SPECIAL NOUVEAU TRAITÉ EUROPÉEN - NOUS VOULONS UN REFERENDUM

Le PS ne devrait pas se positionner par intérêt de parti

Ivan Hoareau, secrétaire confédéral CGTR

7 janvier 2008

Quelle est votre position devant le Traité simplifié de l’Union européenne ?
- Le premier élément à relever est que ce traité modifié n’apporte pas de réponse aux attentes des gens, à leurs motivations. C’est devenu une affaire d’experts et il est devenu très compliqué d’expliquer les tenants et aboutissants des nouveaux textes. C’est une série de renvois à des annexes et autres textes parallèles. On a rendu ce Traité illisible et on laisse entendre qu’on a répondu aux inquiétudes des Français et des Néerlandais. Or, rien n’a bougé.

Vous êtes de ceux qui réclament un referendum, mais beaucoup se sont défaussés sur cette question. Qu’en pensez-vous ?
- Sur la question du referendum, je crois qu’il faut être clair. Quand on voit que, pour des raisons internes de parti, plusieurs membres du PS - notamment parmi ceux qui avaient dit “Non” en 2005 - renoncent à se battre pour un referendum, c’est grave pour le PS. Un des aspects positifs du Non français avait été en 2005 l’irruption de débats dans la société. Aujourd’hui, le Traité simplifié ne répond pas aux problématiques posées et le principal souci du pouvoir est de priver le peuple de son expression, en écartant le referendum. Cela me semble extrêmement grave.
La désaffection vis-à-vis du politique se nourrit de ce genre d’attitude. Et à ce sujet, la position du PS - qui veut passer par la voie parlementaire pour éviter, disent-ils au PS, de s’entredéchirer - semble surtout dictée par des intérêts de parti. Or des intérêts de parti, sur une question politique de cette envergure, ne devraient pas prendre le pas sur la nécessité de mener un débat public.

Vous pensez qu’il doit y avoir un débat citoyen sur le nouveau texte...
- Il y a une réelle nécessité d’explication avec les gens. Je ne sais si, à La Réunion, nous serons assez nombreux et assez forts pour apporter ces arguments. Mais il y a un réel besoin de débat citoyen. Sur le contenu du Traité, c’est pratiquement le même, dans les grandes lignes, que lors du précédent texte. Ce sont les mêmes problématiques ; rien n’a changé fondamentalement. Les modifications apportées sont des modifications de formes, qui rendent le texte encore moins intelligible, s’il se peut. La problématique reste entière et c’est parce qu’elle reste inchangée que - je me répète, mais c’est grave - le PS ne peut pas répondre de cette façon. Se prononcer à l’Assemblée sur le Traité à la seule majorité qualifiée c’est, après avoir exclu l’expression populaire par referendum, écraser l’expression des élus. Il y a une mobilisation des députés à ce sujet, mais parviendront-ils à réintroduire le débat citoyen sur le Traité dans la procédure retenue ?
Le “Non”, en 2005, a été le fruit de ce débat citoyen et en priver aujourd’hui la société, je trouve que c’est liberticide et mortifère. Et ceux qui cautionnent cela auront certainement à en rendre compte un jour. Si j’insiste sur la position du PS, c’est parce qu’il devrait animer ce débat, le porter et au contraire, on le voit s’éteindre à petit feu, toujours plus. Je pense que ce genre d’attitude va avoir des conséquences très fortes sur la durée de vie des valeurs portées tous les jours par les gens dans la vie concrète et trahies par ceux des politiques qui jouent à ce jeu dangereux.

P. David


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