
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Chiapas
Dix ans de résistance au grand jour des zapatistes
5 janvier 2004
« Nous étions comme des pierres, comme les plantes qui sont sur les chemins... Nous n’avions pas la parole. Nous n’avions pas de visage. Nous n’avions pas de nom. Nous n’avions pas d’avenir. Nous n’existions pas... Nous étions un nombre inutile pour les comptes du grand capital. Alors nous sommes partis dans la montagne... » (Major Ana-Maria, 1996).
En 1992, soit 500 ans après la "découverte" de l’Amérique par les Européens et le début de la conquête sanglante qui l’a suivie, le prix Nobel de la paix avait été attribué à Rigoberta Menchu, indienne guatémaltèque, défenseuse des droits humains. Cette année-là, on célébrait, au Mexique, les succès économiques du président Carlos Salinas de Gortari, celui qui avait enfin fait entrer le pays « dans l’ère de la modernité » en signant avec les États-Unis et le Canada, l’accord de libre commerce nord-américain (ALENA).
Dans l’État du Chiapas, quelques incidents étaient passés inaperçus. Le 12 octobre 1992, sur la place centrale de San Cristobal de Las Casas, des Indiens avaient déboulonné et abattu la statue du conquistador Diego de Mazariegos. En 1993, l’armée mexicaine avait découvert un camp d’entraînement dans la forêt Lacandone, donnant lieu à des affrontements avec des guérilleros dont on disait qu’ils s’étaient installés là depuis une dizaine d’années. La surprise fut donc totale lorsque, dans la nuit du 31 décembre 1993, des hommes et des femmes sommairement armés, à visage découvert pour certains, d’autres masqués par des foulards ou des passe-montagnes, occupèrent plusieurs villes et villages du Chiapas. Un homme aux yeux clairs, coiffé d’un passe-montagne surmonté d’une casquette usagée, dont on appris qu’il s’appelait Marcos et qu’il était sous-commandant de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), prit la parole au balcon de la mairie de San Cristobal de Las Casas et expliqua, au Mexique et au monde, qu’il s’agissait d’une insurrection indienne contre l’armée et l’État mexicain. L’EZLN en fit connaître les raisons dans la première déclaration de la forêt Lacandone : « Nous luttons pour le travail, la terre, un toit, l’alimentation, la santé, l’indépendance, la liberté, la démocratie, la justice et la paix. Nous ne cesserons pas de nous battre jusqu’à avoir obtenu satisfaction et formé un gouvernement libre et démocratique ».
Dix ans plus tard, et vingt après la naissance du mouvement insurgé, le commandant David, l’un des dirigeants tzotzil du Comité clandestin révolutionnaire indien-commandement militaire de l’EZLN, s’est adressé aux peuples indiens du Mexique. Constatant qu’aucun gouvernement n’a voulu comprendre « la juste cause du soulèvement » zapatiste, il affirme dans son message : « Il est clair qu’aucun gouvernement ne va nous donner le droit et la liberté de vivre dignement. C’est pour cela qu’aujourd’hui nous ne demandons plus, nous n’exigeons plus. Il faut maintenant agir et exercer nos droits comme peuples légitimes et premiers habitants de ce pays (...) Nous appelons les peuples indiens de notre pays à s’unir et s’organiser pour exercer leurs droits comme peuples, sans crainte, car s’unir et s’organiser pour chercher une vie digne pour nos peuples et pour l’avenir de nos enfants (...) n’est pas un délit (...) L’heure est venue et nous n’avons pas à attendre l’autorisation du mauvais gouvernement car nous ne l’aurons jamais. Si nous ne le faisons pas, personne ne le fera à notre place. Frères et sœurs indiens, ce que nous voulons vous dire c’est qu’il n’y a pas d’autres solutions pour sortir de cette triste situation que nous vivons, nous tous les Indiens ».
Entre les deux textes, dix années se sont écoulées et cette rébellion, que l’on croyait vouée à l’échec dans les heures qui ont suivi sa naissance, dont les zapatistes eux-mêmes pensaient qu’elle serait réprimée dans le sang indien, reste bien vivace.
Il avait fallu la décision inattendue d’un président qui ne voulait aucune ombre sur l’ALENA, et un cessez-le-feu de l’armée mexicaine, proclamée au douzième jour du conflit, suivi d’une loi d’amnistie, pour que la guerre prenne un tour différent, totalement inédit. Experts en résistance, les zapatistes sont alors passés de la guerre des armes à une guerre de paroles, de poèmes, d’idées, ponctuée par le talent et l’humour du sous-commandant Marcos. Une création au jour le jour car tout avait été prévu sauf la possibilité de cet espace d’expression et d’action au milieu des tanks, des paramilitaires et du mépris des gouvernants.
Dix années et le néo-zapatisme n’est pas mort. Il n’a pas gagné non plus la bataille contre la pauvreté et l’injustice mais il a ouvert des chemins nouveaux. Il a touché le monde indien et rural mexicain, mais aussi celui urbain des pauvres, des sans voix, des immigrés de l’intérieur. Sous le passe montagne, il a rendu visibles les oubliés. Il a redonné la parole aux sans-voix. Il a rendu leur dignité aux exclus. Il a secoué le monde paysan, étudiant, intellectuel. Il peut se targuer d’être à l’origine de formes nouvelles de dire et de faire la politique, en revenant aux sources de la représentation avec le "mandar obedeciendo", "diriger en obéissant", essence du mouvement zapatiste, et d’avoir convoqué, en 1996, le premier forum social mondial, avec la rencontre de La Realidad.
Le mouvement zapatiste a révélé d’autres luttes indiennes au Mexique, dans le Guerrero, le Michoacan, dans les États de Oaxaca, Hidalgo ou Chihuahua. Son écho s’est fait entendre au Honduras, au Panama, en Bolivie, au Venezuela, au Brésil, en Équateur et, plus loin encore, chez les Indiens Mapuches du Chili.
Les principaux événements des dix dernières années |
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1er janvier 1994 : Des Indiens insurgés occupent plusieurs villes et villages du Chiapas. Premier jour de l’ALENA.
12 janvier 1994 : Le gouvernement proclame le cessez-le-feu. Mars 1994 : Premières négociations avec la médiation de l’évêque de San Cristobal, Samuel Ruiz. Août 1994 : Convention zapatiste à l’Aguascalientes de Guadalupe Tepeyac. Élection du président Zedillo (Parti révolutionnaire institutionnel). 1995 : Le gouvernement viole la loi d’amnistie et tente d’arrêter, à Guadalupe Tepeyac, les dirigeants zapatistes. Massacre de paysans à Aguas Blancas dans l’État de Guerrero. 1996 : Signature des accords de San Andrés. Rencontre intercontinentale pour l’humanité et contre le néolibéralisme à la Realidad. Création de communes autonomes au Chiapas. Apparition de l’Armée populaire révolutionnaire (EPR) puis de l’Armée révolutionnaire du peuple insurgé (ERPI) dans le Guerrero. 1997 : 1.111 zapatistes arrivent à Mexico faire entendre leur voix. 22 décembre 1997 : Massacre d’Acteal, 45 morts. Exode. 2000 : Élection du président Fox (Parti d’action national, conservateur). Naissance de la commune autonome de Suljaa’ dans le Guerrero. 2001 : La marche "Couleur de la terre" traverse le Mexique. Mais la majorité des parlementaires refuse de voter la loi sur la culture et les droits indiens issue des accords de San Andrés. 2003 : L’EZLN sépare le civil et le militaire. Création des "caracoles" et des conseils de bonne gouvernance pour autogérer les communes autonomes. |
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