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Le Parti communiste du Bénin veut la fin du franc CFA
Lutte contre le néocolonialisme
samedi 9 décembre 2017
Le Parti communiste du Bénin (PCB) invite le Fonds monétaire international (FMI) à s’intéresser à la question du franc CFA « qui revêt un caractère urgent pour le Bénin », à travers une lettre ouverte de ce parti à la directrice générale de l’institution monétaire attendue dimanche à Cotonou.
« … la question du CFA revêt désormais pour nous, en tous cas au Bénin, un caractère urgent, vital, un caractère de nécessité immédiate pour l’amorce de l’émergence du Bénin », a écrit le PCB dans cette lettre dont la PANA a obtenu copie.
Selon le PCB, « le Bénin plus que tous, est l’un des pays qui souffrent le plus des effets mortifères du CFA et de sa valeur surfaite. La dernière dévaluation de 30 % du naira au Nigeria, pays avec lequel l’économie béninoise est intégrée, a eu des effets catastrophiques dans notre pays. Elle a détruit les embryons d’entreprises tant structurelles qu’informelles béninoises, aggravé le chômage et ouvert la voie du départ des jeunes vers le désert libyen et la Méditerranée pour être vendus en esclavage ou mourir en mer ».
Impossible de battre sa propre monnaie
Malheureusement, déplore le parti, le FMI dans sa mission de contrôle de stabilisation du système monétaire international, n’a pas accouru pour des mesures d’accompagnement.
Interpellant Mme Lagarde, le PCB déclare : « Dans vos multiples fonctions ministérielles en France et depuis 2011 à la tête du FMI, vous ne pourriez ignorer les graves préjudices causés et le grand obstacle au développement que constitue cette monnaie et cette zone monétaire pour les pays qui en sont membres ».
« Au nom de quelle logique économique des Etats peuvent-ils être privés de la fonction régalienne de battre leur monnaie sur leur propre sol et de la faire loger auprès du Trésor d’un autre pays avec l’obligation de ne pouvoir en conserver que la moitié pour usage ? Au nom de quelle rationalité des pays travaillent et d’autres gardent le produit de leur travail sous le prétexte que les premiers sont incapables de garder l’argent de leur travail ? », s’interroge le parti.
Poursuivant son réquisitoire, le PCB se demande : « le FMI peut-il ignorer que le CFA épouse les contours de la violence esclavagiste, coloniale et néocoloniale ?, qu’il est le succédané de la Banque du Sénégal créée en 1855 grâce aux ressources versées par la métropole française aux esclavagistes et en guise de réparation par suite de la suppression de l’esclavage en 1848 ; que cette Banque du Sénégal deviendra au début du 20e siècle Banque de l’Afrique occidentale qui émettra plus tard le franc CFA ? ».
Les communistes soulignent que nul ne peut occulter le fait que les arrangements institutionnels organisant le fonctionnement de la zone franc constituent le véhicule de l’accumulation de richesse hors du continent africain.
Le pillage de l’Afrique continue
« N’est-il pas clair que les règles de la fixité de la parité entre le CFA et l’euro, la totale garantie de convertibilité entre les deux monnaies et la liberté totale de circulation des capitaux entre les deux zones (franc et euro) autorisent en toute légalité le siphonnage des ressources vers des cieux autres qu’africains, obligeant les forces productives de la zone à devoir recommencer, chaque année le processus d’accumulation du capital ? », soutient le PCB.
Mme Lagarde, rappelle-t-on, est attendue dimanche à Cotonou, pour une visite officielle de travail de quatre jours.