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9 août 2007
Des archives, “les bijoux de famille”, ont été rendues publiques il y a quelques semaines par la célèbre agence. Vingt ans d’histoire d’activités illégales et de coups tordus. Ce n’est pas de la fiction...
« Je peux déclarer, et sous serment si nécessaire, que la CIA na jamais effectué d’assassinat politique ni n’a jamais provoqué ou suggéré que de tels assassinats aient lieu. Peut-être suis-je trop sensible, mais j’ose espérer que vous porterez cela à la connaissance de vos lecteurs. »
Cette affirmation se trouve dans une lettre adressée le 29 janvier 1972 à Lloyd Sherar, directeur du magazine de Los Angeles Parade, par William Colby, alors Directeur exécutif et chef des opérations de la CIA. Il avait été précédemment, pour le compte de la CIA l’organisateur de l’opération Phénix, un gigantesque programme terroriste d’assassinats politiques de civils vietnamiens soupçonnés d’être des “communistes”, qui coûta la vie à au moins quarante mille personnes. La lettre de Colby, ses différents brouillons et l’échange de correspondances avec le directeur de Parade, dont un journaliste avait osé écrire que la CIA « a utilisé l’assassinat politique comme une arme » constituent les derniers documents dune série officiellement appelée « les bijoux de famille » de la CIA. Ces fiches ont été rendues publiques le 26 juin dernier par l’actuel directeur de la CIA, Michael V. Hayden, quinze ans après la demande déposée au nom de la loi sur la liberté d’information par le centre de recherches indépendant, “National Security Archive”.
Les “bijoux de famille” rassemblent, selon ses initiateurs, des notes de synthèse toutes marquées du tampon “secret-regard uniquement” « des récapitulatifs d’actions menées par le passé » (de mars 1959 à mai 1973 - NDLR) qui « entrent en conflit avec les dispositions de la loi sur la sécurité nationale de 1947 » et « gardent un potentiel d’affolement actif », si elles étaient rendues publiques, affirme une note datée du 16 mai 1973 du directeur de la sécurité de l’agence Howard J. Osborne. Il s’agissait par conséquent de maintenir au fond du placard des secrets totalement impubliables. On était alors en pleine crise de destitution du président Richard Nixon, pris la main dans le sac après l’arrestation, le 17 juin 1972 de cinq “plombiers”, des agents de la CIA qu’il avait envoyés cambrioler le siège du Parti démocrate dans l’immeuble du Watergate, à Washington.
Révélations après révélations dans la presse, avec de mystérieuses sources comme ce fantôme surnommé “Gorge profonde”, le délire policier et la paranoïa de surveillance planétaire d’un régime englué dans la guerre du Vietnam furent l’objet de commissions d’enquêtes du Congrès américain, contraint d’agir face à une opinion par les révélations quotidiennes d’horreurs commises en son nom par le pouvoir. L’histoire des actions des services et polices secrets est, par définition, celle de l’illégalité et du crime, commis au nom de la raison d’État. On a pour habitude de stigmatiser les régimes autoritaires, précisément du fait de l’omniprésence dans le système de gouvernement des polices secrètes et autres escadrons de la mort. Mais lorsqu’il s’agit de régimes prétendant, au nom de démocratie, tuer, torturer, violer, renverser des gouvernements démocratiquement élus, le scandale est d’autant plus révoltant.
