36 millions de réfugiés en 2008, 50 millions estimés l’an dernier

Les migrations liées au changement climatique

16 mai 2011, par Céline Tabou

La question de la migration liée au changement climatique, qui est une cause et un résultat de celle-ci doit être prise en compte aujourd’hui. Selon Achim Steiner, directeur exécutif du PNUE, chaque année des millions de personnes sont déplacées à cause des catastrophes naturelles.

Dans un éditorial, le directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a posé le problème des « réfugiés climatiques » réel problème à envisager dès aujourd’hui. Cette analyse survient après l’annonce de l’Organisation des Nations Unies du lancement du rapport intitulé “Dissocier l’utilisation des ressources naturelles et son impact sur l’environnement de la croissance économique”.
Mettant en avant les conséquences économiques et migratoires des changements climatiques, le communiqué de presse de l’ONU a précisé, « l’humanité peut faire plus avec moins de ressources », à la veille de la dix-neuvième session de la commission du développement durable.

Adopter une approche de précaution

Achim Steiner a indiqué qu’en 2008, les analyses faites par les États-Unis ont conclu que les événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique pourraient conduire à une migration de masse dans certaines parties du monde. Cette même année, 36 millions d’individus ont été déplacés par des catastrophes naturelles soudaines, en 2010, les estimations sont de 50 millions de « réfugiés climatiques ».
La migration, l’augmentation des populations, la consommation non durable des ressources, la pauvreté, et la guerre civile contribuent selon Achim Steiner à la vulnérabilité des régions face aux catastrophes naturelles et climatiques. L’Institut International pour les Études Stratégiques au Royaume-Uni a expliqué que « dans les régions ayant des États faibles ou fragiles, le changement climatique fera augmenter le risque de pénuries de ressources, de migrations de masse et de conflits civils ».
Le PNUE interpelle les institutions publiques et privées à « la complexité et à l’incertitude scientifiques », mais également aux « preuves croissantes du changement climatique ». Celui-ci appelle à la précaution des gouvernements et au « bon sens où la gestion prudente du risque nécessite une action ».

Les migrations climatiques stoppées en Europe

Les plus pauvres sont les plus touchés par cette migration climatique, « les migrations climatiques toucheront plus les personnes pauvres que les autres. Dans beaucoup d’endroits, ceux qui sont le moins capables de faire face à une météo hostile et à la dégradation de l’environnement seront obligés de se déplacer avec peu de biens et sans savoir ce qui les attend », a expliqué Bart W. Edes, directeur de la division Développement à l’Asian Development Bank (Banque de développement asiatique) dans son rapport publié en mars 2011.
Selon les estimations de l’Organisation internationale des migrations (OMI) 250 millions de personnes migreront en raison des catastrophes naturelles en 2050. L’étude “In search of Shelter”, conduite dans 23 pays et présentée en marge des négociations du nouvel accord contre le réchauffement, insiste pour que la communauté internationale intègre la dimension de ces migrations dans le futur traité international.
Le flux migratoire est devenu une problématique cruciale, car celui-ci a des conséquences économiques, écologiques et sociales sur les pays d’accueil. Les pays industrialisés peinent à sortir de la crise économique et financière et vont devoir accueillir un afflux massif de migrant suite aux changements climatiques.
En Europe, l’afflux migratoire pour des raisons climatiques et politiques ont poussé le gouvernement à envisager la fermeture des frontières, a contrario des accords de Schengen, afin de limiter l’arrivée de migrants. Le 12 mai, les ministres de l’Intérieur des États membres de l’Union européenne (UE), qui se sont réuni Bruxelles en session spéciale, se sont mis d’accord sur le renforcement des contrôles des frontières extérieures de l’UE en cas de situation de crise comme un flux important de migrants.
Cependant, selon le rapport de l’ADB, ces migrations climatiques peuvent découler d’une stratégie rationnelle d’adaptation et s’avérer profitables aux populations concernées, « bien gérées, les migrations climatiques peuvent être bénéfiques pour tout le monde, les régions d’origine comme les pays d’accueil et les migrants eux-mêmes », a indiqué au “Monde”, le coordinateur du rapport, François Gemenne, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales.

Céline Tabou

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Le PNUE préconise de « faire plus avec moins »

Le rapport, présenté à New York, le 12 mai, par le coordonnateur de l’étude, M. Mark Swilling, professeur à l’Université Stellenbosch en Afrique du Sud, met en garde sur « le fait que le taux de croissance économique en augmentation ne doit pas être proportionnel au taux de consommation des ressources naturelles qui, selon les estimations, pourrait atteindre 140 milliards de tonnes d’ici à 2050, soit trois fois le niveau actuel de ressources naturelles utilisées par an à travers le monde », a indiqué le communiqué de presse de l’ONU.
La solution viendrait, selon Achim Steiner, « du changement de notre approche conceptuelle du développement et de la croissance, en tenant compte de l’avenir de la planète ». C’est pour cette raison que les chercheurs et spécialistes espèrent que le prochain Sommet de Rio +20, qui se tiendra à Rio de Janeiro du 4 au 6 juin 2012, sera un « tournant majeur afin que les pays développés soutiennent les efforts des pays en développement sur la voie d’une économie verte ».
« Dissocier la consommation des ressources et son impact sur l’environnement de la croissance économique est une solution gagnante sur tous les tableaux : économique, social et environnemental »,
a-t-il indiqué.


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