Vers la publication des dessous de l’occupation de l’Afghanistan

Le Pentagone prit dans une tempête

14 août 2010, par Céline Tabou

Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a déclaré jeudi 12 août que son site internet spécialisé dans le renseignement, allait publier environ 15.000 nouveaux documents militaires confidentiels sur la guerre en Afghanistan. Le Pentagone tente coûte que coûte d’interdire cette publication, et de faire fermer le site.

Le site WikiLeaks, fondé en 2006 et spécialisé dans le renseignement, a déjà diffusé, il y a une dizaine de jours près de 92.000 archives classées qui expliquent la guerre en Afghanistan, avec des révélations notamment sur les victimes civiles et sur les liens supposés entre le Pakistan et les insurgés.
Les premiers dossiers diffusés, donnent des détails selon le site WikiLeaks, des crimes de guerre perpétrés par l’armée américaine. Mais les nouveaux documents, devraient être explosifs pour le gouvernement, car ils mettent en avant les exactions et erreurs commises par le commandement américain.

Retour sur l’affaire

Le mois dernier, le quotidien américain “The New York Times” avait révélé des documents laissant entendre que « le Pakistan, officiellement un allié des États-Unis, permet à des membres de son service de renseignement de traiter directement avec les talibans » lors de « sessions de stratégie secrète ». Cette révélation a mis le gouvernement d’Obama en mauvaise posture, au moment même, ou le gouvernement alloue une aide financière de plus d’un milliard de dollars au Pakistan pour lutter contre les Talibans.
Les documents mis en ligne sur WikiLeaks et repris par le quotidien américain mettent également en avant des infractions commises par l’armée américaine en Afghanistan. D’après ces documents, l’administration Bush, aurait chargé des unités spéciales américaines de capturer plus d’une soixantaine de leaders talibans, morts ou vifs.

Le retrait de ces documents du site

Le Pentagone a annoncé quelques jours plutôt le danger pour les Afghans cités nommément dans les documents publiés. Par la voix du porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, le gouvernement américain a demandé à Julian Assange de « retirer du site internet tous les documents volés ».
Jeudi 12 août, le Pentagone a mis en garde le site WikiLeaks, après avoir annoncé la publication de nouveaux documents sur la guerre en Afghanistan. « Il est difficile de croire ce que WikiLeaks affirme, mais notre position sur ce sujet est connue de chacun désormais », a prévenu Geoff Morell, porte-parole du département de la Défense. Ce dernier a ajouté « s’ils publient de nouveaux documents après avoir pris connaissance de nos inquiétudes concernant le tort que cela peut causer à nos soldats, à nos alliés et à des civils afghans innocents, cela serait hautement irresponsable. Cela ne ferait qu’aggraver une erreur qui a déjà mis trop de vies en péril ».

L’informateur et le journaliste

Le département de la Défense des États-Unis a ouvert une enquête pour évaluer l’impact des fuites et pour en découvrir la source. Depuis mai dernier, le soldat de première classe Bradley Manning est dans le collimateur de la Défense. Ce dernier se serait vanté, selon RFI, d’avoir participé à la mise en ligne par Wikileaks de la vidéo d’une bavure américaine en Irak en 2007, risquant 52 ans de prison. Depuis, il est devenu un porte-étendard aux États-Unis, selon l’AFP. Pour certains, Bradley Manning est un militant homosexuel révolté. Tandis que pour d’autres, c’est un héros du pacifisme, qui a exposé la face cachée des guerres en Irak et en Afghanistan.
Wikileaks, et son fondateur l’Australien Julian Assange peuvent craindre des poursuites judiciaires. Critiqué de toute part, notamment par Reporter sans frontière, Julian Assange réplique que « c’est le rôle du journalisme de s’en prendre aux puissants qui réagissent lorsqu’ils sont mis au défi ».
L’objectif affiché de WikiLeaks est de dévoiler les secrets des entreprises, partis politiques ou des États, dans le cadre d’une « nouvelle forme de journalisme engagé qui l’a vu mettre en ligne depuis sa création en 2006 la liste des membres d’un parti britannique d’extrême-droite, des manuels secrets de la secte de la Scientologie ou encore la fameuse bavure américaine à Bagdad dans laquelle deux employés de l’agence de presse Reuters ont trouvé la mort aux côtés de plusieurs autres personnes« , explique RFI.

Céline Tabou


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