Nouveau sondage sur le référendum

Le social au cœur de la campagne

25 mars 2005

L’impact d’une détérioration du climat économique et social sur les intentions de vote au référendum du 29 mai prochain était attendu. Les adversaires du traité constitutionnel, dont la voix a nettement couvert celle des partisans du ’oui’ la semaine dernière, ont placé les enjeux sociaux au cœur de leur campagne.

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La campagne des partisans du “non” au référendum sur la Constitution européenne de Giscard monte en puissance en France, alors même que la grogne sociale s’accentue dans tout le pays. Dans ce contexte, et à la suite du succès de la manifestation du 10 mars, Jean-Pierre Raffarin a décidé de faire quelques concessions. Mais il manœuvre pour lâcher le moins possible et sans revenir sur toutes ses réformes de casse sociale (retraite, indemnisation des chômeurs, santé, 35 heures etc) ou de remise en cause des services publics (transfert des TOS, loi Fillon sur l’école...).
Voilà pourquoi il est intéressant de voir vers quoi se portent les attentes des Français qui expriment leur mécontentement et quel effet ce mécontentement pourrait avoir sur leur vote le 29 mai prochain.

Un enjeu social porteur

59% des Français déclarent qu’au moment de voter lors du référendum sur l’adoption de la Constitution européenne, la situation sociale comptera beaucoup (36%) ou assez (23%) dans leur vote contre 33% pour qui elle comptera peu (15%) ou pas du tout (18%).
Ces chiffres font apparaître que l’enjeu de la situation sociale pourrait être particulièrement porteur sur le vote. D’autant plus que les citoyens font nécessairement le lien entre la casse sociale du gouvernement UMP - qu’ils combattent - et la campagne de l’UMP pour le projet de Constitution. Ils savent aussi que si l’UMP soutient ce projet, c’est uniquement parce qu’il va dans le même sens que la politique du gouvernement Raffarin.

Orientation trop libérale

La campagne du "non" a ainsi trouvé un deuxième souffle en mettant en avant les enjeux liés à une orientation "trop libérale" et "pas assez sociale" de la construction européenne ces dernières années, en dénonçant la composition politique de la Commission Barroso et la très controversée directive Bolkestein. En effet, jusqu’au référendum interne du Parti socialiste, l’enjeu de l’entrée de la Turquie dans l’Union avait été mis en avant par certains adversaires du projet de Constitution. Leurs arguments pesaient davantage sur l’électorat de droite que sur celui de gauche.
Aujourd’hui, à l’inverse, l’impact de la situation sociale sur le vote au référendum est potentiellement plus fort à gauche (cet enjeu compterait beaucoup ou assez pour 68% des sympathisants de gauche) qu’à droite (il compterait beaucoup ou assez pour 53% des sympathisants de droite). Le sens de cet impact semble être plutôt en faveur du "non" : cet enjeu comptera pour 68% de ceux qui envisagent de voter "non" contre 59% de ceux qui envisagent de voter "oui".

Pareil que le gouvernement Raffarin

La gauche semble devoir encore convaincre en matière de politique économique et sociale : seuls 28% des Français pensent qu’elle ferait mieux que l’actuel gouvernement en ce qui concerne le pouvoir d’achat, contre 13% qui estiment qu’elle ferait moins bien et surtout 50% qui jugent qu’elle ferait pareil.
Les proportions sont tout à fait semblables en ce qui concerne l’emploi, 28% estimant qu’elle ferait mieux, 11% moins bien et 54% pareil. Ces chiffres ne sont pas en soi surprenants, puisque pour un grand nombre de Français, il y a une certaine continuité des politiques économiques et sociales par-delà les désormais habituelles alternances électorales entre la gauche et la droite. Ces Français ne sont pas près de changer d’opinion en voyant la campagne menée par une partie des socialistes pour le “oui” à une Constitution ultra-libérale.

"Un mouvement de rejet"

D’ailleurs, qu’il s’agisse de pouvoir d’achat (57%) ou a fortiori d’emploi (53%), plus du tiers des sympathisants socialistes (respectivement 34% et 39%) estiment que la gauche ne serait pas plus efficace que la droite. "Il reste encore beaucoup de travail au PS s’il veut faire d’une éventuelle alternance en 2007 une victoire par adhésion et non une victoire par défaut", estime Mathieu Doiret, chargé d’études senior au département opinion-institutionnel à l’Institut CSA.
Selon lui, il est fort probable "que les Français se saisissent du référendum de mai prochain pour exprimer un mécontentement. Cette grogne, qui ne peut encore se traduire par un mouvement d’adhésion à un programme d’alternance, pourrait dès lors prendre la forme d’un mouvement de rejet dont le Traité constitutionnel ferait les frais".


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