Les États-Unis, fondés sur le principe du moins de gouvernement possible, n’avaient pas de services de renseigne- ment central jusqu’en 1947, année au cours de laquelle fut votée la loi sur la sécurité nationale (National Security Act), créant tout à la fois un secrétariat (ministère) à la Défense, un état-major inter- armes et l’Agence centrale de renseignement - CIA. Ce service n’avait, selon la loi, que le droit de “regrouper et dévaluer” le renseignement. Il lui était, intrinsèquement, interdit d’espionner les citoyens américains. Les législateurs états-uniens étaient en effet très réticents. David Wise (1) cite l’interpellation du secrétaire à la Marine, James Forrestal par Clarence J. Brown, un élu républicain de l’Ohio en août 1947 : « Jusqu’où iront l’autorité et les compétences de cette CIA ? Il s’agit d’une véritable rupture avec ce que nous avons fait dans le passé aux États-Unis. Je souhaite certes un service de renseignement militaire à l’étranger le meilleur possible, mais je ne suis pas intéressé à la création, ici aux États-Unis, de quelque agence que ce soit, sous quelque président que ce soit, (...) et tout simplement autoriser [ce dernier] à avoir une Gestapo à lui, s’il a envie d’en avoir une. »
Le texte législatif - toujours en vigueur - précise que l’agence de renseignement « n’aura ni pouvoir de police et d’inculpation judiciaire, ni fonction de sécurité intérieure ». Mais une clause passée inaperçue à l’époque, a ouvert la voie à la légitimation de toutes les exactions : la CIA pouvait être appelée à fournir aux institutions de renseignement et d’investigation déjà existantes, telles le FBI (Bureau fédéral d’investigation) par exemple, « des services supplémentaires d’intérêt commun ». Pire, elle avait été habilitée à protéger « les méthodes et sources de renseignement de toute divulgation non autorisée ». En fait, l’implication intérieure de la CIA en a fait dès les premières années une véritable police politique secrète incontrôlable, selon le principe du « pas vu, pas pris ». Écoutes téléphoniques, ouverture de courrier, interrogatoires clandestins, menaces en tous genres, chantages et effraction de domiciles de citoyens « suspects d’activités antigouvernementales », étaient dès les années 1950 devenus lune des activités centrales de l’agence, toujours sous l’autorité directe des présidents successifs des États-Unis.
Rivale du FBI, la CIA se retrouvait aux côtés de la police d’État avec une même obsession : l’anticommunisme et la chasse à tout ce qui pourrait paraître subversif, comme par exemple le syndicalisme - déjà souvent noyauté par un assemblage nauséabond de mafieux, d’agents doubles ou triples et de dirigeants corrompus comme par exemple Jimmy Hoffa le patron du syndicat des camionneurs - ou encore, à partir des années 1960, la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains et celle contre la guerre du Vietnam.
Les “bijoux de famille”, ce sont plus de 700 photocopies numérotées et souvent presque illisibles - au moins une centaine ne sont que des pages blanches ou occultées - d’un vrac composé de notes diverses sans ordre apparent, de bordereaux d’envoi, de pièces sans queue ni tête comme celles portant sur un obscur différend financier - environ 15.000 dollars - avec le FBI, ou encore sur le nombre de timbres à payer pour l’envoi de lettres du président Johnson.
Ce sont des documents fastidieux à lire, tant leur style est cimenté dans la langue de bois bureaucratique. Mais un travail de décryptage et de recoupement, notamment avec les révélations des commissions d’enquête parlementaires du début des années soixante-dix - constituées après la révélation du Watergate - permet de cerner le caractère véritablement criminel de l’agence de renseignements. Et c’est dans ce sens que les “bijoux” sont en réalité des déchets ultimes à partir desquels on peut reconstituer une histoire de l’infamie. Aujourd’hui, sous la férule de l’oligarchie au pouvoir à Washington, l’État est devenu légalement policier, tortionnaire et terroriste, avec son Patriot Act liberticide, ses prisons secrètes de la CIA et sa prétendue « guerre durable contre le terrorisme ». Et pourtant aucune commission parlementaire d’enquête na été réclamée à ce jour. C’est la raison pour laquelle, les “bijoux de famille” nous rappellent aussi le courageux combat, dans les années soixante-dix, de citoyens et d’élus états-uniens contre l’arbitraire. Michel Muller (1) Voir “The American Police State - The government against the people”, de David Wise, First Vintage Books Edition, February 1978. Sans doute l’ouvrage le plus complet sur les turpitudes de la CIA et du pouvoir états-uniens de 1947 à 1976.
