Le directeur de la F.A.O. met en garde l’Afrique

Les O.G.M. ne sont pas une priorité

5 juillet 2005

(page 8)

Le directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), Jacques Diouf, a déclaré dimanche à Syrte, en Libye, que l’introduction des Organismes génétiquement modifiés (OGM) dans le secteur agricole africain "n’est pas la priorité" pour ce qui est de la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
Selon Jacques Diouf, les priorités de l’Afrique sont l’eau et les infrastructures rurales, conformément à la décision prise par les leaders africains à l’occasion du sommet 2003 de Maputo, au Mozambique, et réaffirmée par la suite lors du sommet extraordinaire de février 2004, qui s’était aussi tenu à Syrte sur l’eau et l’agriculture. "Le défi est aujourd’hui de savoir comment nous (partenaires internationaux) pouvons aider l’Afrique à traduire ces politiques en action", a affirmé le dirigeant de la FAO, dans un entretien en marge de la 7ème session ordinaire du Conseil exécutif (CE) de l’Union africaine.

Pour des règles internationales

Le CE, qui se compose des ministres des Affaires étrangères des États membres de l’Union africaine, prépare le terrain pour le sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’organisme panafricain, dont l’ouverture avait lieu hier, pour une durée de deux jours. Le thème de la production de semences, proposé par le pays-hôte, la Libye, est présentement examiné au niveau du CE du sommet de l’UA.
Jacques Diouf a également parlé du rapport de la Commission Blair pour l’Afrique, qui met l’accent sur la nécessité d’investir deux milliards de dollars par an pour la récupération de l’eau à petite échelle, de même que les systèmes d’irrigation et de drainage afin de doubler les surfaces irriguées et, ce faisant, passer des 4% actuels à 8%, ce qui devrait permettre d’accroître la production agricole du continent.
"Nous avons évidemment besoin de semences, il y a des semences gratuites mises au point par les centres internationaux et nationaux de recherche et qui ne sont pas utilisées... moins de 2 à 5% de ces semences gratuites sont utilisées. Par conséquent il nous faut d’abord les utiliser avant de nous tourner vers les OMD", a-t-il plaidé.
En tout état de cause, a encore déclaré Jacques Diouf, "un organisme conjoint FAO/OMS travaille sur les règles internationales à mettre en œuvre en ce qui concerne l’utilisation des OGM", avant d’ajouter : "nous attendons le résultat de cet exercice international pour décider de qui a raison et qui a tort" pour ce qui est du débat sur les OGM. 

Faire face au défi démographique

Il a ensuite suggéré que les scientifiques africains soient formés pour l’instant à l’utilisation des nouvelles technologies afin de leur donner les moyens de comprendre le sujet "pour faire de telle sorte que, lorsque le moment sera venu, ils puissent travailler sur les questions touchant aux OGM en mettant à profit leur propre formation". "Nous ne pensons pas qu’il soit judicieux de se précipiter sur telle ou telle chose tout simplement parce qu’elle serait à la mode, mais coûteuse...", a souligné le responsable de la FAO.
"Naturellement, nous devons compter sur la science en tant que facteur de progrès humain et nous ne saurions exclure la possibilité d’utiliser cette technologie si elle est opportune, notamment au regard de la surexploitation des terres en Afrique, de la déforestation et de la croissance démographique qui devrait porter la population à deux milliards de personnes" en Afrique, a indiqué Jacques Diouf. "Nous devons aborder le sujet en nous montrant très raisonnables, rationnels et mesurés", a-t-il ajouté.


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