XXVIe Forum économique international – Saint-Petersburg (SPIEF)

« Le monde passe de l’économie hégémonique à une économie diversifiée »

22 juin 2023, par Pascale David

16 juin 2023 – Allocution de la vice présidente exécutive vénézuélienne, Delcy Rodriguez Gomez.

Dans son discours lors du XXVI Forum économique international (SPIEF) 2023, la vice-présidente exécutive du Venezuela, Delcy Rodríguez Gómez, a souligné la construction d’un nouvel ordre économique international comme élément clé dans l’ordre du jour de la réunion – un nouvel ordre dans lequel le commerce et la chaîne d’approvisionnement seraient centrés à l’échelle d’une région et localisés pour faire face aux blocus économiques illégitimes.

La haute responsable vénézuélienne a présenté une analyse de l’économie mondiale et a appelé à la dédollarisation du commerce international de l’énergie, soulignant à ce propos qu’il y a des pays qui commencent déjà à vendre du pétrole et du gaz dans d’autres devises.

Une nouvelle étape, un nouveau tournant

La responsable vénézuélienne a souligné que la Chine et l’Inde ont acquis une reconnaissance dans le monde, compte tenu du rôle joué actuellement par les BRICS. Elle a souligné : « Il y a une rupture importante dans l’ordre économique international dont les puissances mondiales se sont dotées pour contrôler le reste des pays. Nous franchissons un pas historique transcendantal de l’économie hégémonique à l’économie diversifiée, entre des pôles différents, divergents, qui auront une nouvelle configuration. »

Elle a reconnu le rôle fondamental que joue la Chine dans la construction d’un nouvel ordre économique mondial – un pays dont elle a dit que, dans 35 ans, il aura le même PIB par habitant que les États-Unis. « On y voit une nouvelle reconfiguration où la région de l’Eurasie reprend sa position de leadership historique », a-t-elle précisé.

Elle a également analysé la façon dont le monde connaît des enchevêtrements complexes et de nouveaux défis : « Quand on voit ce qu’il est advenu de la situation hégémonique et de ce nouvel ordre international cédé par les grandes puissances du monde, cela ne fait que démontrer une rupture importante. »

Elle a présenté des projections : d’ici 2040, les États-Unis et certains pays européens connaîtraient une contraction importante [de leur économie]. Tout en notant que la demande énergétique viendrait de la Chine, de l’Inde, de l’Asie du Sud-Est, de l’Afrique du Sud, de l’Amérique latine et de l’Asie occidentale : « Avec une demande énergétique plus élevée, nous verrons alors une contraction dans les pôles du nord », a-t-elle déclaré.

Un monde au-delà du dollar

Mme Rodriguez a souligné le déclin du dollar dans les réserves et le commerce international, ainsi que l’émergence du yuan chinois. Selon elle, il n’est pas justifié qu’une monnaie dans laquelle s’effectue un cinquième des transactions commerciales soit la monnaie de référence, quand d’autres monnaies sont de plus en plus utilisées. En outre, elle a préconisé la création de nouveaux systèmes de paiement autres que Swift, qui régit jusqu’à présent la finance internationale, pour les pays qui utilisent des monnaies nationales ou des monnaies d’un autre type.

Elle a noté que « nous commençons à voir les pays arabes, les pays du Golfe vendre d’ores et déjà leur pétrole et leur gaz dans des monnaies autres que le dollar américain », et elle a fait référence à l’augmentation de l’activité commerciale entre les régions qui placent la géopolitique avant les marchés.

