Un enjeu du référendum de dimanche

Le message de résistance du peuple vénézuélien à la mondialisation libérale

12 août 2004

Environ 900.000 personnes étaient dans les rues dimanche pour soutenir le président du Venezuela. Depuis 1999, le pays est dirigé par un front progressiste à la tête duquel se trouve le président Hugo Chavez. Ce dernier a entrepris de profonds changements afin que les richesses pétrolières du pays soient utilisées pour atténuer les inégalités. Jusqu’à présent, depuis leur arrivée au pouvoir, les progressistes vénézuéliens ont toujours eu la confiance du peuple à chaque scrutin. Un dossier réalisé à partir de documents publiés sur le site “Risal” et dans le quotidien “Le Courrier”.

Des centaines de milliers de sympathisants du président vénézuélien ont défilé dimanche dans la capitale Caracas à 7 jours du scrutin demandé par l’opposition pour révoquer le président Chavez. Institué par la Constitution bolivarienne de 1999, le référendum révocatoire permet de destituer toute personne élue dès son mi-mandat. Pour convoquer un tel vote, il faut récolter un nombre de signatures équivalent à au moins 20% des électeurs de la circonscription concernée. Ce que l’opposition est parvenue à réaliser en novembre et en mai dernier avec plus de 2,6 millions de signatures.
Depuis son arrivée à la présidence, Hugo Chavez a entrepris une série de réformes sociales qui favorisent les plus pauvres. L’État a récupéré la souveraineté sur le pétrole vénézuélien, principale richesse du pays, via la société géante PDVSA. L’État a instauré également une augmentation des salaires, des réformes et des plans concrets pour l’éducation, la santé, le logement, le droit des femmes, l’enfance, les indigènes et l’eau potable.
Or, les gens les plus fortunés au pays ne profitent pas, du moins directement, de ces programmes sociaux, car une grande partie de ceux-ci envoient leurs enfants à l’école privée, fréquentent des cliniques médicales privées et assurent leur retraite en investissant dans des fonds privés. On doit également considérer le fait que la dévaluation du bolivar fait davantage mal aux classes les plus fortunées, lesquelles par exemple consomment des articles de luxe importés et voyagent à Miami. "En fait, l’administration Chavez constituerait un réel danger pour les privilèges de l’élite traditionnelle qui assiste au détournement de la rente pétrolière vers des programmes sociaux destinés aux classes historiquement exclues de l’arène politique", note l’Observatoire des Amériques.
Les anciens dominants, soutenus par les dirigeants américains, ne digèrent toujours pas les revers électoraux. En avril 2002, ils ont tenté un coup d’État qui a échoué grâce à une large mobilisation populaire pour sauver la démocratie. Des grèves patronales ont éclaté. Toutes ces actions visant à reprendre par la forces les acquis que le peuple a arraché dans les urnes sont soutenus par des médias très puissants entièrement dévoués à la propagande libérale.
Malgré cela, les habitants pauvres des quartiers ont pris conscience de leur force. Ils savent se mobiliser pour défendre leurs acquis.
Dans un contexte où le baril de pétrole approche des 50 dollars, la situation au Venezuela est suivie avec attention. Ce pays fait partie de l’organisation des pays exportateurs de pétrole. Il exporte cette richesse vers l’Occident, notamment les États-Unis.


Le chef de l’opposition libérale ne mâche pas ses mots

Chavez doit "mourir comme un chien car il le mérite"

