Che Guevara, apôtre des opprimés -2-

Les premières mesures révolutionnaires -4-

6 décembre 2017, par Salim Lamrani

Le cinquantième anniversaire de l’assassinat du Che en Bolivie le 9 octobre 1967 offre l’occasion de revenir sur le parcours du révolutionnaire cubano-argentin qui a dédié sa vie à la défense des « Damnés de la terre ».

Le Che était-il impliqué dans les Unités militaires d’aide à la production (UMAP) ?

Non, le Che n’a pas été à l’origine des UMAP. A Cuba, le service militaire est obligatoire. Dans les années soixante, les personnes qui ne souhaitaient pas effectuer leur service pour des raisons éthiques, philosophiques, religieuses ou personnelles, devaient effectuer un service civique en réalisant des travaux agricoles dans des unités à la campagne. Au sein de ces UMAP, les homosexuels ont été victimes de discriminations, de vexations, de brimades et de moqueries et ont été logés dans des baraquements séparés.

Ces violations des droits humains sont parvenues aux oreilles de Vilma Espín, épouse de Raúl Castro, et surtout Présidente-fondatrice de la puissante Fédération des femmes cubaines. Elle en a donc informé Fidel Castro. Ce dernier, qui s’est toujours appuyé sur la jeunesse et les étudiants, a décidé d’envoyer clandestinement un groupe de militants de l’Union des jeunesses communistes au sein des UMAP pour vérifier les faits. Après plusieurs semaines d’observation, ils ont rendu un rapport accablant confirmant les atteintes aux droits de ces personnes et les UMAP ont été fermées en 1968, un peu moins de deux ans après leur création. Il faut rappeler que le seul rôle de Fidel Castro dans les UMAP a été de procéder à leur fermeture définitive.

Quelles sont les rapports du Che avec la presse ?

En tant que figure importante de la Révolution cubaine, le Che était régulièrement sollicité par la presse nationale et la presse étrangère, curieuse d’interroger un Argentin qui avait voué son existence au processus de transformation sociale de l’île. Le Che avait conscience de l’importance des médias dans la guerre politique et idéologique qu’il fallait mener contre les forces conservatrices.

Le Che a donc été à l’origine de la création de Radio Rebelde dans les montagnes de la Sierra Maestra le 24 février 1958, date commémorant le soulèvement de Baire de 1895 qui marque le début de la seconde guerre d’indépendance menée par José Martí. Avec du matériel rudimentaire et un branchement artisanal, le Che a réussi à briser le monopole médiatique de la dictature militaire de Fulgencio Batista. La revue Verde Olivo est l’organe de presse des forces armées révolutionnaires cubaines qui a été créée en avril 1959 par le Che, Camilo Cienfuegos et Raúl Castro. Dans cette revue, le Che a publié ses expériences de guerre et une section intitulée « Conseils au combattant », ainsi qu’une chronique régulière sous le pseudonyme de « Franc-tireur ». L’objectif de la revue était de cultiver la mémoire historique des luttes à Cuba et de transmettre les témoignages des combattants.

De la même manière, en juin 1959, Prensa Latina a vu le jour. L’objectif était de doter le pays d’une agence de presse performante afin de contrecarrer les campagnes de propagande hostiles en provenance des Etats-Unis. De plus, elle permettait d’apporter un regard latino-américain sur la réalité du Tiers-monde, et de s’émanciper ainsi de l’hégémonie médiatique de la presse occidentale.

(à suivre)

Salim Lamrani
Université de La Réunion


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