Les interventions au meeting du 8 avril à Saint-Denis

Le M.G.E.R. : ’448 raisons, plus une, de voter ’non’’

11 avril 2005

Samedi dernier, ’Témoignages’ a publié un compte-rendu succinct des interventions des 16 orateurs qui ont pris la parole la veille au meeting tenu la veille à Saint-Denis par le Collectif réunionnais pour le ’non’ au référendum du 29 mai. Dans les jours à venir, nous allons publier l’intégralité ou de larges extraits des textes des interventions que nous ont remis les représentants des différentes organisations membres du collectif. Voici celle prononcée par Guy Ratane-Dufour, secrétaire général du Mouvement de la gauche écologiste réunionnaise (MGER), avec des inter-titres de ’Témoignages’.

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"Notre planète va mal. Les dérèglements écologiques, les effets de serre, les changements climatiques, la diminution de la biodiversité, les dérèglements sociaux, la misère généralisée de régions entières, les famines et l’aggravation des inégalités, voilà le sinistre constat posé.
L’Europe humaniste doit porter de véritables valeurs et non se fourvoyer dans un traité marchand.
Une Constitution est toujours issue de la réflexion d’une assemblée constituante légitimement élue. Pour cela, nous avons besoin d’une Constitution européenne qui affirme comme objectif de l’Union, le fait de construire un espace de solidarité et de développement soutenable en lien avec l’ensemble des peuples de la planète.

La main-mise du capitalisme mondial sur l’Europe

Lorsque l’on me pose la question : "pourquoi appelez-vous à voter non ?" , je réponds immédiatement qu’il y a 448 raisons, plus une : la main-mise du capitalisme mondial sur une entité historiquement humaniste.
Non seulement les règles démocratiques n’ont pas été respectées mais encore certaines d’entre elles, qui ont forgé l’Histoire de la France depuis la révolution, disparaissent. C’est sans doute sa fausse noblesse qui a poussé Valéry Giscard d’Estaing à gommer les acquis de la République, alors que nous aurions dû amener les valeurs de notre République au pot commun de l’Europe. Ce projet de traité voudrait rayer d’un trait de plume 200 ans de notre Histoire.
Le plus grave pour les défenseurs des idéaux de l’écologie politique, c’est que toutes les mesures préconisées dans le cadre de la libéralisation des marchés et du service public ont un caractère obligatoire, alors que les textes sur l’écologie sont optionnels et relégués dans la charte des droits fondamentaux.

Le pire texte pour les écologistes

Pour changer, il faut oser s’opposer aux lobbies industriels puissants dont les principaux objectifs sont de produire, produire sans entrave ni environnemental ni sanitaire ni social.
Quant à l’expression "développement durable", elle est vidée de son sens lorsque l’on parle de "concurrence libre et non faussée".
Ce texte est le pire que nous écologistes, nous ayons dû entendre, il est en deçà des intentions louables sur l’environnement prononcées par les grands de la planète à Rio.
Comment appliquer les critères du protocole de Kyoto dans un libre marché européen, à la concurrence libre non faussée et pour tout dire débridée ?

Un torchon ultra-libéral

Nous nous devons de construire un système économique plus respectueux de l’environnement, plus soucieux de l’épuisement des matières premières, plus solidaire envers tous les peuples.
Et c’est bien pour cela que le Mouvement de la Gauche Ecologiste Réunionnaise rejette en bloc ce torchon ultra-libéral. Il nous suffit de lire ce texte que l’on peut assimiler à un mille feuilles indigeste, pour se rendre compte à quel point il est dangereux pour nous. Au nom de principes ultra libéraux il foule du pied tous les engagements d’une humanité écologiquement viable.

Un traité de maître des forges

En 448 articles, il n’est pas fait une seule fois référence aux sanctions qui devraient être appliquées aux pollueurs ; en 448 articles, il n’est question que d’obligations vis-à-vis du marché et d’aucunes obligations des États membres en ce qui concerne les droits sociaux et l’écologie.
Ce traité est un traité de maître des forges, c’est l’image d’un baron Seillière signant un accord avec le lobby boursier.
Les citoyens européens rêvent d’une Europe construite de manière plus démocratique, plus solidaire qui lutte contre toutes les discriminations, qui s’investit dans la santé, dans la protection de l’environnement, dans la jeunesse. Ce texte ne représente rien de tout cela. C’est pourquoi le MGER se bat car de toute évidence une autre Constitution est possible.


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