Après l’élection du chef de l’État à Chypre

Le nouveau président appliquera plus d’austérité 

26 février 2013, par Céline Tabou

Le conservateur Nicos Anastasiades est arrivé en tête des élections présidentielles avec 57,5% des voix. Cet avocat pro-européen, âgé de 66 ans, prend les rênes d’un pays au bord de la faillite et promet l’obtention de 17 milliards d’euros d’aide financière nécessaire au redressement du pays.

Nicos Anastasiades a largement devancé Stavros Malas (26,9%), candidat indépendant soutenu par les communistes, qui étaient à la tête du gouvernement sortant. Selon les résultats officiels, le taux de participation a été de plus de 81%. Cette élection devrait être suivie d’une décision des ministres des Finances de la zone euro, sur l’aide demandée en juin 2012.

Des mesures drastiques en perspectives

Pour José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, «  Les Chypriotes ont donné à M. Anastasiades un mandat fort pour appliquer son programme de réforme et faire ce qu’il faut pour garantir la durabilité budgétaire et financière  ». Ce dernier a félicité le nouveau chef de l’État qui répondra aux conditions imposées par la troïka. Jose Manuel Barroso a d’ailleurs appelé Nicos Anastasiades pour « lui assurer qu’il pouvait compter sur l’engagement continu de la Commission européenne pour aider Chypre à surmonter ses défis ».

Dans un communiqué de presse commun, les ministres français et allemands, Pierre Moscovici et Wolfgang Schäuble ont salué les résultats de l’élection, qui «  a vu la victoire du conservateur Nicos Anastasiades, lequel a promis de trouver rapidement un accord de sauvetage financier de l’île  », a indiqué l’Agence France Presse. «  Les discussions devraient reprendre sous peu avec pour objectif d’atteindre un accord avant la fin du mois de mars  », ont-ils ajouté. «  Nous appelons la troïka et les autorités chypriotes à progresser dans la finalisation du projet de ’memorandum of understanding’  » ont conclut les deux ministres.

Redresser l’économie du pays

La Commission européenne a fait des prévisions pessimistes pour le pays. L’économie s’est contractée de 2,3% en 2012 et devrait poursuivre sa chute en 2013 (-3,5%). Selon les estimations publiées vendredi 22 février, la reprise n’est pas attendue avant 2016, alors que le chômage a plus que doublé en 18 mois pour atteindre 14,7%.

Prêt à aider le gouvernement, le prix Nobel de l’économie, Christopher Pissarides, a indiqué « Nous avons beaucoup à faire pour ranimer l’économie. Tout est possible ». Après expertise, le gouvernement a évalué à 17 milliards d’euros l’aide financière nécessaire au redressement de Chypre. Cette somme est l’équivalent de son Produit intérieur brut annuel. L’objectif principal est de renflouer les banques, exposées à la dette grecque.

Lors de la campagne, Nicos Anastasiades s’est engagé à prendre des mesures radicales afin d’obtenir la confiance des bailleurs de fonds internationaux. A contrario, de Stayros Malas, qui avait promis d’atténuer les mesures d’austérité réclamées par les bailleurs de fonds. Soutenu par le parti communiste Akel, Stayros Malas a pâtit de l’impopularité du président sortant Demetris Christofias. Le candidat a félicité « publiquement M. Anastasiades. Maintenant nous avons besoin d’unité, mais nous critiquerons sévèrement tout ce qui pourrait aller contre l’intérêt du peuple ou du pays ».

Céline Tabou

La réunification mise de côté

Lors de cette campagne présidentielle, pour la première la question de la réunification de l’île a été mise au second plan, au profit de la crise économique du pays. Divisée depuis l’invasion turque de 1974, les négociations perdurent depuis.

La communauté internationale attend du nouveau président Nicos Anastasiades, qu’il fasse progresser les négociations menées sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies. En 2004, ce dernier avait soutenu un plan de réunification proposé par l’ONU et accepté par les Chypriotes-turcs mais rejeté par une grande majorité de Chypriotes-grecs. La position de Nicos Anastasiades lui a valu des critiques, le poussant à prôner aujourd’hui un consensus politique sur ce dossier, sans pour autant présenter de stratégie claire, ont noté les agences de presse.

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