Catastrophes en chaîne

Le Japon en proie aux doutes et à la résignation.

29 mars 2011, par Céline Tabou

Le 11 mars, le Japon a subi un séisme d’une magnitude de 8,9 sur l’échelle de Richter, entraînant un tsunami d’une force inconsidérable qui a causé de nombreux dommages notamment dans la centrale nucléaire de Fukushima. Le dernier bilan datant du 19 mars, établi par l’agence de la police nationale japonaise, fait état de 7.348 morts et 10.947 disparus.

La situation s’aggrave avec la dégradation des réacteurs, qui ont entraîné un écoulement d’eau contaminée vers la mer, ralentissant la progression des travaux. Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, la situation pourrait durer plusieurs semaines, d’où l’état de résignation des Japonais. Face à cette situation alarmiste, l’opérateur Tepco a demandé l’appui de groupes industriels publics français : EDF, Areva et le Commissariat à l’énergie atomique

Les autorités au coeur de la catastrophe

Vingt-sept jours plus tard, les Japonais sont en proie aux doutes, en raison des nombreuses campagnes de désinformation de la compagnie Tepco et du ministère de de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (METI), qui a, selon "Le Monde", la haute main sur la politique nucléaire. Face à cette situation, de nombreux Japonais ont élevé la voix contre les dangers qu’ils encourent à cause d’une défaillance humaine et non naturelle. En effet, un ancien ingénieur de Toshiba, a témoigné anonymement au Wall Street Journal, « Ce n’est pas à une catastrophe naturelle que le Japon est confronté, mais à une catastrophe provoquée par l’homme ».

Soutenu par l’ouvrage rédigé en 2010 par Hidekatsu Yoshi, député communiste et ancien ingénieur nucléaire. Ce dernier a mis en évidence à l’aide des documents de la NISA, que la centrale de Fukushima est celle qui a connu le plus grand nombre d’incidents, dont une quinzaine d’accidents entre 2005 et 2009, dans tout le pays. De plus, la maintenance des centrales emploie des sous-traitants souvent inexpérimentés.

La résignation des Japonais

Les autorités semblaient hier lundi 28 mars se résigner à un long combat pour contenir l’importante radioactivité. Pour cela, les techniciens s’emploient à reprendre le contrôle des six réacteurs de la centrale de Fukushima. Cependant, hormis les nombreuses répliques que connaît le pays depuis le 11 mars. Un nouveau séisme de magnitude de 6,5 a été enregistré lundi 28 mars dans la région, obligeant les autorités à déclencher une alerte au tsunami, qui a été levée quelques heures plus tard.

Le danger d’une nouvelle catastrophe reste encore dans les têtes. Des fuites, beaucoup plus radioactives ont été révélés ces derniers jours. Les dernières mesures, effectuées dimanche 27 mars, montraient qu’elle était 100.000 fois supérieure à la normale dans l’eau accumulée au réacteur n°2 et au niveau d’iode 131, 1.850 fois supérieur à la normale.

« Je pense que peut-être, la situation est nettement plus grave que nous ne le pensions », a déclaré un expert, Najmedin Meshkati, de l’Université de Californie Sud, par "Le Point". Il faudra sans doute, selon lui, des semaines pour stabiliser la situation, et « cela va bien au-delà de ce qu’un pays peut gérer - cela doit être évoqué par le Conseil de sécurité de l’ONU. À mon humble avis, c’est plus important que la zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye ».

Céline Tabou


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