Les préjugés sexistes sont toujours « enracinés » dans les sociétés

Les Nations Unies ne constatent aucune amélioration dans la réduction des préjugés

13 juin 2023

Le dernier rapport de l’Indice des normes sociales de genre (GSNI) n’a révélé aucune amélioration des préjugés à l’encontre des femmes en une décennie, car près de 9 hommes et femmes sur 10 dans le monde qui nourrissent toujours de tels préjugés aujourd’hui.

La moitié de la population dans le monde estime toujours que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques que les femmes et plus de 40 % considèrent que les hommes font de meilleurs chefs d’entreprise que les femmes.

Selon le nouveau rapport GSNI publié le 12 juin par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), 25 % des personnes pensent encore qu’il est acceptable qu’un homme batte sa femme.

Ces préjugés dressent des obstacles auxquels les femmes sont confrontées et atteignent les droits des femmes dans de nombreuses régions du monde où des mouvements contre l’égalité des genres gagnent du terrain et, dans certains pays, conduisent à une hausse inquiétante des violations des droits humains.

Les préjugés se reflètent dans la grave sous-représentation des femmes aux postes de direction. En moyenne, la part des femmes cheffes d’État ou de gouvernement a stagné autour de 10 % depuis 1995 et sur le marché du travail, les femmes occupent moins d’un tiers des postes de direction.

Le rapport met en avant la rupture du lien entre les progrès des femmes dans l’éducation et leur autonomisation économique. Pourtant, les femmes sont plus qualifiées et instruites. Dans les 59 pays où les femmes sont désormais plus éduquées que les hommes, l’écart de revenu moyen entre les genres atteint des niveaux surprenants atteignant 39 % en faveur des hommes.

« Les normes sociales qui limitent les droits des femmes sont également préjudiciables à la société dans son ensemble, freinant les progrès du développement humain. De fait, l’absence d’améliorations dans le domaine des normes sociales relatives à l’égalité des genres se déroule dans un contexte de crise du développement humain : l’indice de développement humain (IDH) mondial a baissé en 2020 pour la première fois de son histoire, phénomène qui s’est répété l’année suivante. Tout le monde y gagnera si la liberté et le pouvoir des femmes sont garantis », a déclaré Pedro Conceição, Directeur du Bureau du Rapport sur le développement humain du PNUD.

Le rapport souligne que les gouvernements ont un rôle crucial à jouer dans l’évolution des normes sociales relatives à l’égalité des genres. Ainsi, les politiques en matière de congé parental ont modifié les perceptions concernant les responsabilités liées aux soins et les réformes du marché du travail ont entraîné une modification des croyances vis-à-vis de l’emploi des femmes.

« La première étape importante consiste à reconnaître la valeur économique des soins non rémunérés. La façon dont les soins sont perçus peut s’avérer très efficace pour remettre en question les normes liées au genre. Dans les pays où les stéréotypes sexistes à l’égard des femmes sont les plus fréquents, on estime que les femmes consacrent plus de six fois plus de temps que les hommes aux soins non rémunérés » a déclaré Raquel Lagunas, directrice de l’équipe Genre du PNUD.

En dépit de la persistance des préjugés à l’encontre des femmes, dans 27 des 38 pays où le sondage a été réalisé, la proportion de personnes ne nourrissant aucun préjugé avait augmenté, quel que soit l’indicateur concerné.

Les auteurs du rapport soulignent que pour aller vers une plus grande égalité des genres, l’accent doit être mis sur l’accroissement du développement humain à travers l’investissement, l’assurance et l’innovation.

cela signifie un investissement plus important dans des lois et des mesures politiques qui promeuvent l’égalité des femmes dans la participation politique, l’élargissement des mécanismes d’assurance, tels que le renforcement des systèmes de protection sociale et de soins et l’encouragement d’interventions innovantes. Ces changements pourraient être particulièrement efficaces pour remettre en question les normes sociales néfastes, les attitudes patriarcales et les stéréotypes de genre.

Enfin, le rapport recommande de s’attaquer directement aux normes sociales par le biais de l’éducation, afin de faire évoluer les opinions du public par des politiques et des évolutions juridiques reconnaissant les droits des femmes dans toutes les sphères de la vie mais aussi en permettant une plus grande représentation des femmes dans la prise de décision et les processus politiques.


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