Accord signé entre le gouvernement et l’opposition

Le Venezuela récupère des milliards de ressources bloquées

28 novembre 2022

Le gouvernement et l’opposition du Venezuela ont signé, le 26 novembre à Mexico, un « accord partiel » qui a automatiquement entraîné un allégement des sanctions pétrolières américaines envers le régime de Caracas.

Le dialogue entre les deux parties représente « un espoir pour toute l’Amérique latine » et « le triomphe de la politique », a salué le ministre des affaires étrangères mexicain, Marcelo Ebrard. De son côté, me président vénézuélien, Nicolas Maduro, a salué un « pas vers un nouveau chapitre  » pour son pays, qui doit « continuer d’avancer vers la paix et le bien-être ».

Le dialogue s’était ouvert en août 2021 à Mexico, après des tentatives qui avaient tourné court en 2018 et 2019. Nicolas Maduro avait suspendu les pourparlers en octobre, à la suite de l’extradition aux États-Unis d’Alex Saab, un homme d’affaires vénézuélien proche du pouvoir poursuivi pour blanchiment de capitaux.

Ils ont par la suite signé un accord humanitaire pour faciliter le bien-être du peuple vénézuélien. L’objectif était alors d’atténuer les difficultés économiques et l’impasse politique dans ce pays riche en pétrole.

Les représentants de Caracas et l’opposition vénézuélienne sont parvenus à un accord d’étape « en matière de protection sociale », qui permettra notamment de libérer les ressources vénézuéliennes bloquées à l’étranger afin de financer des projets sociaux.

"Grâce à cet accord, nous récupérons plus de 3 milliards de dollars qui iront directement au financement de l’éducation, de la santé, de l’électricité, ainsi qu’à la prise en charge des victimes des tragédies causées par les pluies torrentielles que le Venezuela a subies", a déclaré Jorge Rodriguez, chef de la délégation du gouvernement, aux journalistes locaux.

Les ressources récupérées seront investies dans 2.300 écoles du pays, affectées à la promotion du secteur de la santé et utilisées pour améliorer le réseau électrique national, a précisé ce dernier.

Cependant, pour la conception et la gestion de ce fonds, les deux parties vont demander le soutien de l’Organisation des Nations unies (ONU), selon l’accord lu par un représentant de la Norvège, pays médiateur dans le dialogue intervénézuélien de Mexico.

"Le reste des ressources sera placée dans un fonds créé par les Nations Unies (ONU) et administré par le Venezuela et ses mécanismes", a indiqué de son côté Jorge Rodriguez, également président de l’Assemblée nationale. Le fonds sera géré par l’ONU « avec un cadre programmatique de projets et de chantiers à exécuter », a abondé le représentant de l’opposition, Gerardo Blyde.

Pour rappel, le système financier international avait gelé plus de 20 milliards de dollars de ressources vénézuéliennes depuis plusieurs années, tant par l’ONU, l’Union européenne que les États-Unis.

La pauvreté touche huit personnes sur dix au Venezuela, d’après l’enquête nationale sur les conditions de vie (Encovi). De plus, sept millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays en raison de la crise politique et économique, notamment depuis la mort d’Hugo Chavez en 2013.

Dans un communiqué, le porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Haq, a déclaré que le secrétaire général, Antonio Guterres, a « pris note » de cette demande d’assistance, selon son porte-parole. « Le secrétaire général salue l’accord » et « encourage » les parties à conclure « de nouveaux accords qui relèvent les défis politiques, sociaux et humains auxquels est confronté le pays ».

Le président Nicolas Maduro a exigé la levée des sanctions économiques américaines, notamment de l’embargo sur les exportations de pétrole. L’opposition, la Plate-forme unitaire réclame des solutions à la « crise humanitaire », « le respect des droits humains  » et des garanties pour des « élections libres et observables ».

Selon une source de l’Agence France Presse, il n’y a pas de consensus sur les élections, qui devraient avoir lieu en 2024. L’opposition continue d’accuser Nicolas Maduro d’avoir été réélu en 2018 de manière frauduleuse.

Dans un communiqué commun, les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada ont « salué la décision de reprise du dialogue » entre le gouvernement de Nicolas Maduro et l’opposition.

Un haut responsable américain a qualifié l’accord d’« étape importante dans la bonne direction ». C’est surtout une aubaine pour le pays de trouver des alternatives visant à compenser la perte du brut russe à la suite des sanctions prises en réponse à la guerre en Ukraine. Le Venezuela disposerait des réserves pétrolières les plus importantes du monde, d’après des experts.

Washington demande également au gouvernement et à l’opposition de «  faire preuve de bonne volonté en vue d’un accord global conduisant à des élections libres et régulières en 2024 ».


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