Santé et société

Les nouveaux produits anti-SIDA à l’ordre du jour de la CISMA

Un moyen de lutter contre l’épidémie

22 septembre 2003

La mise au point de nouveaux médicaments pour lutter contre la propagation du VIH/SIDA est l’un des principaux points de l’ordre du jour de la Conférence internationale sur le SIDA et les maladies sexuellement transmises (CISMA), ouverte hier et qui se poursuit jusqu’à vendredi à Nairobi. Environ 8.000 délégués sont attendus.
Au nombre des nouveaux produits à examiner lors de la conférence, figurent les microbicides, des composés qui se présentent sous forme de gels, de crèmes, de mousse, de lubrifiants et d’éponges. Bon nombre de ces composés, qui peuvent être utilisés à l’insu du partenaire sexuel, ne tuent pas nécessairement les microbes, comme semble le suggérer leur nom. Les travaux actuels sont focalisés sur la mise au point de produits qui détruisent ou neutralisent le virus par divers moyens, notamment par le renforcement des défenses vaginales normales. Les microbicides empêchent l’accès du VIH aux cellules. Ils peuvent aussi prévenir sa multiplication une fois qu’il a pénétré une cellule.
Même si les microbicides ne sont pas encore disponibles, leur mise au point est en cours et leur efficacité est présentement testée, ont expliqué les organisateurs de la conférence. Plus de 60 candidats microbicides en sont à divers stades de la mise au point, certains d’entre eux étant au stade des essais cliniques. Les études en laboratoire ont apporté la preuve de l’innocuité des microbicides. Cependant, des essais supplémentaires sont effectués afin de déterminer le degré d’innocuité et d’efficacité sur les humains, en particulier en Afrique du Sud, en Thaïlande, au Zimbabwe et en Côte d’Ivoire Selon l’Alliance pour la mise au point des microbicides, plus de 28 Organisations non gouvernementales (ONG) et 6 organismes du secteur public mènent actuellement des recherches sur les composés.
Le Carraguard, en tête de liste dans les travaux de recherche du Population Council, serait non-contraceptif et, par conséquent, il pourrait être recommandé aux femmes qui souhaitent se protéger du VIH tout en n’excluant pas de faire un enfant. L’Université du Cap et l’Université médicale d’Afrique australe, à Pretoria, font partie des sites retenus pour l’étude. Dans l’ensemble, onze de ces composés ont administré la preuve de leur innocuité et de leur efficacité chez les animaux, et font actuellement l’objet de tests sur les humains. Si l’un d’eux se révèle efficace et que les investissements nécessaires sont disponibles, un microbicide pourrait être mis au point d’ici 2005, ont encore expliqué les défenseurs de ces produits.
« L’augmentation des financements destinés à la recherche sur les microbicides pourrait réduire de moitié la durée du processus de mise au point, ce qui pourrait, à terme, sauver des millions de vies », note George Brown, de la Fondation Rockefeller. George Brown fait observer que de nombreuses femmes ne disposent pas du pouvoir social et économique requis pour imposer l’utilisation des préservatifs ou la fidélité, voire de renoncer à une relation qui pourrait les mettre en danger. « Les femmes ont désespérément besoin d’un produit de prévention du SIDA sur lequel elles pourraient exercer leur contrôle. Le monde a besoin d’un microbicide et d’un vaccin pour prévenir le fléau », a-t-il ajouté.
Lori Heise, de la Campagne mondiale pour les microbicides, indique que ces derniers doivent être recommandés comme « un produit d’appoint aux préservatifs et non comme une solution de remplacement, étant donné que leur efficacité serait de 60%, tandis que celle des préservatifs est de 90% ». Selon la Campagne mondiale pour les microbicides, les institutions universitaires ou les sociétés biotechnologiques conduisent la majeure partie des recherche sur les composés, à l’aide essentiellement de financements publics. Les grandes entreprises pharmaceutiques n’ont pas encore manifesté leur intérêt pour ces recherches, une attitude dictée, pour une grande partie, par le fait que les microbicides sont des produits de santé publique de base qui pourraient engendrer de considérables avantages pour la société, mais pour lesquels les perspectives de profit sont faibles pour les investissements privés.


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