Italie

Le système Berlusconi à bout de souffle

4 octobre 2013, par Céline Tabou

Bénéficiant d’une côte de popularité grâce aux médias qu’il contrôle, Silvio Berlusconi vient de connaître une cuisante défaite. Après avoir poussé les cinq ministres de son parti à démissionner, l’ancien président du Conseil souhaitait la chute du gouvernement de coalition, mais il en a été autrement.

Faute de programme et de vision politique pour son pays, Silvio Berlusconi a toujours pu compter sur les médias, dont il contrôle trois télévisions privées et des journaux. Poursuivi par des affaires de corruption, abus de pouvoir et prostitution de mineure, il avait lancé une fronde, samedi 28 septembre, pour échapper à la justice.

Un coup de force irresponsable

« Geste fou », « indigne », « le condamné fait couler l’Italie », a évoqué la presse italienne, dimanche 29 septembre, suite au coup de Silvio Berlusconi. Une unanimité dans les médias, mais aussi après des dirigeants de la troisième économie de la zone euro. Enrico Letta, chef du gouvernement de la coalition entre la gauche, dont il est issu, et le centre droit de Silvio Berlusconi, a évoqué « un geste fou et irresponsable, entièrement destiné à protéger les intérêts personnels ».
Au lendemain de la démission de cinq ministres du parti de Berlusconi, Peuple de la liberté (PDL), le ministre des réformes, Gaetano Quagliariello, et de la Santé, Beatrice Lorenzin ont exprimé leur désaccord avec la position adoptée par la direction du PDL, parlant de « dérive extrémiste ». Dénonçant les mesures lancées par le gouvernement, Silvio Berlusconi n’a pourtant pas évoqué de programme politique pour sortir le pays de la crise.
Ce coup de force de Silvio Berlusconi a pour objectif de « durer le plus longtemps possible, échapper aux juges, échapper aux condamnations et continuer de prendre l’Italie et les Italiens en otages », a expliqué “Le Monde”.

Désaveu de Berlusconi

Face à la crise provoquée par « El Cavaliere », Enrico Letta a demandé une cote de confiance du Parlement. Une tactique qui a payé, car le gouvernement a remporté largement le vote de confiance mercredi 2 octobre. Cette victoire a été possible avec le ralliement d’une partie des membres du PDL de Silvio Berlusconi, et la volte-face surprise de ce dernier. Après le refus d’Angelino Alfano de démissionner conformément à la volonté de son mentor, ce dernier s’est dit « fermement convaincu que notre parti tout entier doit voter la confiance à Letta ».
Ancien homme de confiance et ardents défenseurs de Silvio Berlusconi, Anbgelino Alfano était le représentant du parti, Forza Italia, en Sicile, avant de devenir un ministre dévoué à Silvio Berlusconi entre 2008 et 2011. Désormais isolé, Silvio Berlusconi a préféré faire marche arrière. « Nous avons décidé, non sans débats internes, de voter la confiance », a déclaré le magnat des médias, parce que convaincu des promesses d’Enrico Letta de baisser la fiscalité du travail et d’introduire la possibilité de sanctionner les magistrats outrepassant la procédure.
Cependant, certains observateurs ont fait état d’une opinion publique fatiguée des coups d’éclat du « Cavaliere », une centaine de personnes l’ont d’ailleurs vivement contesté à sa sortie du Sénat, en cirant « va-t’en, va-t’en ». Conforté dans son poste de chef du gouvernement, Enrico Letta a annoncé l’accélération des réformes institutionnelles, destinées à réduire le nombre de parlementaires et réformer la loi électorale. Mais également sortir le pays de la récession et mettre « croissance et emploi » au centre de la présidence italienne à l’Union européenne à partir de juillet 2014.

 Céline Tabou 


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus