Libération des otages en Colombie

29 décembre 2007

Annoncée, contrariée, jugée imminente hier... la libération des trois otages colombiens détenus par les FARC a enfin obtenu le feu vert de Bogota. Un plan de libération, de grande ampleur, a été décrit par Hugo Chavez, devant un parterre de journalistes venus du monde entier. À ses côtés, au palais de Miraflores et revenue précipitamment à Caracas, Piedad Cordoba, Sénatrice colombienne et ex-médiatrice dans le dossier des otages. L’Ambassadeur de France au Venezuela, Hadelin de La Tour-du-Pin, était également présent à cette conférence de presse.

Sept pays impliqués

Les modalités de la libération des otages « ont été mises au point jusque dans les moindres détails avec les commandants des FARC », a-t-il ajouté.
Sept pays sont impliqués par ce vaste plan de coopération internationale en vue de restituer les otages que le président vénézuélien a appelé « la caravane aérienne humanitaire » : outre le Venezuela, l’Argentine, l’Équateur, le Brésil, la Bolivie, Cuba et la France. Chacun des pays a nommé un émissaire pour le « sauvetage humanitaire » (pour la France, son ambassadeur au Venezuela). Tous les chefs d’État ont été contactés, dont Nicolas Sarkozy, mardi soir. La proposition a été transmise au gouvernement de Bogota.

Le Venezuela dépêchera deux hélicoptères MI-17 de fabrication russe dans la jungle colombienne vendredi, a déclaré Hugo Chavez. Il avait précisé plus tôt que les membres de la mission humanitaire, à laquelle participera notamment le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), se rendraient dans un premier temps en avion aux abords de Villavicencio, ville située dans le centre de la Colombie, à 75 km au Sud de Bogota, avant de s’envoler en hélicoptère vers un endroit tenu secret pour rencontrer les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Une fois les otages embarqués dans les appareils, ils seront transportés au Venezuela, où leurs proches et Hugo Chavez doivent les recevoir, a précisé le président vénézuélien.
Le Président colombien, Alvaro Uribe, a accordé à son homologue vénézuélien une fenêtre courant jusqu’à dimanche soir pour réaliser son opération et quitter l’espace aérien colombien. En accord avec les conditions posées par les autorités colombiennes, les avions et hélicoptères vénézuéliens qui seront envoyés pour récupérer les trois otages devront porter l’emblème de la Croix-Rouge.
Les trois personnes concernées par cette libération seraient l’ancienne parlementaire Consuelo Gonzalez, ainsi que Clara Rojas, collaboratrice de la Franco-colombienne Ingrid Betancourt, toujours détenue par les FARC, et le jeune fils de Mme Rojas, Emmanuel, né en détention. Les deux femmes se trouvent aux mains des rebelles des FARC depuis environ 6 ans. Le président vénézuélien a précisé avoir « des informations selon lesquelles (ces trois otages) sont en bonne santé ».

Chavez a voulu ménager son homologue colombien : « Nous respectons la souveraineté de la Colombie (...). Nous ferons tout pour avancer la coopération ». Enfin, Hugo Chavez a souhaité pouvoir obtenir la libération d’Ingrid Betancourt après celles des trois otages. « Nous voulons libérer tous ces otages. Plaise à Dieu qu’un autre groupe soit libéré, et j’ai l’espoir que, dans ce groupe, se trouvera notre amie Ingrid Betancourt, je l’ai dit au président Sarkozy », a-t-il ajouté. Entre-temps, la mobilisation continuait à Paris et à Bogota pour sa libération et celle des autres personnes détenues par les FARC.

Qui sont ces trois otages ?

• Clara Rojas

Enlevée par les FARC en même temps qu’Ingrid Betancourt, il y a près de 6 ans, Clara Rojas est née en 1963, à Bogota. Célibataire, elle est une femme énergique et discrète. C’est en 1992, peu après l’obtention de son diplôme d’avocate, qu’elle fait la connaissance d’Ingrid Betancourt avec qui elle collabore au ministère du Commerce extérieur.
Toutes deux se lancent en politique, et sont d’abord élues à la Chambre des députés puis au Sénat, avant de former un “ticket” en vue de l’élection présidentielle de 2002. Clara est l’ombre d’Ingrid, vice-présidente de leur parti Vert Oxygène. La complicité et la solidarité entre elles paraissent sans faille : au moment de leur enlèvement, près de Florencia, Clara refuse sa libération pour rester aux côtés d’Ingrid.

• Emmanuel

Ce petit garçon de 4 ans est le fils de Clara Rojas. Il est né d’une relation consentie avec un guérillero. Le père, sanctionné par les FARC, a été séparé de Clara durant la grossesse. Personne ne sait ce qu’il est devenu. Le nom d’Emmanuel n’a été connu qu’en mai dernier, lorsque le policier Pinchao, détenu par les FARC, réussit à s’échapper, et évoque les conditions de vie précaires des otages. Selon lui, l’enfant est en bonne santé, les guérilleros le gardent avec eux, s’occupent de lui, ne le laissant que peu de temps avec sa mère.
L’existence du petit garçon avait été révélée en 2006, au terme de 2 ans de vérifications auprès des FARC par le journaliste colombien Jorge Enrique Botero. Si l’on s’en tient à son récit, la naissance de cet enfant dans des conditions extrêmes a été un événement inédit pour la guérilla.

• Consuelo Gonzalez de Perdomo

Cette membre du Parti libéral colombien (social-démocrate) a été enlevée par les FARC en septembre 2001, sur une route du département de Huila (Sud de la Colombie). Âgée de 57 ans, elle est une femme politique expérimentée. Elle a été élue conseillère municipale de Pitalito, députée régionale et représentante à la Chambre à deux occasions. Son second mandat (1998-2002) n’a pu être achevé, à cause de son enlèvement. Elle est mère de 2 filles, Patricia Helena et Maria Fernanda.
Son mari, Jaire Perdomo, ancien membre du Congrès, est décédé en 2005 d’un problème cardiaque, alors que sa femme était détenue par les guérilleros.


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