Sommet de l’Union africaine

Le terrorisme au cœur des échanges

28 juin 2014, par Céline Tabou

L’Union africaine (UA) s’est réunie le 26 juin, à Malabo (Guinée équatoriale), en présence de 54 Etats et de l’Egypte et de la Guinée-Bissau, de retour dans l’organisation panafricaine. Ce 23ème sommet a été l’occasion d’échanger sur la progression du terrorisme sur le continent, sur l’agriculture et la sécurité alimentaire.

Ban Ki-moon et le Dr Dlamini Zuma, présidente de la Commission de l’UA.

Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a salué les progrès de l’Afrique en matière de développement, tout en assurant le soutien de son organisation. « Dans une grande partie de l’Afrique, nous avons vu la stabilité, la croissance économique et des progrès continus vers les Objectifs du millénaire pour le développement » a indiqué ce dernier.

Des inquiétudes vis-à-vis des jihadistes

Le retour de l’Egypte au sein de l’organisation panafricaine a été vivement applaudi, après sa suspension suite au coup d’Etat, qui a renversé en juillet 2013, Mohamed Morsi, membre des Frères Musulmans, considérés par le nouveau gouvernement égyptien comme des terroristes.
« L’Afrique est menacée par le terrorisme transfrontalier » des groupes jihadistes, a déclaré Abdel Fattah al-Sissi. Ce dernier a condamné « toute forme de terrorisme (...) qui détruit les Etats, les populations et porte atteinte à la religion », demandant qu’il n’y ait « aucune forme d’excuse pour le terrorisme » et de « faire face avec force à ce fléau pour préserver la dignité de nos populations et nos économies ».
La situation impose pour le nouveau président égyptien le renforcement de la coopération entre Etats en matière sécuritaire. De nombreux chefs d’Etats et ministres ont fait part de leur inquiétude face à la progression de groupes jihadistes sur le continent. En Afrique du Nord, au Sahel, dans la Corne de l’Afrique et désormais en Afrique centrale, les islamistes armés, comme le groupe nigérian « Boko Haram » accentuent la pression à travers des enlèvements, massacres de villageois et attentats sanglants.

Un « ennemi d’un nouveau genre »

A la veille de l’ouverture du sommet, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA avait affirmé sa « profonde préoccupation » face aux « menaces terroristes » sur le continent. Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’UA, avait souligné « la gravité des nouvelles menaces que constituent le terrorisme, le grand banditisme et tous les trafics illicites », qui « appellent une stratégie globale de l’Union ».
« L’Afrique fait face depuis peu à un ennemi d’un nouveau genre plus redoutable et sans visage, je veux parler du terrorisme qui sévit en ce moment au Nigeria et en Somalie et qui a failli désagréger le Mali », a pour sa part expliqué le président tchadien, Idriss Déby Itno. Ce dernier a insisté pour les États assurent « eux-mêmes leur sécurité individuelle et collective », et ne pas s’en remettre entièrement aux Occidentaux.
En dépit des interventions militaires occidentales dans plusieurs pays d’Afrique, les islamistes multiplient les attaques meurtrières. Ces derniers possèdent plusieurs noms comme les Shebab, Aqmi, Ansaru, ou encore Boko Haram. Face à ces attaques, les Etats sont impuissants, faute de gouvernement comme en Somalie, ou d’une situation politique instable, tels qu’en Libye, Kenya ou encore Nigeria.
Les inquiétudes grandissantes des pays membres relèguent au second plan les autres crises sur le continent, comme la guerre civile au Soudan du Sud et en Centrafrique.

Céline Tabou

Le retour de l’Egypte et de la Guinée-Bissau


L’UA a levé les suspensions de l’Egypte et de la Guinée-Bissau, permettant aux représentants de ces deux pays de participer à toutes les activités et de bénéficier des différents programmes et services de l’institution.
Le commissaire à la Paix et la Sécurité de l’UA, Smail Chergui, a expliqué à l’Agence France Presse que l’Egypte avait été suspendu en juillet 2013, après le coup d’Etat contre le président Morsi, démocratiquement élu en juin 2012. Cette réintégration est une exception, car selon les règles de l’UA, les gouvernements des Etats membres doivent être démocratiquement élus.
L’actuel président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi avait destitué et fait emprisonner Mohamed Morsi le 3 juillet 2013, réprimant ensuite ses partisans et sa confrérie (Frères musulmans), dans le sang. Pour Smail Chergui, « nous pensons tous que l’élection a été régulière et il (Abdel Fattah Sissi) a prêté serment ».
Pour sa part, la Guinée-Bissau, qui avait été suspendue après un coup d’Etat militaire en 2012. Le retour à l’ordre constitutionnel, conditionné par l’UA, a permis au pays de réintégrer l’organisation panafricaine. Le seul pays africain encore suspendu est la Centrafrique, qui est le théâtre d’une crise sans précédent depuis début 2013. Des groupes armés se sont lancés contre les civils et les violences interconfessionnelles font des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.

Agriculture : 60% des forces actives du continent


L’agriculture et la sécurité alimentaire ont été débattues pour la seconde fois, après le sommet d’Addis-Abeba, en janvier. Pour de nombreux représentants présents, le thème est majeur, car selon l’organisation Oxfam, plus de 223 millions de personnes souffrent aujourd’hui de la faim sur le continent.
La présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, a rappelé les objectifs du Programme du développement de l’agriculture. Ce plan prévoit la modernisation de l’agriculture sur le continent à travers la transformation, le développement du marché agricole, l’augmentation des investissements pour améliorer la productivité agricole, l’intéressement des jeunes à l’agriculture et surtout l’accès des femmes aux terres et aux intrants agricoles.
Pour le président de la Guinée Equatoriale, Teodoros Obiang Nguema Mbasogo, l’Afrique ne peut pas se développer sans une agriculture moderne évoluant sur un marché bien organisé et judicieusement exploité. D’autant plus que « le développement peut considérablement réduire la dépendance économique de l’Afrique »., a indiqué ce dernier, qui dénonce à nouveau le néocolonialisme imposé par les pays développés depuis les indépendances.
Ce dernier a dénoncé « le diktat des institutions financières internationales (Banque mondiale et FMI) sur les économies des pays africains déjà fragilisées par les règles injustes du marché international », a relevé le site d’information MaliActu.

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