François Lucas, président de la Coordination rurale

Les ravages de la libre concurrence sur l’Agriculture

25 mai 2005

Invité par le Mouvement républicain et citoyen, François Lucas, le président de la Coordination rurale, a participé hier soir à un meeting en compagnie de plusieurs élus de La Réunion à Petite-Ile. Le matin, il avait rencontré la presse à Saint-Denis pour apporter un éclairage sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe, et les craintes dont elle est porteuse pour l’Agriculture.

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Le premier point de rencontre entre les préoccupations du MRC et celles de la Coordination rurale est leur préoccupation pour "une expression de la démocratie qui puisse se faire partout". C’est pourquoi le président du syndicat agricole national, François Lucas, est venu rencontrer les agriculteurs réunionnais pour expliquer comment le volet agricole est traité dans la Constitution et aussi pour poser la première pierre de la construction d’une coordination rurale à La Réunion.

La fin de la PAC

La Coordination rurale est née de la réforme de la Politique agricole commune (PAC) en 1992 qui selon François Lucas "signait la fin de la Politique agricole commune au sens du Traité de Rome. La référence au cours mondiaux comme prix guide dans l’agriculture européenne montrait que les décideurs n’étaient plus intéressés par une PAC autonome, visant à l’autosuffisance alimentaire, respectant la préférence communautaire et possédant des outils pour contrôler la production et le marché". Pour lui, ce traité persiste et confirme.
Autre volet : "l’abandon de la notion de sécurisation au sens sanitaire, ouvrir les frontières au pays tiers nous refuse la possibilité de contrôler les produits, sans OGM par exemple. On s’oriente vers une agriculture soumise au GATT".

Anarchie dans l’agriculture

Il remarque que "la libre concurrence est la valeur qui supplante toutes les autres. L’agriculture était le ciment de l’Union européenne, demain je crains que l’agriculture n’en soit le solvant. Il y a des déclarations de bonnes intentions, mais le traité oublie la nécessité de préserver l’environnement et l’agriculture durable".
"Je n’imagine pas une Constitution qui fasse se battre entre eux les producteurs de l’Union européenne", déclare-t-il encore en se référant à l’article III-323. "Il n’est plus possible d’établir des tarifs douaniers vis-à-vis des pays tiers. Dans un projet de Constitution, on tente de graver une politique agricole qui n’est pas celle que concevaient les agriculteurs européens, mais celle des apôtres du libre-échangisme qui ne respecte pas la terre. L’agriculture ne peut pas être traitée comme un vulgaire secteur marchand, elle touche à la santé, au bien-être. La PAC maîtrisait et orientait la production, elle permettait aux agriculteurs de vivre correctement et dignement. Elle doit être revue en 2013, son évolution devra-t-elle se conformer au cadre qui est soumis à notre consentement ? La Réunion ne va pas échapper à cette anarchie dans l’agriculture".

Eiffel


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