Les R.U.P sont loin d’être une charge pour l’Europe

3 novembre 2006

C’est connu : pour nous, s’agissant et concernant l’Europe, il y a les R.U.P (Régions Ultrapériphériques) et il y a la C.R.P.M (la Conférence des Régions Périphériques Maritimes). Les premières sont au nombre de 7. Il s’agit d’îles espagnoles (Canaries), portugaises (Açores et Madère) et françaises (Guyane, Guadeloupe, Martinique et La Réunion). Toutes se caractérisent par leur petitesse et leur insularité. Elles se trouvent, ceci n’est pas négligeable, à plus de 500 kilomètres de tout bassin de populations susceptible d’être un partenaire économique à potentiel comparable. La C.R.P.M, pour sa part, rassemble pas loin de 150 régions maritimes qui appartiennent à 21 États européens. Ces régions se situent à la périphérie des pays qui composent l’Europe continentale.

Par la force de la géographie et de la nature des problèmes généraux qu’elles connaissent, les R.U.P sont adhérentes à la C.R.P.M.

Le grand public connaît (quoi que !!!) ce dont il est question quand les Présidents des Régions européennes Ultrapériphériques se rencontrent. Nous commençons à être familiarisés avec le concept de « présence planétaire » que les R.U.P - « ces frontières avancées et actives » - donnent à l’Europe. Cette dernière est une puissance spatiale parce que la Guyane est française. Elle est présente dans l’Océan Indien parce que s’y trouve notre île. C’est une réalité dans laquelle, pour ce qui est de l’Atlantique, la Caraïbe a également toute sa place. Et si on parle beaucoup des Canaries comme point où échouent, par centaines et au péril de leurs vies, des immigrés africains, c’est parce que cette Région Ultrapériphérique est à quelques encablures de la Mauritanie.

Les R.U.P, c’est donc aussi l’opportunité pour l’Europe de disposer d’une façade maritime qui en fait une puissance de premier plan dans le segment de la géopolitique et de l’économie du monde. On connaît la jolie image prêtée à Arthur C.Clarke : « Quelle idée d’appeler cette planète “Terre” alors qu’elle est clairement océan... ». Et quand demain des milliers de kilomètres cubes de glaciers du pôle Nord auront fondu, que le niveau des mers aura monté et recouvert des dizaines de milliers de kilomètres de littoral, notre planète sera encore moins “Terre” et encore plus “océan”.

Une Conférence des Présidents des 7 R.U.P s’est tenue en Guadeloupe les 18, 19, 20, et 21 octobre derniers. Wilfrid Bertile y représentait notre île. Quelques jours après, les 25, 26 et 27 du même mois, nous étions en Espagne pour l’Assemblée générale de la CRPM. Wilfrid et moi-même, nous étions efficacement épaulés par Jean-Yves Dalleau, Conseiller technique du Président de la Région Réunion pour les Affaires européennes.

Pour avoir “vécu” l’atmosphère des ateliers techniques des R.U.P - principalement pour les problèmes de la Pêche - je n’ai pu m’empêcher, à Murcia, dans cette région autonome de l’Espagne qui, selon son Président Ramon Luis Valcarcel Siso, « respire l’Europe à plein poumons », de penser à celui qui fut le premier homme politique réunionnais élu au Parlement européen et qui, dès 1979 et depuis Strasbourg, su faire résonner jusqu’à Bruxelles le cri du bon sens et faire s’ouvrir les yeux et les intelligences sur les grands problèmes qu’auront, dans le siècle à venir, à affronter nos peuples et leurs responsables.

De ces grands problèmes, à Murcia, on a dit que si « nous sommes tous aujourd’hui unis sur les diagnostics, nous ne le sommes pas encore sur les actions »... À Murcia, on a souligné que « désormais, nous ne sommes plus dans une position d’attente et de revendications, mais devant la nécessité de construire ensemble »... À Murcia, on a applaudi « le rôle incontournable des régions dans l’animation de la vie économique en Europe »...

On pourrait voir dans de tels propos la marque d’un enthousiasme bien juvénile, sinon utopique. Peut-être... Mais quand, après avoir placé chacun devant le miroir d’une inévitable migration qui verra s’amplifier les mouvements de populations des continents sous développés vers une Europe vieillissante et qui se dépeuple, Philippe Cichowlas, Directeur de la C.R.P.M, conclut en disant que « dans dix ans sûrement, les consciences dans le monde auront pleinement pris la mesure que demain est appelé à être profondément différent », dans la foule, un ange passait.

Alors je pensais à ce mot lâché la veille par John Richardson, la tête pensante des Affaires maritimes de la Commission européenne : « Les Régions Ultrapériphériques sont loin d’être une charge pour l’Europe »... Dans cette Assemblée où ce qui est dit a été réfléchi, c’était là un bel hommage à celui dont j’avais l’honneur de suppléer à l’empêchement...

Raymond Lauret


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