Comité international de la Croix-Rouge

Libye : le coronavirus s’invite au milieu des bombes et des obus

14 avril 2020

Alors que des centaines de milliers de Libyens sont pris au piège d’un conflit qui monte en intensité, l’épidémie de Covid-19 menace de se propager et de mettre à mal le fragile système de santé du pays. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) craint que le virus ne vienne ajouter aux souffrances des familles touchées par le conflit, qui peinent déjà à satisfaire leurs besoins essentiels tels que l’accès au logement, à l’alimentation, à l’eau et aux soins de santé.

« Le système de santé libyen était déjà mis à rude épreuve avant l’épidémie de Covid-19 », explique Willem de Jonge, qui dirige les opérations du CICR en Libye. « Aujourd’hui, certains professionnels de la santé qui doivent être formés aux protocoles de prévention de l’infection au Covid-19 continuent d’être rappelés sur les lignes de front pour soigner les blessés. Les cliniques et les hôpitaux sont débordés par la prise en charge des blessés de guerre et des malades chroniques, si bien que leur capacité à accueillir des patients Covid est limitée. Les établissements de santé ont besoin de davantage de soutien et de ressources pour faire face à ce défi ».

Malgré les appels internationaux à un cessez-le-feu, les combats à Tripoli se sont intensifiés, forçant les gens à fuir leur foyer et endommageant les infrastructures civiles. Certaines zones de Tripoli, comme le secteur d’Abou Salim, ont vu leur charge de patients quadrupler ces derniers mois, principalement en raison de l’afflux de familles déplacées, dont beaucoup vivent dans des centres d’accueil collectif.
« Des personnes qui avaient fui les combats, dont certains de nos collègues, nous ont confié qu’elles n’avaient d’autre choix que de regagner leur foyer situé à proximité des lignes de front, car elles craignaient de transmettre le virus à leurs parents âgés ou à d’autres membres de leur famille auprès desquels elles avaient trouvé refuge », indique Maria Carolina, cheffe adjointe de la sous-délégation du CICR à Tripoli. « Cela montre les terribles choix auxquels certains habitants sont aujourd’hui contraints, partagés entre la menace des tirs d’obus et des bombardements et celle que le Covid-19 fait aujourd’hui peser sur leur vie. »

Des mesures de prévention particulières doivent par ailleurs être prises pour faire en sorte que le nouveau coronavirus épargne les prisons, où les mesures d’éloignement physique sont impossibles à respecter. Les migrants échoués en Libye sont eux aussi extrêmement à risque, nombre d’entre eux ayant un accès limité à l’information, aux soins de santé ou à un revenu.
Dans le même temps, les restrictions telles que les couvre-feux et la fermeture des frontières, bien qu’elles soient importantes pour freiner la propagation de la maladie, créent de nouveaux défis s’agissant de fournir l’aide humanitaire et de maintenir les chaînes d’approvisionnement en vivres, médicaments et produits de première nécessité.

« Les autorités doivent veiller à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire tout en maintenant des mesures préventives telles que la distanciation sociale, faute de quoi les personnes qui en dépendent souffriront énormément », précise M. Jonge. « Maintenant déjà, nous observons que le prix des aliments et d’autres denrées de première nécessité augmente, mettant une pression supplémentaire sur certaines des familles les plus vulnérables du pays. L’épidémie de Covid-19 vient s’ajouter aux conséquences d’années de conflit, durant lesquelles les familles ont vu les services publics s’effondrer et leurs chances de trouver un emploi s’évanouir. »

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