Les marchés s’affolent face aux dettes publiques

Les États-Unis vivront-ils encore longtemps à crédit ?

21 avril 2011, par Céline Tabou

Au moment où les forces progressistes se réunissent pour bâtir un nouveau modèle de développement économique, la dette américaine est placée sous surveillance et la Grèce refuse de restructurer la sienne.

Aux États-Unis, la division sur les perspectives budgétaires devrait porter atteinte à la pérennité économique, bien que les autorités restent rassurantes. En Europe, le déficit grec se creuse et l’Union européenne pourrait à terme soutenir la Grèce en prolongeant son aide au-delà de 2013, mais pour le moment, certains pays européens poussent le gouvernement à restructurer sa dette, signant des accords avec ses créanciers pour rembourser.

La dette américaine inquiète

L’agence de notation “Standard and Poor’s” a abaissé la perspective d’évolution de la note de la dette des États-Unis, suite au déficit budgétaire de 84,6% du PIB et un niveau d’endettement gouvernemental en hausse. Face à cette note « négative », les marchés financiers ont chuté quelques heures après cette annonce. Selon un courtier en bourse cité par le site Radio Télévision Suisse (TSR), « cela pourrait signifier le début d’une crise de l’endettement des États-Unis, c’est en tous les cas un avertissement clair ».

Selon “Standard and Poor’s”, « il y a un risque accru » que l’administration du Président Barack Obama et l’opposition ne parviennent pas à un accord sur la réduction du déficit avant les élections présidentielles et parlementaires de novembre 2012. Alors que le Président Barack Obama espère toujours un accord entre démocrates et républicains sur un programme budgétaire en dépit de grandes divergences idéologiques. Défendant la situation économique, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a expliqué que « la capacité de notre économie à grandir suffisamment pour nous permettre de remplir nos engagements et obligations n’est guère mise en doute. Le prix auquel nous pouvons emprunter chaque jour le prouve, mais nous devons mériter cette confiance ».

De son côté, la Chine, premier détenteur de la dette américaine avec 895,6 milliards de dollars en bons du Trésor, a exprimé ses inquiétudes. « Nous espérons que le gouvernement américain mettra en place une politique et des mesures responsables afin de défendre les intérêts des investisseurs », a indiqué le communiqué du Ministère des Affaires étrangères publié le 19 avril. De plus, Pékin s’est alarmé à plusieurs reprises du risque que représente pour le dollar la politique monétaire ultra souple menée par la Réserve fédérale, sans pour autant cesser d’investir dans cette devise, a annoncé l’agence de presse “Reuters”.

La dette grecque inquiète l’UE et le FMI

En Europe, la Grèce est réticente à restructurer sa dette publique, qui devrait atteindre 143% du PIB, selon les estimations de “Bloomberg”. Le gouvernement grec va d’ailleurs contre les accords signés avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI), portant sur une réduction drastique de ses déficits et de profondes réformes structurelles.

Sous la tutelle de l’Europe, la Grèce a reçu une enveloppe de 110 milliards d’euros sur trois ans, afin de survivre sans les marchés jusqu’en 2013. Cependant, de nouveau en ligne de mire par les agences de notation, les marchés n’ont plus confiance envers la capacité de la Grèce de redresser ses finances publiques.

Face à la pression des médias, syndicats, membres du gouvernement et de certains dirigeants européens, dont l’Allemagne, qui pousse Athènes à restructurer sa dette publique, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, aurait déclaré que tout était une question de temps. Dans la suite des déclarations du Premier ministre, Georges Pagoulatos, professeur d’Économie à l’Université d’Athènes, a indiqué au “Monde” que « la solution idéale serait une extension de la durée de l’ensemble de la dette, mais ça ne peut être qu’une décision consensuelle de l’Eurozone ».

Pour éviter une restructuration de la dette, le gouvernement a indiqué un nouveau plan de rigueur, après celui mis en place il y a un an et qui a conduit des milliers de Grecs à manifester contre le gouvernement « protecteur des banques ».

Céline Tabou



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