Les biocarburants sont ’responsables’ de la crise alimentaire

19 juillet 2008

Ce sont les conclusions de la Banque Mondiale rendues publiques par le quotidien anglais ’The Guardian’.
L’information a été révélée vendredi, alors que cette semaine, les chefs d’État du G8 réunis au Japon doivent aborder le problème de la crise alimentaire.

L’essor de la production des biocarburants est responsable à 75% de la flambée des prix des denrées alimentaires entre 2002 et février 2008. Ce constat, qui va encore nourrir la polémique, est celui de la Banque Mondiale.
Don Mitchell, économiste de renom et auteur d’une étude de la Banque mondiale, estime que les biocarburants ont contribué à 75% à la hausse des prix des produits alimentaires. Déposée courant avril, l’institution financière avait gardé le secret autour de ce rapport aux conclusions polémiques. Le quotidien anglais "The Guardian" a révélé l’information ce vendredi. Selon le document, tout porte à croire que l’utilisation de biocarburants aurait participé à la hausse des prix des denrées alimentaires entre 2002 et février 2008.

Manger ou conduire : un arbitrage inacceptable

La hausse généralisée des prix des produits de base est à l’origine d’émeutes de la faim dans plusieurs pays, notamment africains. La sécheresse en Australie, la flambée du prix du pétrole, l’utilisation croissante des terres pour la culture de biocarburants et la spéculation sur le marché des matières premières seraient à l’origine de la crise alimentaire.
Cependant, les biocarburants demeurent la cause principale aux yeux de la Banque mondiale. Les conclusions de l’étude menée par Don Mitchell sont fermes. « Sans l’augmentation des biocarburants », indique le rapport, « les stocks mondiaux de blé et de maïs n’auraient jamais chuté aussi sensiblement et la hausse des prix due à d’autres facteurs aurait été modérée ».

Une antithèse du point de vue américain

Le rapport vient également réduire à néant les thèses américaines. Les Etats-Unis, premier producteur mondial d’agro carburants, estiment qu’ils n’auraient contribué qu’à une hausse de 3% des prix des denrées alimentaires. D’après le président américain Georges Bush, cette augmentation est surtout imputable à la croissance économique chinoise et indienne.
Comme solution à la crise alimentaire, l’étude de Don Mitchell préconise une diminution de la production de biocarburants. Pour Derek Warren, l’un des porte-parole de la Banque mondiale, ce rapport invite les décideurs politiques à mettre en place des "soupapes de sécurité" qui facilitent la mise place de mesures lorsque les prix des denrées alimentaires augmentent. « Le choix ne doit pas se faire entre l’alimentation ou carburant. Réduire les taxes douanières sur l’éthanol importé aux Etats-Unis et Europe encouragerait par exemple une production plus compétitive du biocarburant dérivé de la canne à sucre ». L’impact de la production de ce carburant vert, dont le Brésil est le premier producteur, est moins important dans l’avènement de la crise alimentaire. « Ce qui éviterait une concurrence directe avec la production de denrées alimentaires et augmenterait les opportunités pour les pays pauvres, notamment ceux de l’Afrique. »
Les biocarburants semblent ouvrir des nouvelles perspectives à l’Afrique qui n’en voit pour l’instant, reconnaît la Banque mondiale, qu’un revers : la crise alimentaire.

Mamaye Idriss, Afrik.com

Emeutes de la faim

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus