Lutte contre la mondialisation ultra-libérale

Les privatisations entraînent des scènes de révolte en République dominicaine

Un petit pays insulaire plongé dans le chaos par les "recettes" du F.M.I.

26 août 2003

À quelques jours de la réunion des ministres de l’OMC, on ne peut que constater que la mondialisation ultra-libérale creuse encore davantage les inégalités. Les peuples des petits pays insulaires sont particulièrement vulnérables aux conséquences de ce retour en arrière de plusieurs siècles, à l’époque où seule comptait la loi de plus fort.

Alors que la conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Cancun approche, chacun connaît le dogme de cette institution internationale : l’ouverture des marchés. Qui dit déréglementation dit aussi privatisation et, en trompant le monde en utilisant le mot "liberté", on cherche à faire revenir l’humanité des siècles en arrière, à l’époque où seule comptait la loi du plus fort.
Plusieurs petits pays insulaires ayant connu la société de plantation et l’esclavage sont depuis plusieurs années frappés de plein fouet par les conséquences de la mondialisation ultra-libérale, que les puissances de l’argent cherchent à imposer sous couvert d’organisations telles que l’OMC, la Banque mondiale ou le Fond monétaire international (FMI). Ce qui arrive en République dominicaine est édifiant.
Comme dans l’autre pays de l’ancienne Saint-Domingue - Haïti -, les "recettes" de l’ultra-libéralisme plongent davantage dans la misère les plus pauvres. Mais ces derniers ne se laissent pas faire. Malgré la répression du gouvernement et la campagne menée par des médias aux ordres des défenseurs de la mondialisation ultra-libérale, le peuple est dans la rue et demande à être écouté.

Vaste mouvement de protestation

Explosion du coût de la vie, graves pénuries électriques, fonctionnaires en grève et maintenant émeute sanglante... La République dominicaine ne cesse de s’enfoncer dans une des pires crises de son Histoire. Le 20 août dernier, de nouvelles manifestations contre la politique ultra-libérale du président Hipolito Mejia ont tourné à l’émeute, lorsque de jeunes contestataires masqués ont bloqué les routes de plusieurs quartiers de la capitale Saint-Domingue.
Dans la zone populaire d’El Tamarindo, la police a attaqué l’un des barrages en feu, en faisant usage d’armes à feu, tuant de deux balles à bout portant un habitant du quartier âgé de 24 ans. Près de vingt autres personnes ont été blessées et une douzaine de manifestants ont été arrêtés.
Le drame n’a pas mis un terme au vaste mouvement de protestation qui secoue le pays depuis le 19 août. Malgré la répression, syndicats et organisations populaires mobilisent sans discontinuer des milliers d’opposants pour protester contre l’accord que le le chef de l’État entend signer avec le Fonds monétaire international (FMI).
Celui-ci prévoit la mise en œuvre par l’État caraïbe d’un "plan de stabilisation économique", en échange d’un prêt de l’institution financière d’un montant de près d’un milliard d’euros. « Notre passé est là pour témoigner que chaque fois que le gouvernement signe avec le FMI, les conséquences sont funestes pour le peuple qui voit les dépenses sociales s’effondrer », indiquait récemment à la BBC Ramón Almanzar, coordinateur du Collectif d’organisations populaires, pour justifier les mobilisations.
Autre constante : les privatisations. En quelques années, l’État est ainsi parvenu à vendre l’essentiel de ses sociétés publiques tout en doublant, en deux ans, la dette externe du pays...

Le gaz : un produit de luxe

Avec les conséquences que l’on imagine : renchérissement des produits de première nécessité, abandon des infrastructures (routes notamment) et des programmes sociaux. Aujourd’hui, alors que le gaz est devenu un produit de luxe, l’eau et surtout l’électricité font le plus souvent défaut. Depuis la privatisation électrique de 1998, les hausses de prix du courant et les coupures sont devenus la hantise des habitants, ceux-ci pouvant être privés d’électricité durant plus de dix heures.
Dans un tel contexte, la révolte ne pouvait que gronder et, malgré les violences de rue et une presse acquise au libéralisme, les mobilisations contestataires se succèdent. En juillet dernier déjà, un homme de 40 ans avait succombé aux balles de la police, lors d’une importante manifestation.
Pour beaucoup, ces deux drames en à peine un mois pourraient annoncer une nouvelle explosion sociale généralisée, à l’instar de la révolte contre les coupures d’électricité de l’an dernier, qui avait coûté la vie à quelque cinquante personnes.


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