Che Guevara, apôtre des opprimés -2-

Les premières mesures révolutionnaires – 3-

5 décembre 2017, par Salim Lamrani

Le cinquantième anniversaire de l’assassinat du Che en Bolivie le 9 octobre 1967 offre l’occasion de revenir sur le parcours du révolutionnaire cubano-argentin qui a dédié sa vie à la défense des « Damnés de la terre ».

Pourquoi Che Guevara est-il nommé Procureur de la Cabaña et chargé des tribunaux révolutionnaires ?

Le prestige et l’autorité du Che sont indiscutables à Cuba. Il est réputé pour sa droiture et son intransigeance. Durant la lutte révolutionnaire, il s’est montré implacable avec les puissants, les bourreaux, les tortionnaires et les assassins, et bienveillant avec les faibles, les victimes et le petit peuple exploité et humilié.

Durant la guerre révolutionnaire, Fidel Castro a fait le serment au peuple que les criminels seraient châtiés. La dictature de Fulgencio Batista avait fait près de 20 000 victimes. Lors de son premier discours le 1er janvier 1959, le leader de la Révolution avait lancé un appel au peuple, le conjurant de ne pas céder aux sirènes de la vengeance, assurant que les coupables seraient punis par les tribunaux révolutionnaires. Le peuple cubain a d’ailleurs fait preuve d’un grand civisme lors du triomphe de la Révolution et n’a pas sombré dans la violence vengeresse. Il savait que l’heure de la justice arriverait et Fidel Castro a tenu parole en nommant le Che, figure prestigieuse du mouvement révolutionnaire, Procureur de la Cabaña.

La justice révolutionnaire est toujours une justice sommaire et expéditive, dans tous les pays du monde. Les individus reconnus coupables de crimes de sang ont été condamnés à la peine capitale. C’était une nécessité politique, une exigence populaire et un devoir de justice que de juger les criminels de guerre et les tortionnaires. Il y a eu environ 500 exécutions suite au triomphe de la Révolution lors de procès publics, car le peuple devait être informé du déroulement du processus judiciaire en toute transparence.

Aux Etats-Unis, le gouvernement et la presse ont lancé une campagne de discrédit contre le gouvernement révolutionnaire, dénonçant les exécutions. Curieusement, durant la sanglante dictature de Bastita, ils avaient tous – à quelques exceptions près – observé un silence complice pendant que les Cubaines et les Cubains étaient poursuivis, violés, torturés et assassinés.

En guise de comparaison, lors de l’Epuration survenue en France à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, plus d’un million de personnes furent arrêtées et près de 100 000 furent condamnées. Il y eut près de 10 000 exécutions, dont 9 000 extrajudiciaires.

(à suivre)

Salim Lamrani
Université de La Réunion


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