Entretien avec le Général Clément Bollée - 1 -

Le rôle des FAZSOI au sein de la COI

20 février 2007

Les Forces Armées de la Zone Sud de l’Océan Indien (FAZSOI) ont une double casquette : s’occuper du local, mais aussi de son environnement proche : la Commission de l’Océan Indien (COI) et la Southern African Development Community (SADC). La presse réunionnaise s’est plus particulièrement intéressée aux deux grands volets locaux que sont le Régiment Service Militaire Adapté (RSMA) et la lutte contre le chikungunya. Témoignages a voulu en savoir plus sur la vision que le Général porte sur la COI, puis sur la SADC. Le Général Clément Bollée a été chef d’état-major particulier de Jacques Chirac. Il dirige depuis juillet 2005 les FAZSOI.

La Commission de l’Océan Indien compte cinq membres : les Comores, Madagascar, Maurice, La Réunion (qui représente la France), les Seychelles. En juillet 2005, elle a fixé de nouvelles orientations stratégiques dont une qui porte la coopération politique et diplomatique, incluant des possibilités d’accords de sécurité.
Au cours de la 22ème session de la COI des 16 et 17 mars 2006, une convention sur la sécurité régionale a été signée à Antananarivo. Selon le site de la COI, ce texte prévoit des échanges d’information entre États membres et une réunion des responsables nationaux de sécurité, une fois par an. Pouvez-vous nous en dire plus ?

- A l’été 2005, au sommet des chefs d’État, alors que la COI avait 19 ans d’existence, pour la première fois, la notion de sécurité a été évoquée. Surfant là-dessus, nous nous sommes dit qu’il fallait explorer cette piste de coopération. Nous avons proposé des actions concrètes. Cela a été extrêmement bien perçu. La secrétaire de la COI m’a demandé de venir évoquer ces premières pistes lors du séminaire de mars 2006.
Premièrement, on a fait un séminaire sur l’action de l’État en mer, puisque tous les pays sont bordés par l’Océan Indien. Les pays partageaient un certain nombre de préoccupations, de menaces, d’intérêts communs. Pour y répondre, il apparaissait intéressant de pouvoir avoir parfois une réponse collective. Je prends l’exemple d’une pollution maritime. Si cela se passe aux Seychelles, d’autres pays peuvent venir les aider. L’échange de renseignements est un des exemples de cette coopération. Le jour où la catastrophe arrive, on a gagné ce temps pour répondre aux questions basiques. Tout cela s’est fait sous l’égide de la préfecture, car c’est lui qui dirige les actions en mer.
Deuxième exemple d’action concrète, je me suis aperçu que nous faisions un stage de survie avec tous les pays en bilatéral. J’ai alors proposé de le faire en commun. Le premier exercice a eu lieu à Saint-Pierre en novembre 2006 en la présence de la présidente de la COI.
Troisièmement, il est apparu important de communiquer les actions en commun de la COI en matière de défense. Par le biais de La Réunion, la France a invité les pays membres à venir défiler le 14 juillet 2006 au Barachois. Le drapeau de la COI était devant.
Fort de ses premiers succès, il a été décidé de relancer des actions. En particulier, nous commençons de réfléchir sur de nouvelles propositions. Chaque année, nous avons un exercice militaire franco-malgache de deux semaines et nous avons décidé d’élargir aux trois autres pays. Ceux-ci viendront au titre d’observateurs pour donner l’occasion aux autres pays de la COI de voir comment travaille un état-major multinational de haut niveau sur des missions de maintien de la paix. Cet exercice aura lieu au mois de septembre 2007 à Madagascar.
Tout ça a été avalisé par les instances de la COI et par chacun des pays de la COI avec lequel je signe chaque année un plan d’actions de coopération qui jusqu’alors ne traitait que de bilatéral et qui désormais est étendu à

La COI joue un rôle dans l’observation des élections qui se déroulent en son sein. En avril et mai 2006, elle a ainsi envoyé, en coordination avec la mission d’observation civile de l’Union africaine, une mission d’observation des élections pour la présidentielle au sein de l’Union des Comores. De même, elle a dépêché en décembre 2006 une mission d’observation des élections présidentielles à Madagascar. Les FAZSOI ont-ils participé à ce processus électoral ? Et, si oui, comment ?

- Ce n’est pas tant les FAZSOI que la France qui a participé à cette action. La France a proposé le transport des forces de sécurité (malgache et mauricienne) aux Comores.

Quelle part peut-on faire entre l’engagement "fonctionnel" et l’engagement politique (de soutien de facto à certains régimes - disons- ambigus) ?

- Il faut être très ferme et très clair. Il n’y a pas d’engagement politique des FAZSOI. Celles-ci ne sont que le bras armé de la France. La politique générale de la France dans la zone est l’aide au maintien de la stabilité. Les FAZSOI n’agissent que dans ce cadre. Ils n’ont pas d’initiative propre. Les ordres viennent du Ministère de la Défense coordonné avec le Ministère des Affaires étrangères et obéissent à la politique que la France mène dans cette zone. Dans ce cadre, je peux proposer des actions qui s’inscrivent dans cette politique et qui me sont confirmés.

Un important séminaire sur l’action de l’Etat en mer s’est tenu à La Réunion, vous l’avez évoqué. Il a réuni tous les Etats de la COI. Selon le site de la COI, un séminaire similaire sera organisé en 2007. Quels seront les thèmes développés et qu’est-ce que la France attend d’une telle rencontre ?

- Vous seriez mieux inspirés d’aller interroger le préfet puisque c’est lui qui s’en occupe. Néanmoins, ce séminaire, s’il est confirmé, sera certainement dans la continuité du premier. Toutefois, la conclusion de ce séminaire pourrait déboucher sur un certain nombre d’actions concrètes en commun.

En ce qui concerne la coopération des forces de sécurité, un stage d’aguerrissement a été organisé, on l’a vu, en novembre 2006. 54 stagiaires des cinq pays de la COI y ont participé. Un renouvellement de cette opération est prévu en 2007. Où et quand se déroulera-t-il ? Quel est l’objectif d’un tel stage ?

- Ce sera le même objectif qu’en 2006. Il a deux buts : aguerrir les troupes ; participer à une meilleure connaissance des troupes entre elles. Je crois beaucoup en la meilleure connaissance des troupes entre elles. Je vous donne un exemple. Lors d’un différent entre Sénégal et Mauritanie à propos de l’exploitation des vallées fossiles du fleuve Sénégal, les deux commandants en chef des forces respectives se sont souvenus qu’ils avaient échangé leur numéro de portable au cours d’un exercice organisé par la France. L’un a alors appelé l’autre et il lui a donné rendez-vous pour discuter sur la frontière. Cette rencontre a permis d’éviter l’engagement des forces.

A suivre...

Propos recueillis par Matthieu Damian


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