le porte-parole de l’association panonnaise, "il incombe maintenant aux députés européens de s’engager dans la défense des dossiers de l’Outre-mer". Bien qu’il reconnaisse l’importance de la défense du sucre et de la banane de l’Outre-mer, il rappelle que les nouveaux députés doivent "travailler à la lutte contre l’exclusion, à travers la création d’activités, et donc par extension d’emplois. C’est le prix de la dignité".

Bbj


Yvon Virapin : Des chiffres mémorables à Saint-André

La victoire flagrante de l’Alliance est encore plus prononcée lorsqu’elle retentit dans une commune comme Saint-André. Yvon Virapin, conseiller général de Saint-André, a confié ses commentaires à “Témoignages”.

S’il est une commune où le vote pour la dignité a été cinglant et efficace de manière extraordinaire, c’est à Saint-André. Les élections cantonales, régionales, et européennes dans cette commune de l’Est ont toutes été en faveur de l’Alliance.
Pour Yvon Virapin, conseiller général du deuxième canton de Saint-André et conseiller régional, "l’Alliance s’est imposée largement dans un des principaux fiefs de la droite". Avec 3.404 voix, soit 37,28%, la liste conduite par le président de la Région Réunion a été amplement soutenue par la population saint-andréenne. Et, il est de juste convenance d’y porter attention. Les ténors de la droite locale auraient-ils du mal à expliquer les orientations politiques de l’UMP, où ils sont encartés ?
Bref ! Derrière lui, suivent (de loin) les têtes de liste de l’UMP... et du PS. Margie Sudre n’a récolté que 26,22% des votes. Jean-Claude Fruteau n’obtient quant à lui que 2.124 voix, soit 23,26%.
Il importe cependant de noter - et Yvon Virapin insiste sur ce fait - que "la gauche s’impose sur Saint-André de manière magistrale. En additionnant les voix obtenues par l’Alliance et le Parti socialiste, et cela sur les deux cantons de la commune, la gauche totalise plus de 60% des voix exprimés. Ce qui montre manifestement l’effondrement de la droite. En témoigne le score de l’UDF, ancien parti de Jean-Paul Virapoullé, qui ne bénéficie que 474 voix, c’est-à-dire “rien”".
Mais, plus que tout, "les résultats de cette élection européenne ouvrent des perspectives pour les prochaines échéances électorales", souligne Yvon Virapin. "Après les successives victoires de l’Alliance aux cantonales, régionales, et aujourd’hui aux européennes, il s’agira de reconquérir la mairie de Saint-André", rappelle-t-il.
En 2007, les Réunionnais auront de nouveau rendez-vous avec les urnes. Les chiffres des dernières échéances européennes laissent entrevoir de belles possibilités. Du moins, pouvons-nous dire que la mairie sera enfin entre de bonnes mains.

Bbj


Anne-Marie Payet : " Les résultats de l’UDF sont très positifs"

Dans un communiqué adressé à la presse Mme Anne-Marie Payet, sénatrice de La Réunion, pense que "les résultats de l’UDF, satisfaisants pour l’ensemble de l’Outre-Mer, ne sont pas négligeables à La Réunion car les moyens étaient modestes et le nombre d’élus UDF qui se sont mobilisés peu important".
Elle remercie tous les Réunionnais qui ont voté pour la liste de M. Maran ainsi que "certains élus de droite qui ont apporté une aide précieuse". Elle ajoute qu’en Métropole, "les résultats de l’UDF sont très positifs car le parti réussi à s’imposer comme la troisième formation politique et même à devancer l’UMP dans quatre départements métropolitains".
Elle félicite, par ailleurs, les trois élus réunionnais qui vont siéger à Strasbourg et leur "souhaite bon courage pour défendre les dossiers de l’Outre-mer". Elle "félicite également la nouvelle sénatrice, Gélita Hoarau, et lui souhaite la bienvenue au Sénat".
Enfin, Mme Payet souligne que le taux d’abstention, même s’il est plus faible à La Réunion que dans le reste de l’Outre-mer, reste très élevé et qu’il "se révèle indispensable d’informer non seulement les électeurs mais aussi les élèves, dès l’école primaire, sur l’importance du rôle de l’Europe dans la vie quotidienne des Réunionnais".


Isabelle Urban : "Prise de conscience"

Au nom des Verts-Réunion, Isabelle Urban a publié hier le communiqué suivant : "Je tiens à remercier tous les électeurs qui ont accordé leur confiance à la liste verte conduite par Harry Durimel, contribuant au succès de cette liste qui a remporté 8,63% des suffrages dans la région Outre-Mer.
Un score supérieur à la moyenne nationale obtenue par les listes vertes françaises et qui témoigne de la prise de conscience que l’environnement est un élément déterminant de notre avenir à tous.
À La Réunion, je continuerai d’être présente et travaillerai, avec nos élues, les camarades verts et tous ceux qui voudront nous rejoindre, à ce que l’environnement et ses conséquences sur notre existence soient mieux pris en compte à tous les niveaux de décision".


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