Crise en Europe

Le peuple grec en lutte contre l’austérité

28 septembre 2012, par Céline Tabou

A Athènes, la manifestation de mercredi 26 septembre a conduit à des affrontements entre les forces de l’ordre et certains manifestants. Des milliers de Grecs s’étaient réunis aux alentours du Parlement pour dénoncer un nouveau train d’économies que le gouvernement s’apprête à adopter sous la contrainte de ses créanciers de la Troïka.

Plus de 100.000 personnes se sont mobilisées dans tout le pays lors de cette troisième grève générale depuis le début de l’année. Soutenus par Alexis Tsipras, le leader de Syriza (la gauche radicale grecque), les Grecs ont fustigé le gouvernement du Premier ministre Antonis Samaras, et notamment son ministre des Finances, Yannis Stournaras.

La colère grecque s’intensifie

Près de 34.000 personnes ont défilé à Athènes mercredi et 18.000 à Salonique, selon la police. De leur côté, les syndicats évoquent 100.000 manifestants. Parmi lesquels pharmaciens, douaniers, handicapés, instituteurs ou encore mécaniciens ont participé au mouvement : « Peuple, bats-toi, ils boivent ton sang ». La grève générale lancée par les syndicats grecs a paralysé les ferries, les avions et les transports en commun. Des lieux touristiques comme le site de l’Acropole étaient fermés, ainsi que les écoles et les hôpitaux, dont certains fonctionnaient au ralenti.

Les émeutiers ont jeté des cocktails Molotov sur les forces anti-émeute situées près de la place Syntagama, face au Parlement. En réponse, les policiers ont tiré des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes sur les manifestants. Les affrontements auront duré, selon les agences de presse, plus d’une demi-heure, de la place Syntagama au Ministère des Finances, où un camion de pompiers était stationné. Une majeure partie des manifestants s’est dispersée dans un nuage de lacrymogène et a rejoint les rues adjacentes. Cependant, les cocktails Molotov ont entrainé des départs de feu dans un kiosque de promotion d’une société téléphonique, des poubelles et des abribus tandis que des individus s’en prenaient à des vitrines.

Un employé gréviste de l’hôpital d’Athènes, Alkis Betses, a expliqué à l’agence de presse “Agency Press” (AP) qu’après la diminution de son salaire de 500 euros, passant de 1.300 à 800 euros, son salaire devrait chuter à 600 euros avec les nouvelles réductions annoncées par le gouvernement. « Comment peut-on survivre avec 600 euros par mois, avec des impôts sans cesse en augmentation tout en payant ses factures et en achetant le minimum vital ? », a-t-il dénoncé.

Des décisions qui déplaisent

Le Premier ministre Antonio Samaras a présenté à ses alliés de coalition son nouveau plan d’économies de 11,5 milliards d’euros, avant d’être adopté par le Parlement grec, avant le Sommet européen du 18 octobre, qui devra décider d’un déblocage de 31,5 milliards d’euros de prêts. Depuis mai 2010, la Grèce dépend de deux prêts internationaux afin d’éviter la faillite et une possible sortie de la zone euro. Le gouvernement de Samaras a finalisé son plan de coupes budgétaires de 11,5 milliards d’euros, exigé par ses bailleurs internationaux — Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Union européenne. Ce nouveau plan permettra au pays d’obtenir la suite des versements des prêts d’urgence.

Parmi les mesures d’économies annoncées, les salaires devraient être réduits et l’âge de départ à la retraite repoussé de 65 à 67 ans. Le ministre des Finances et le Premier ministre se sont accordés et ont ajouté aux 2 milliards de recettes fiscales supplémentaires 11,5 milliards d’économies pour 2013-14, a précisé mercredi matin un responsable du Ministère des Finances.

L’annonce d’un nouveau plan de rigueur ne résoudra pas la crise de la dette souveraine du pays, qui vit son dixième plan de rigueur. Ne réduisant le déficit public du pays, la Grèce a vu sa dette augmenter de 25% entre fin 2009 (298 milliards d’euros) et fin 2011 (365 milliards d’euros). La politique d’austérité menée par les États de la zone euro n’aura pas eu les effets escomptés, car celle-ci a freiné la croissance entrainant une hausse du chômage, une baisse du pouvoir d’achat et mené le pays à une stagnation de la récession.

Céline Tabou

Luttes pour l’emploiSyriza

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