Leader de l’opposition libérale, Carlos Andrés Pérez, qui fut président du Venezuela à deux reprises et destitué pour corruption, a fait une série de déclarations appelant à la violence et invitant l’opposition à instaurer une période de dictature si le président Chavez est chassé du pouvoir.
"Je travaille à chasser Chavez du pouvoir. La violence va nous le permettre. C’est le seul chemin que nous avons", a dit Carlos Andrés Pérez lors d’une interview publiée le 25 juillet 2004 dernier dans le journal vénézuélien “El Nacional”, un des plus importants quotidiens du Venezuela.
Carlos Andrés Pérez a notamment déclaré que Chavez "devait mourir comme un chien, car il le mérite".
Au cours de l’interview, Carlos Andrés Pérez a fait allusion à une période dictatoriale qui serait instaurée si Chavez était chassé du pouvoir. "Nous ne pouvons pas nous débarrasser de Chavez et vivre tout de suite en démocratie (... ) Nous avons besoin d’une période de transition de deux ou trois ans, pour fonder un État dans lequel l’état de droit va prévaloir (...) Une junte doit gouverner durant cette transition et créer les bases démocratiques pour le futur", a déclaré Carlos Andrés Pérez.
"Quand Chavez tombera, nous devrons abolir aussi l’Assemblée nationale et la Cour suprême. Toutes les institutions "chavistes" doivent disparaître", a ajouté le leader de l’opposition.
Le 23 juillet dernier le vice-président de Venezuela, José Vicente Rangel, a demandé aux dirigeants de l’opposition de signer un accord par lequel les deux parties s’engageraient à respecter les résultats du référendum et à ne pas avoir recours à la violence. Hugo Chavez a déclaré à plusieurs reprises qu’ils se soumettrait au résultat du référendum, mais jusqu’à présent les leaders de l’opposition n’ont pas fait une telle promesse.
Diego Cordovez, le conseiller spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Amérique latine, a lancé pour sa part un appel à l’opposition pour qu’elle déclare publiquement qu’elle respectera le résultat du référendum. Par ailleurs, l’un des chefs de l’opposition, Enrique Mendoza, a annoncé que les résultats du scrutin seront divulgués dimanche à 14 heures, quatre heures avant la clôture des bureaux de vote, pour éviter des “manœuvres présumées” des partisans d’Hugo Chavez.
Cela situe l’état d’esprit avec laquelle se présente l’opposition tendance “mondialisation libérale” devant les électeurs pour le référendum de dimanche prochain. Les libéraux sont donnés battus par les sondages, et pour le moment, rien ne dit qu’ils respecteront le verdict des urnes si le peuple confirme sa confiance au président Chavez. Depuis l’élection de ce dernier en 2001, les alliés de George Bush, malgré tous les moyens de propagande à leur disposition et les pressions sur les électeurs, ont toujours été battus dans les urnes. On se rappelle également que le coup d’État fomenté en 2002 par le chef de la fédération des patrons vénézuéliens, aussitôt reconnu comme président par les gouvernement de George Bush et de José Maria Aznar, a échoué grâce à la réaction du peuple.
Le président Chavez a réagi aux commentaires de Carlos Andrés Pérez en lançant un appel au reste de l’opposition pour qu’elle prenne ses distances avec l’ex-président. "Nous avons besoin d’une opposition qui soit loyale à l’égard du pays, de manière à pouvoir travailler ensemble à la construction d’une nation, malgré nos différences", a déclaré Hugo Chavez qui a exprimé l’espoir qu’une "opposition plus rationnelle" n’accepterait pas "ce nouvel appel à la violence provenant des secteurs les plus radicaux de l’oligarchie vénézuélienne".


300 millions de dollars pour soutenir la campagne anti-Chavez

Washington prend position pour les libéraux

Le gouvernement des États-Unis s’inquiète d’une éventuelle victoire d’Hugo Chavez dimanche, Washington étant très critique à l’égard du président vénézuélien sur sa politique intérieure et étrangère car il refuse de livrer son pays aux intérêts de la mondialisation libérale.
Washington regrette le “bon vieux temps”, l’époque où une “élite” corrompue avait les mains libres pour piller les richesses du pays : "Les États-Unis et le Venezuela avaient traditionnellement une relation étroite, fondée sur les valeurs communes, en particulier le respect de la démocratie. C’est dommage que le gouvernement du Venezuela, avec ses déclarations et ses attitudes, ait détruit cette relation", a dit à l’AFP un haut fonctionnaire américain sous couvert d’anonymat.
Selon des documents présentés le mois dernier par l’avocate new-yorkaise Eva Golinger à la télévision publique vénézuélienne, une organisation nord-américaine parapublique aurait versé près de 300 millions de dollars à une ONG vénézuélienne chargée de rassembler un large front d’opposition au gouvernement progressiste. Le plan “Consensus pour la paix”, présenté le 9 juillet par les anti-Chavez, en serait le fruit, patiemment arrosé depuis Washington. À l’origine des fonds, la célèbre National Endowment for Democracy (NED), une organisation “à but non lucratif” financée par le contribuable des États-Unis et déjà accusée, par le passé, d’avoir encouragé le coup d’État d’avril et la “grève générale” de décembre 2002. Théoriquement, la NED, fondée par Ronald Reagan au début des années 1980, ne peut intervenir dans une campagne politique. Un détail aisément contourné par cette association habituée aux circuits occultes.
"L’administration (Bush) s’est elle-même mise sur une voie sans issue
(...) en ayant une politique très dure" à l’égard de M. Chavez, estime de son côté Joseph Tulchin, directeur pour l’Amérique latine au Centre Woodrow Wilson. Selon lui, "la décision la plus importante" que doit prendre "cette administration (Bush), c’est de sortir de l’impasse et entreprendre tout ce qui est nécessaire pour renforcer la démocratie au Venezuela".


Sources : RISAL et Le Courrier


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