Elle a rappelé la proposition du Commandant Hugo Chávez concernant l’utilisation de paniers de devises dans le commerce du pétrole. Elle a souligné : « La masse d’argent circulant dans l’économie américaine s’élève à 21.000 milliards de dollars, mais si nous regardons la masse d’argent circulant sur le marché international du pétrole, nous obtenons un chiffre cinq fois plus important, c’est-à-dire 104.000 milliards de dollars. »

Elle a insisté sur l’appel lancé par le président Nicolás Maduro et le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva à « commercer dans nos monnaies. »

Le Venezuela vers les BRICS

Suivant les directives du président Maduro, la vice-présidente Rodríguez a annoncé que le Venezuela avait déjà déposé une demande d’adhésion aux BRICS. Ce bloc économique émergent représente 27 % du PIB mondial, 30 % du territoire mondial, 18 % du commerce international, 43 % de la population mondiale et a attiré 25 % des investissements étrangers. Elle a ajouté que l’économie des BRICS dépassait déjà celle des pays du G7. Elle a dit à ce sujet : « Le président Nicolás Maduro a déjà présenté une demande d’adhésion par l’intermédiaire du pays de notre région, qui est le Brésil, pour faire partie de ce bloc important qui dessine aujourd’hui une nouvelle économie, qui cherche aujourd’hui un nouveau mécanisme financier pour ses relations commerciales, qui cherche de nouvelles formes de transactions pour remplacer l’hégémonie du dollar. »

Elle a appelé à repenser le monde, les relations économiques, commerciales et financières internationales, et a souligné que c’était la raison de la présence du Venezuela à un forum aussi important que le SPIEF. Elle a conclu en appelant à un nouvel ordre économique « de justice, d’équilibre, d’inclusion et de compensation. »
Source : https://misionverdad.com/venezuela/el-mundo-transita-de-la-economia-hegemonica-una-diversificada

FOCUS
Le monde change de base

130 pays ont participé au XXVIe Forum Économique international organisé du 14 au 17 juin à St-Petersburg, la 2e ville et capitale culturelle de la Russie.

Le Forum s’est focalisé cette année sur le développement des relations commerciales et l’élargissement des contacts avec les partenaires commerciaux de la Communauté des Etats Indépendants (CEI), du monde arabe, de l’Inde, de la Chine, de l’Union Économique Eurasiatique (UEE – Biélorussie, Kazakhstan, Russie), de l’ASEAN* (Association des Nations d’Asie du Sud-Est) et de l’Amérique latine, qui permettent à la Russie de démontrer sa stabilité économique malgré la pression des énormes sanctions. Les participants au SPIEF 2023 se sont lancés dans la construction d’un nouvel espace de confiance basé sur les principes du partenariat commercial équitable.

Le Forum a clairement montré qu’un nouveau bloc a émergé de pays en quête de souveraineté, prêts à construire des ponts de compréhension et de coopération à travers le monde. La principale attente du SPIEF 2023 était de dessiner un vecteur d’objectifs internationaux, nationaux, économiques et sociaux pour l’avenir.

« Au cours des 26 années écoulées depuis sa création, le Forum économique international de Saint-Pétersbourg s’est imposé comme une institution à part entière pour le développement national. Les taux de participation et l’intérêt pour le Forum sont revenus aux niveaux d’avant la crise, ce qui montre que l’activité commerciale internationale se redresse. Au cours des quatre jours, plus de 17.000 participants de 130 pays ont pris part aux événements du SPIEF dans des formats hors ligne et en ligne », a déclaré Anton Kobyakov, conseiller du président de la Fédération de Russie et secrétaire exécutif du comité d’organisation du SPIEF.

Le statut honorifique de pays invité a été accordé cette année aux Émirats arabes unis, dont la délégation était dirigée par le président des Émirats arabes unis Mohammed bin Zayed Al Nahyan.

Parmi les visiteurs de haut rang qui se sont rendus à Saint-Pétersbourg figuraient les présidents de la République algérienne démocratique et populaire, de la République d’Arménie et de l’Ossétie du Sud, le Premier ministre de la République de Cuba et plus de 150 hauts responsables –chefs d’organisations et associations, ministres des affaires étrangères et chefs de missions diplomatiques.

Les plus grandes délégations provenaient des Émirats arabes unis, de la Chine, de l’Inde, du Myanmar, du Kazakhstan, de Cuba et des États-Unis. Plus de 6 000 représentants d’entreprises russes et étrangères, venus de plus de 3 000 entreprises situées dans 75 pays et territoires, ont participé au Forum.

* L’ASEAN regroupe : Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thailande, et Vietnam – 668 millions d’habitants.


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