Environnement

Les forêts humides calédoniennes risquent de partir en fumée

Conséquence du cyclone "Erica" en Nouvelle-Calédonie

26 avril 2003

La forêt humide de Nouvelle-Calédonie, qui a déjà perdu plus des deux tiers de sa surface depuis l’arrivée de ses premiers habitants dans cette île il y a 3.000 ans, a été particulièrement fragilisée par le passage du cyclone Erica en mars dernier, a indiqué jeudi le World Wild Fund (WWF).

La forêt humide de Nouvelle-Calédonie abrite plus de 2.000 espèces végétales dont une grande partie n’existe nulle part ailleurs. Elle est aussi l’habitat des animaux emblématiques de la Nouvelle-Calédonie - le Cagou, le Notou, la Perruche de la chaîne, les roussettes - et, à ce titre, a une forte valeur culturelle et identitaire. Elle est source de gibiers pour les habitants de brousse, le château d’eau des néo-calédoniens, le garant de la qualité des rivières, le frein à l’érosion des sols et un atout incontestable pour le tourisme nature.

Cette forêt calédonienne doit pourtant faire face à de nombreuses agressions dont celle des feux, volontaires pour la grande majorité, précise le WWF. Malgré les efforts redoublés de sensibilisation de la part des provinces, malgré la vision désolée qu’a offert le pays en 2002 avec pas moins de 48.000 hectares partis en fumée (soit 3 fois la surface brûlée chaque année en forêt méditerranéenne !), les feux continuent leur œuvre destructrice. Il suffit de regarder à travers la planète pour se convaincre que le feu ne résout rien mais amène la désolation et la ruine : Madagascar, Bornéo, le bassin amazonien, …
La forêt humide calédonienne a déjà perdu plus des deux tiers de sa superficie initiale depuis l’arrivée de l’humain. Elle est aujourd’hui de plus en plus morcelée, reculant sur ses retranchements les plus inaccessibles.

Comme les humains, la forêt a été fortement éprouvée par Erica. Phénomène naturel mais particulièrement violent cette fois-ci, le cyclone a malmené les massifs forestiers de la chaîne. Les couronnes des arbres sont abîmées, beaucoup même sont à terre ; la voûte de la forêt qui assurait donc le maintien de l’humidité dans le sous-bois est aujourd’hui largement ouverte et va mettre longtemps à se refermer. Le soleil y pénètre et assèche le sous-bois où s’est formée une épaisse litière avec la chute des feuilles, des branches et des arbres. Le feu, en conditions normales, parcourait les savanes à niaoulis et venait mordre les lisières de la forêt qui abandonnait chaque fois aux flammes un peu de terrain. Là, il se trouvait malgré tout arrêté par l’humidité qui y régnait. Cette barrière naturelle étant en train de disparaître, tout est réuni pour que la forêt s’embrase à présent.
Le WWF alerte l’opinion publique sur les risques importants qu’encoure la Nouvelle-Calédonie de voir partir en fumée ses massifs de forêt humide. Il appelle les collectivités à renforcer des moyens de lutte nettement insuffisants, ainsi que chaque citoyen à la prise de conscience et au civisme.


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