Débat entre écologistes de La Réunion sur le projet de Traité constitutionnel - 1 -

Le MGER : les Verts font erreur en votant “oui”

23 avril 2005

Suite à une conférence de presse des Verts au sujet du référendum du 29 mai, ces derniers nous ont fait parvenir leur argumentaire en faveur du “oui”. Nous avons proposé au Mouvement de la Gauche écologiste réunionnaise (MGER) de faire connaître son point de vue à ce sujet. Guy Ratane-Dufour, secrétaire général du MGER, nous a donc adressé à la fois la synthèse des arguments des Verts et les réponses de son mouvement. Nous publions aujourd’hui le premier volet de ce débat.

(Page 4)

o Les Verts : Comme souvent lors d’un référendum, le contexte politique et social l’emporte sur l’examen du texte. Nous ne nous trompons pas sur l’enjeu du scrutin, il ne s’agit ni d’exprimer le rejet d’un gouvernement autiste, ni d’évoquer avec démagogie l’entrée de la Turquie, il ne s’agit pas non plus de choisir l’orientation de la politique économique et sociale de l’Europe.
Le temps de la sanction et du choix viendra : en 2007 en France et en 2009 pour une nouvelle majorité en Europe.

Guy Ratane-Dufour : Que dire d’une telle inconscience ? Depuis environ une décennie, les gouvernements successifs ont préparé le lit de ce texte. Déjà le gouvernement de Lionel Jospin avait accepté les différents traités amenant la dislocation des services publics.
Les Verts pensent qu’il n’est pas opportun d’envoyer un message au gouvernement, mais tout est pourtant lié. La politique menée par Jean-Pierre Raffarin est la résultante d’un obligation faite au gouvernement français de se mettre en accord avec une future politique de marché définie par le présent traité.

o Les Verts : Le 29 mai, il nous faut faire entrer l’Europe dans une nouvelle ère : citoyenneté et solidarité européenne, responsabilité politique du Parlement seront au cœur des enjeux.

Guy Ratane-Dufour : - Le MGER s’est exprimé à diverses reprises sur cette nouvelle citoyenneté. La citoyenneté que l’on souhaite n’est pas celle prônée par les partisans du “oui”. De tout temps, les idéaux de l’écologie politique ont mis en avant une future constitution européenne et au-delà, une organisation planétaire qui serait basée sur l’échange et non sur le marchandage.
La responsabilité du Parlement, si elle semble renforcée dans ce traité n’est qu’un leurre, le dernier mot reviendra toujours à la commission qui elle, n’a de comptes à rendre à personne car non élue, elle n’a aucune légitimité.
Quant à la solidarité européenne, ce n’est que poudre aux yeux, nous pouvons nous en rendre compte bien plus ici, sur le territoire Réunionnais. S’il est vrai que notre région tire énormément de bienfaits de l’Europe, qu’en sera-t-il demain ?
Demain - et quand bien même les RUP seraient gravées dans le marbre -, elles perdraient leurs spécificités avec l’élargissement qui s’est produit et celui pléthorique qui s’annonce. Que pourront faire nos députés face à des peuples qui, à nombre de voix égal, pourront comme cela doit se faire, prendre des décisions sur l’avenir de notre production cannière, alors qu’eux-mêmes représentent près de la moitié de la production de sucre européen ?

(à suivre...)


Que sont mes amis devenus ?

Je suis Vert, n’en déplaise à certains, et si - pour des raisons qui me semblaient évidentes - je me suis mis en dehors de ce parti, c’est à cause de positions comme celle sur l’Europe.
J’ai vu les Verts lentement se fondre, se couler dans une social-démocratie sans saveur. Le parti Vert français a su seul s’élever au dessus des autres partis, mais un jour il a cru bon prendre comme tuteur son grand frère socialiste. J’ai vu l’ombre grandir et étouffer la jeune plante vigoureuse qui promettait de donner de beaux fruits.
Alors j’ai quitté mes amis, je ne pouvais suivre un parti (et le doute n’est plus permis) qui suivait la lente droitisation du Parti socialiste français, je ne pouvais me résoudre à être dans une énième composante d’une sorte d’UMPS.
J’ai vu les socialistes et la droite au Parlement européen se partager le pouvoir, je ne voulais pas être le Vert qui acquiesçait de la tête, sans jamais se ressaisir. Je vois l’UMP et le PS battre l’estrade pour nous imposer un traité alors qu’aucun Français n’est dupe de sa portée hautement libérale. Je me dis aujourd’hui : que sont mes amis devenus ? Pourquoi et au nom de quoi ont-ils cédé aux sirènes du libéralisme ? Où sont leurs convictions tranchées, humaines et justes qui les ont porté depuis les années quatre-vingts ? Qu’ont-ils fait de la pensée de René Dumont ?
Je sais que parmi eux, il en est 42% qui ne se sont pas laissés gruger et que tout espoir est encore permis. Je corresponds régulièrement avec bon nombre de Verts qui croient encore à une société écologiquement viable et pour la première fois, suivant en cela l’exemple du Parti socialiste, ils ont été frappés d’une Fatwa verte. C’est la première fois que ce parti prive de parole une partie de ses militants. La phrase publiée sur le site des Verts est laconique mais oh combien symbolique ! "Les Verts ont décidé dimanche, d’interdire l’expression publique des militants favorables au “non” au référendum".
Francine Bavay a annoncé néanmoins qu’elle participerait au meeting pour le “non”. "Je ne suis pas un pantin, je ne veux pas nous ridiculiser encore plus", a-t-elle indiqué. Elle a déclaré aussi qu’elle continuerait l’action qu’elle a commencée en faveur du “non”.

Guy Ratane-Dufour


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