Débat entre écologistes de La Réunion sur le projet de Traité constitutionnel - 4 -

’Les Verts, avec ce texte, perdent leurs valeurs’

27 avril 2005

Nous publions aujourd’hui le 4ème et dernier volet du débat entre les Verts Réunion et le Mouvement de la Gauche écologiste réunionnaise (MGER) au sujet du référendum du 29 mai. Guy Ratane-Dufour, secrétaire général du MGER, répond aux différents arguments exposés par les dirigeants des Verts lors d’une conférence de presse sur le projet de Traité constitutionnel européen (TCE).

(page 4)

o Les Verts :
La partie I amène simplification du fonctionnement de l’Union et renforcement du rôle du Parlement et fonde, ainsi, la perspective d’une véritable Europe politique.

Guy Ratane-Dufour :
Peut-être, mais encore une fois il faudrait mieux analyser ce texte. De quel Parlement s’agit-il ? Celui-ci tire sa légitimité non de l’ensemble des peuples, mais de chacun des pays représentés et élus de façon disparate et sans campagne officiellement européenne.
De cette légitimité, nous n’en voulons pas.

o Les Verts :
Droits de l’Homme, droits sociaux, protection de l’environnement, garanties judiciaires, égalité homme-femme... La charte des droits fondamentaux institue à l’échelle de l’Europe un haut niveau de protection des citoyens qui va au-delà de la constitution Française. Ne nous y trompons pas : si beaucoup de ces droits énumérés nous paraissent une évidence, leur avènement à l’échelle de l’Europe constitue une réelle garantie et une avancée dans certains pays. Elle sera, demain, un point d’appui essentiel pour ceux qui, notamment dans les nouveaux pays de l’union, voudrons entraîner leur société sur le chemin du progrès.

Guy Ratane-Dufour :
Commençons par la cause des femmes : loin de représenter une avancée pour les droits des femmes, le traité contient au contraire de graves menaces de régression. Il n’ouvre aucun droit nouveau par rapport aux traités et directives en vigueur. Au contraire, des droits essentiels pour les femmes en sont absents et certains d’entre eux sont en régression. La Charte des droits fondamentaux (deuxième partie du traité) est insuffisante, sa portée juridique est très limitée et subordonnée aux autres dispositions du TCE.
Continuons avec les droits sociaux : le traité gomme d’un trait de plume les avancées de 200 ans de luttes syndicales et surtout "le droit au travail" qui - même si il n’est pas respecté dans notre Constitution française - a été introduit par le Conseil national de la résistance ; ici on n’a rien trouvé de mieux que de le transformer en "droit de chercher du travail" ; bonjour l’avancée !
Quant à la l’écologie, mes amis Verts semblent avoir vendu leurs âmes au diable. Le texte sur l’écologie est relégué dans la chartre des droits fondamentaux, c’est la partie non-exigible de ce traité, c’est-à-dire que les états sont libres de l’appliquer ou non.
Alors chers amis Verts, expliquez-nous comment, si l’on dit "oui", vous allez vous arranger pour exiger le respect d’un article qui n’est pas obligatoire ?
De plus, la philosophie de ce traité est basée sur une croissance économique équilibrée et sur la stabilité des prix, une économie de marché hautement compétitive, dixit la nouvelle bible des Verts.
Les Verts, avec ce texte, perdent leurs valeurs et si, comme tout bon écologiste, ils avaient lu ou entendu notre maître à tous, René Dumont, ils sauraient que la philosophie écologiste démontre la nécessité d’une décroissance sur des valeurs de partage universel.
En 448 articles, il n’est pas fait une seule fois référence aux sanctions qui devraient être appliquées aux pollueurs ; en 448 articles, il n’est question que d’obligations vis-à-vis du marché et d’aucunes obligations des États membres en ce qui concerne les droits sociaux et l’écologie.

(Fin)


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus