Démographie

Le vieillissement, un défi au monde

La plupart des pays sont concernés

7 mars 2003

Chaque année, l’âge moyen des habitants de la planète augmente. Le vieillissement de la population est une réalité mondiale aux conséquences multiples. C’est un sujet sur lequel l’ONU interpelle depuis longtemps les gouvernants. Ce que nous rappelle ici Hassen Fodha, directeur du Centre d’information des Nations Unies à Paris.

Le vieillissement de la population est un phénomène universel qui touche et touchera chaque homme, chaque femme et chaque enfant. L’accroissement régulier du groupe des personnes âgées, aussi bien en chiffre absolu que par rapport à la population d’âge actif, aura des répercussions directes sur les relations au sein des familles, sur l’équité entre les générations, sur les modes de vie et sur la solidarité familiale qui constituent le fondement de toute société.
Il a d’ores et déjà des conséquences et des incidences majeures sur tous les aspects de la vie humaine, et continuera d’évoluer en ce sens. Au plan économique, il aura des incidences sur la croissance économique, sur l’épargne, l’investissement et la consommation, le marché du travail, les retraites, la fiscalité et les transferts intergénérationnels de richesse, de biens et de soins. Le vieillissement de la population ne sera pas non plus sans incidence sur la santé et les soins médicaux, la composition des familles et les conditions de vie, le logement et les migrations.
Au plan politique, il occupe déjà une place prépondérante dans les pays développés, influant sur les structures de vote et sur la représentation. La proportion de personnes âgées (60 ans et plus) n’a cessé de croître durant le 20ème siècle, et l’on prévoit que cette tendance se poursuivra au 21ème siècle. Elle est passée de 8% en 1950 à 10% en 2000 et devrait atteindre, d’ici à 2050, 21%.

Des répercussions considérables

Des mutations démographiques sans précédent sont en train de modifier le visage du monde. Les chiffres sont alarmants, mais hors de la sphère de la politique sociale et des enceintes universitaires et intergouvernementales, le thème du vieillissement de la population est probablement susceptible de ne susciter rien de plus qu’un très profond ennui.
C’est en soi surprenant dans la mesure où les mutations, présentées dans le dernier rapport des Nations Unies ("Vieillissement de la population mondiale : 1950-2050 ; Vieillissement de la population 2002") auront des répercussions considérables sur nos vies.
Le vieillissement actuel de la population est un phénomène inédit dans l’Histoire de l’humanité. L’accroissement de la proportion de personnes âgées s’accompagne d’une baisse de la proportion de jeunes (moins de 15 ans). D’ici à 2050, le nombre de personnes âgées dans le monde dépassera celui des jeunes et ce, pour la première fois dans l’Histoire.
Le vieillissement de la population mondiale lance aux gouvernements, aux organisations non gouvernementales et aux groupes privés un défi en matière de politiques et de programmes qui n’a pas d’équivalent, mais qu’ils doivent relever de toute urgence pour que les besoins des personnes âgées puissent être satisfaits et que le potentiel qu’elles représentent sur le plan des ressources humaines soit utilisé comme il convient.

La révolution de l’espérance de vie
En France, l’espérance de vie moyenne par habitant était de 47,5 ans au début du 20ème siècle ; elle tourne aujourd’hui aux alentours de 80 ans… Les faits sont là. Dans la quête de la longévité, les habitants de nombreux pays gagné en moins d’un siècle plus qu’en des millénaires… Pourquoi ?
Notre planète connaît aujourd’hui une véritable révolution démographique. De 3 milliards d’habitants en 1950, nous sommes passés à 6 milliards en 1999, et nous serons probablement 11 milliards en 2025. Mais surtout, l’un des faits les plus marquants est l’explosion du nombre des plus âgés et l’accroissement prévu de leur part dans la population mondiale.
En France, sur les 60 millions d’habitants que compte le pays, 20% ont plus de 60 ans. Dans 50 ans, cette proportion atteindra 35%. Les plus de 75 ans auront triplé, les plus de 85 ans auront quadruplé… C’est une véritable révolution que vit actuellement la population française. Nous assistons, dans les pays industrialisés tout au moins, à une nouvelle donne : l’être humain vit de plus en plus sa vie jusqu’au bout.
Pourquoi aujourd’hui ? Le 20ème siècle a été riche de progrès : dans la première moitié du siècle, nous avons gagné des années d’espérance de vie grâce à la baisse de la mortalité infantile ; dans la seconde moitié, c’est l’explosion de l’espérance de vie des personnes âgées de plus de 65 ans qui a a permis d’avoisiner aujourd’hui les 80 ans en France et ailleurs.
Des facteurs favorables...
Il pourrait y avoir 3 types d’explications à ces années gagnées :
- génétiques,
- comportementales
- environnementales.
Au niveau génétique, le consensus scientifique est formel : nous n’avons pas, en un siècle, subi de mutations génétiques, l’humain d’aujourd’hui a les mêmes chromosomes que l’homme du Moyen-âge ! De la même manière, l’explication ne vient pas non plus d’un bouleversement comportemental : notre façon d’interagir avec le monde n’a pas fondamentalement évolué. Tout s’explique donc par l’environnement… Au cours du 20ème siècle, celui-ci s’est profondément modifié. Dans la notion d’"environnement", il faut entendre à la fois les progrès médicaux (vaccins, antibiotiques, traitements des cancers), mais aussi économiques ou sanitaires : tout-à-l’égout, eau potable, lutte contre la pauvreté, instruction des mères, etc. Ces changements majeurs ont amélioré notablement notre santé, celle de nos enfants (longtemps, un enfant sur deux mourait avant l’âge de 10 ans) et de leur mère (dangereux post-partum !), celle, aujourd’hui, de nos aînés. Car la lutte contre les maladies de l’âge avance, et on peut en ce début de 21ème siècle faire son jogging matinal à 70, 75 ou 80 ans !
Dans les pays industrialisés, l’âge au décès le plus élevé augmente aussi. Mais cela ne signifie pas nécessairement que la longévité humaine augmente ! Car plus le nombre de personnes vivant jusque 90 ans est grand, plus, à chances de survie égales, est grande la probabilité qu’au moins une personne atteigne 95, 100, 105 ans ! Comme le précise M. Robine, « si l’espérance de vie atteignait 100 ans, 83% des petites filles nées en 2000 atteindront 90 ans, 58% arriveront à 100 ans, 20% à 110 et 1% à 120 ans ».
En deux mots, l’espérance de vie a augmenté, mais l’espérance de vie sans incapacité aussi. En 10 ans, entre 1981 et 1991, les femmes de 65 ans ont gagné 1,8 an d’espérance de vie et 2,3 ans d’espérance de vie sans incapacité ; les hommes 1,6 an d’espérance de vie et 1,3 an d’espérance de vie sans incapacité.
Pour les femmes comme pour les hommes, l’accroissement de l’espérance de vie s’est accompagné d’une augmentation de la part de la vie vécue sans incapacité indiquant pour la France, une compression de la morbidité aux âges élevés.

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Messages

  • Merci pour ce merveilleux artcicle
    il m’a beaucoup aider pour les recherches que j’effectue !
    Merci encore et un grand bravo à l’auteur !


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