Crise économique

Le Portugal voit sa note baisser

7 juillet 2011, par Céline Tabou

L’agence de notation Moody’s a décidé de déclasser, mardi 5 juillet, le Portugal en catégorie « junk » (investissements spéculatifs), choquant les marchés financiers le lendemain. Cette notation met à mal les efforts de l’Union européenne de redonner confiance aux marchés et aux États qui appellent à l’aide le FMI, la Banque mondiale et la BCE.

Après la Grèce, le Portugal connait une situation identique et doit faire face aux frilosités du marché. Le pays vient de mettre en œuvre un plan d’austérité, exigé en échange d’un plan de sauvetage international de 78 milliards d’euros afin d’éviter la faillite, et voit déjà tous ses efforts stoppés. Aujourd’hui, la nouvelle présidente du Fonds monétaire international (FMI) n’a plus la Grèce comme priorité, mais bien l’Union européenne et la zone Euro.

L’Institut de gestion du crédit public (IGCP) du Portugal a annoncé hier avoir placé 848 millions de bons du Trésor à trois mois à un taux d’intérêt moyen de 4,926%, supérieur aux 4,863% exigés par les investisseurs lors d’une émission similaire le 15 juin. La demande a été deux fois supérieure à l’offre, et la récente notation a fait grimper les taux d’intérêt.

La colère des dirigeants européens

Cette notation a poussé de hauts responsables européens à réagir vivement contre les centres de notation. La Commission européenne a lancé une mise en garde aux agences de notations anglo-saxonnes, « dont les décisions font vaciller plusieurs pays de l’Union monétaire confrontés à un endettement important », a repris l’Agence France Presse.

De son côté, José Manuel Barosso, ancien président du Portugal avant d’être président de la Commission européenne, a fustigé l’attitude des agences de notation : « Nous regrettons profondément la décision d’une agence de notation d’abaisser la note portugaise. [Nous] regrettons aussi la méthodologie choisie et la date choisie », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Strasbourg. Ce dernier a rappelé que les agences de notation n’étaient « pas infaillibles » et n’avaient pas réussi à anticiper convenablement la crise de 2008.

« Cet épisode malheureux soulève une fois de plus la question du comportement des agences de notation et de leur soi-disant clairvoyance », a déclaré à l’AFP, à Bruxelles, le porte-parole de l’exécutif européen pour les questions économiques, Amadeu Altafaj. Au même moment, José Manuel Barosso a confirmé que « la Commission européenne était prête à mettre sur la table très rapidement une proposition visant à réguler de manière plus étroite l’activité des agences, notamment en étudiant la question de leur responsabilité éventuelle devant les juridictions civiles », a révélé l’AFP.

Céline Tabou

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