Les barbouzes battent leur coulpe ? En publiant, il y a peu, plus de 700 pages de documents secrets, la CIA laverait son passé trouble plus blanc que blanc. Cet épais pavé de notes internes et de pièces diverses, baptisé les “bijoux de famille”, provient pour l’essentiel d’un dossier commandé en 1973 par James Schlesinger, alors directeur de l’agence, soucieux de donner des gages de transparence sur deux décennies de plomb, période close avec l’implication de la CIA dans l’affaire du Watergate et la démission du président Nixon. Le “boss” des espions avait quelque raison de penser que bon nombre d’opérations secrètes violaient allégrement la charte de la CIA, chargée en principe de collecter, de centraliser des renseignements et de mener des opérations clandestines à l’étranger, et non sur le sol américain.
L’actuel directeur de l’agence, Michael Hayden, a fait sienne cette volonté d’entreprendre le ménage. Il a justifié le tri des archives par le fait d’éviter qu’une accumulation de cachotteries ne pousse finalement la désinformation « à remplir le vide comme un gaz ». Il a aussi reconnu dans une formule touchante que « l’agence avait fait des choses qu’elle n’aurait jamais dû faire ». C’est le moins que l’on puisse dire. Ce que révèlent les documents, ce sont des tentatives d’assassinat de chefs d’État et de leaders politiques, répétées et avortées s’agissant de Fidel Castro qui est sans doute l’un des rares à avoir su déjouer tous les complots fomentés contre lui, des surveillances illégales de citoyens, des emprisonnements abusifs, des expérimentations comportementales ou thérapeutiques sur des cobayes humains, à leur insu.
Cependant en séparant le bon grain du présent de l’ivraie du passé, il y a peu de chance que les “squelettes” sortent des placards. Au-delà de la simple lecture il se dégage aujourd’hui une sorte d’accablement si l’on mesure le haut niveau de l’ingérence des États-Unis par des opérations dites “couvertes” à travers le monde. Depuis sa création en 1947 au début de la guerre froide jusqu’au milieu des années soixante-dix, aucun contrôle parlementaire n’était exercé sur l’agence de Langley (ni d’ailleurs sur les autres services de renseignements américains). Depuis les années soixante-dix avec la crise engendrée par la défaite au Vietnam et le scandale du Watergate, deux commissions du Congrès sont chargées de surveiller ses activités. Malgré les restrictions imposées à l’initiative de l’exécutif, elles ont été régulièrement foulées au pied par “l’ordre spécial” dont est détenteur le président des USA.
La mission de la CIA couvre un large spectre et la liste des interventions criminelles est inépuisable. Rappelons tout de même le soutien au coup d’État au Chili en 1973, l’affaire de l’Iran Gate touchant l’Iran et le Nicaragua, la lutte contre l’URSS en Afghanistan dans les années quatre-vingt alliée aux services secrets pakistanais et saoudiens pour former des moudjahidin, Ben Laden entre autres, le coup de pouce à Saddam Hussein, etc. Toutes renvoient à cette “répugnante philosophie” d’une action illégale selon la définition célèbre du général Doolittle en 1954, qui jugeait nécessaire de l’appliquer en raison du danger du communisme. La menace actuelle identifiée a pour nom terrorisme. Décriée parce qu’elle n’aurait pas su déjouer les attentats du 11 septembre, la CIA reste l’instrument aux mains de George Bush et des faucons de Washington dont la mission “démocratique” proclamée est la guerre antiterroriste. L’État, légalement, est devenu policier, inquisiteur et liberticide avec son Patriot Act, ses prisons secrètes de la CIA et ses tortures. Pratiques mises au jour, dans un processus de lutte démocratique par tous ceux qui désormais exigent transparence et vérité. Car pour le fonds d’archives, il faudra sans doute encore attendre...
Michel Muller
(À suivre)
(1) In Search Of Enemies (“à la recherche d’ennemis”), de John Stockwell (Éditions W. W. Norton, New York, 1978).
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