Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD)

Le Japon réinvestit en Afrique

3 juin 2013, par Céline Tabou

Troisième puissance économique mondiale, le Japon a décidé de verser une aide publique de plus de 24 milliards d’euros sur cinq ans aux gouvernements africains et aux acteurs privés sur le continent.

Cette annonce intervient lors de la cérémonie d’ouverture de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), qui se déroule du 1er au 3 juin 2013 à Yokohama. Mise en place en 1993, cette conférence a pour objectif de « promouvoir un dialogue politique de haut niveau entre les dirigeants africains et leurs partenaires dans le domaine du développement ».

Une aide publique solide

Organisée tous les cinq ans, la TICAD a par le passé mis en place une série de partenariats basés sur le développement de l’Afrique et la réduction de la pauvreté grâce à une croissance économique accélérée, à un développement durable et au moyen de l’intégration efficace des économies africaines dans l’économie mondiale. Ce partenariat passe par plusieurs domaines tels que la croissance économique, la sécurité « humaine », la paix, les questions d’environnement et de changement climatique.

Depuis les années 1980, la politique africaine du Japon tourne autour de l’Aide publique au développement (APD), mais après de nombreuses difficultés économiques et financières de la péninsule, le pays décide de réduire le montant du budget de l’APD destiné au continent africain.

Placée sous le signe du commerce et de l’investissement, cette cinquième conférence de 2013 a pour objectif de rattraper le retard du Japon sur ses concurrents, et tout particulièrement la Chine.

« Au début, la TICAD était uniquement focalisée sur le développement. Cette fois, le thème central sera plutôt l’investissement et le commerce extérieur, car c’est ce qui fait défaut au Japon sur le continent noir. Les problèmes de sécurité et de développement restent néanmoins toujours à l’ordre du jour », a expliqué Kataoka Sadaharu, président de l’Institut de stratégie internationale à l’Université Waseda (Tokyo) et spécialiste de la politique du Japon en Afrique, “au Monde diplomatique”.

Pour le chercheur Howard Lehman, « au lieu d’arriver dans les pays africains avec de l’argent et des projets déjà définis, le Japon a attendu des gouvernements qu’ils “s’approprient” leurs besoins, qu’ils déterminent des projets ciblés, et qu’ils sollicitent ensuite les agences japonaises d’aide au développement ».

24,2 milliards d’aide publique d’ici 2018

« Dans les cinq ans à venir, le Japon soutiendra la croissance africaine via des aides publiques et privées de 3.200 milliards de yens (24,2 milliards d’euros), dont une aide publique au développement de 1.400 milliards de yens (10,6 milliards d’euros) », a déclaré le Premier ministre japonais, Shinzo Abe. D’après ce dernier, « le Japon fournira 650 milliards de yens (environ 5 milliards d’euros) en cinq ans pour le développement des infrastructures » sur les 24,2 milliards, afin de favoriser des « couloirs internationaux » de transports au sein du continent et d’améliorer des réseaux électriques.

Le Premier ministre japonais a annoncé ce plan d’assistance du Japon devant une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement africains venus discuter sur les échanges économiques bilatéraux. Globalement, le commerce et les investissements privés représentent seulement 2% du total du Japon. Le Premier ministre Shinzo Abe a clairement affirmé sa volonté de rattraper la Chine, dont le volume d’échanges avec l’Afrique a atteint les 200 milliards en 2012.

D’après les dirigeants africains cités par Radio France Internationale, ces derniers souhaitent « une plus grande présence du Japon sur le continent capable de contrebalancer celle, écrasante, de la Chine ». Pour les entreprises japonaises, l’Afrique est avant tout un marché d’avenir, sur lequel ils souhaitent commercer avec les Africains. Pour les entreprises japonaises, l’Afrique est avant tout un marché d’avenir, sur lequel ils souhaitent commercer avec les Africains.

Céline Tabou


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