Jean-Yves Langenier, maire et conseiller général du Port

Lettre aux Portoises et aux Portois

27 mai 2005

(page 4)

Madame, Monsieur,

Dimanche, le 29 mai, nous sommes appelés à nous prononcer sur le projet de traité de Constitution européenne. Oui ou non, en notre âme et conscience, sommes-nous d’accord avec ce texte qui va régir notre vie, mais aussi celle de nos enfants et de nos petits-enfants ? Rarement un vote aura revêtu une importance aussi grande pour notre avenir. C’est la raison pour laquelle il faut faire preuve de sagesse et de responsabilité avant de faire son choix.
La Constitution qui nous est proposée est en fait, force est de le constater, un mode d’emploi pour une Europe ultra-libérale, où la règle d’or est la sacro-sainte "loi de la concurrence libre et non faussée". Derrière ces mots un peu obscurs, se cache en réalité la loi économique ultra-libérale, qui est sans pitié pour les plus faibles, mais qui ouvre aux plus riches - en particulier aux détenteurs de capitaux - toutes les facilités pour s’enrichir encore plus.
C’est cette "loi du marché" qui autorise la destruction des services publics, la précarisation de l’emploi, l’allongement de la durée du travail, les délocalisations d’entreprises, la régression des droits en matière de soins médicaux, la dégradation des retraites, bref la régression sociale généralisée. Ce retour en arrière, cette attaque en règle contre le monde du travail, nous le vivons chaque jour sous la politique de casse sociale du gouvernement Chirac-Raffarin. La Constitution européenne, si elle était adoptée, rendrait encore plus néfaste cette mauvaise politique. Un seul moyen de résister : dire “non” à cette Constitution.
Les Réunionnais ont de plus des raisons toutes particulières pour refuser ce texte. Le statut de Région ultra-périphérique (RUP) pour La Réunion a été acquis de haute lutte grâce à l’action menée par le député réunionnais au Parlement européen, Paul Vergès, à partir des années 80. Il nous a permis de bénéficier des Fonds structurels européens pour financer nos équipements et notre formation. Or, aujourd’hui la Constitution proposée, loin de garantir le maintien de ces crédits, fragilise et affaiblit notre situation.
Le premier exemple va frapper nos planteurs de cannes dès le mois de juin. Et les travailleurs portuaires ont déjà subi les attaques du libéralisme avec les entreprises européennes qui viennent imposer leurs personnels, menaçant toutes les professions des quais.
Nous voulons l’Europe, mais une Europe sociale et solidaire.
Pour l’avenir de nos emplois, de notre économie, de notre société réunionnaise,
votons et faisons voter “non” au référendum du 29 mai prochain.

Jean-Yves Langenier,
maire du Port


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