Droits humains

Les femmes de l’A.N.C. mobilisées pour sauver Amina Lawal

Des Sud-Africaines demandent au président du Nigeria d’agir

20 septembre 2003

Des centaines de Sud-Africaines ont lancé, jeudi, un appel au président Olusegun Obasanjo du Nigeria pour lui demander de faire usage de son pouvoir de grâce présidentielle afin de sauver la vie de sa compatriote Amina Lawal, condamnée à mort par un tribunal musulman.
Les intéressées, agissant sous la direction de la Ligue des femmes du Congrès national africain (ANC), ont manifesté devant la représentation diplomatique nigériane d’où elles ont lancé leur appel en direction du président Obasanjo. Ces femmes qui appartiennent à divers groupes religieux, au secteur des affaires, à des organisations communautaires et des ONG, ont fait monter la pression à l’approche de la décision sur l’appel introduit par Amina Lawal contre la sentence de mort prononcée à son encontre. La procédure d’appel initiée par Amina Lawal, 31 ans, condamnée à mort par lapidation pour avoir été déclarée coupable d’avoir donné naissance à un enfant deux ans après son divorce, sera examinée le 25 septembre, dans la ville de Katsina, située dans la partie Nord du Nigeria.

Condamner la sentence

Avant de marcher sur l’ambassade nigériane à Pretoria, les femmes avaient organisé des prières œcuméniques à la Cathédrale Saint-Alban, dans la capitale sud-africaine. « Les femmes d’Afrique du Sud disent non au meurtre d’Amina Lawal ! Nous sommes tous égaux devant Dieu, libérez Amina Lawal ! Prendre la vie d’Amina Lawal équivaut à prendre la vie de son enfant », tels étaient les slogans inscrits sur certaines des pancartes brandies par les manifestantes. Les femmes, qui ont créé des réseaux au Nigeria tout comme dans les pays de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et des organisations musulmanes, souhaitent l’intervention du gouvernement nigérian pour que la vie d’Amina Lawal soit épargnée. « Aujourd’hui, nous sommes unies dans la prière, l’action et la douleur. Nous sommes réunies ici pour souligner le calvaire d’Amina. Nous ne sommes pas ici pour condamner les lois nigérianes, ou pour condamner la religion islamique, mais nous sommes ici pour condamner la sentence qui frappe Amina Lawal », a martelé Nosiviwe Mapisa-Nqakula, présidente de la Ligue des femmes de l’ANC.

Appel aussi à l’Union africaine

Dans une note remise à l’ambassadeur nigérian, elle regrette que, dans le monde entier, les femmes africaines soient encore victimes de la discrimination et de l’oppression, et qu’elles demeurent soumises à la violence et aux abus. « Nous en appelons au peuple nigérian, par l’intermédiaire du président Olusegun Obasanjo, pour qu’il sauve la vie d’Amina Lawal », a encore plaidé Nosiviwe Mapisa-Nqakula. Elle a également prié les pays membres de l’Union africaine de défendre les droits humains des femmes, et appelé l’organisation continentale et les autres organismes à élaborer des programmes efficaces pour la promotion des femmes sur le continent. « Nous ne cherchons pas à dicter notre loi à quiconque, tout ce que nous disons c’est que la vie d’Amina Lawal doit être sauvée. Il s’agit d’une femme sans défense et qui n’a rien d’autre que son enfant. Si la vie d’une femme est menacée, nous n’hésiterons pas à condamner ce geste », a ajouté la présidente de la Ligue des femmes de l’ANC.
Pour sa part, Maqsooda Ismail, une femme musulmane qui était au nombre des manifestantes, a affirmé que sa religion enseigne que personne ne devrait être tué sans justification : « pour moi, il ne serait pas juste qu’une musulmane soit tuée par lapidation, et si elle est lapidée sans raison justifiée, cela équivaudra à une oppression à l’endroit des femmes ». La Ligue des femmes de l’ANC a récemment adressé une pétition au président Thabo Mbeki pour lui demander d’intervenir et de plaider la cause d’Amina Lawal auprès de son homologue nigérian.

Une bourse en la mémoire d’une journaliste victime de l’apartheid
Le Programme d’études supérieures en journalisme et en médias de l’Université de Wits à Johannesburg a créé une "Bourse Ruth First de journalisme", du nom de cette journaliste tuée par le gouvernement de l’apartheid alors qu’elle était en exil. Cette allocation, créée en collaboration avec la Fondation Ruth First, est destinée à « commémorer [la contribution de la marraine] en faveur d’une écriture critique, indépendante et engagée », a annoncé l’institution. Elle a précisé que les boursiers recevront une subvention de 25.000 rands (1 dollar = 7,3 rands) et qu’ils seront sélectionnés sur la base d’une oeuvre journalistique publiée dans un média et qui serait « originale, conforme à la manière de First et, de préférence, basée sur un reportage de première main ». Les candidats devront présenter leurs travaux lors d’une cérémonie publique dans un délai de six mois puis les publier ou les diffuser à la radio ou à la télévision, en utilisant une structure appropriée, ont expliqué les responsables de l’Université de Witwatersrand.

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