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À la rencontre de la population de l’île aux Parfums
3 juillet 2007
Au-delà de la crise liée à l’immigration, ne serait-il pas temps de comprendre ce que veut la population mahoraise ? La clef du problème n’est-elle pas dans l’histoire de l’île, et bien plus aussi, dans l’ensemble de l’archipel !
La défaite de Mansourd Kamardine a été une véritable bouffée d’air frais, c’est en quelque sorte ce que pense la nouvelle génération d’hommes politiques, "Les quadra", c’est comme cela que le Maire de Koungou, Saïd Ahmadi, aime appeler ce sang nouveau qui commence à émerger dans la sphère politique mahoraise !
Historien, Saïd Ahmadi rentre dans son île en 1996 et tout naturellement, en homme de gauche convaincu, il décide de s’attacher à la cause des sans voix, de tous ces Mahorais qui sont exclus de la croissance, bien plus, qui la subissent ! L’argent qui vient du changement de statut commence à transformer la physionomie de Mayotte, et il semblerait, selon le maire de Koungou, qu’avec cette manne, des ghettos de fonctionnaires et de personnes aisées se forment. Les Mahorais voient s’élever des lotissements fermés pendant qu’eux restent sur le bord du chemin, et même s’il est difficile de le croire, ce sont deux sociétés qui cohabitent dans ce qui était jadis un paradis pour tous. Pour Saïd Ahmadi, ce n’est pas une question de couleur, de race, mais tout simplement une question de classe, tout comme cela se produit en France, mais cette fois, de manière beaucoup plus visible et bien plus injuste, et pour tout dire, disproportionnée. Les Mahorais voient leurs vies se transformer sans qu’ils participent véritablement à cette évolution.
Le "ouf" de Mayotte !
C’est au "5/5", bar bien connu de Mamoudzou, que m’a donné rendez-vous Saïd Ahmadi, maire d’une petite commune proche du chef lieu.
D’entrée de jeu, il me dit au téléphone : « Un rendez-vous pour parler de Mayotte, je suis d’accord, vous êtes où ? ». Je lui donne le nom de mon hôtel, il me répond : « Ah, c’est là, je n’y vais pas, c’est pour les riches, mais si vous voulez, je vous attends à côté de la barge au "5/5" ». C’est donc dans ce lieu populaire que je rencontre le maire de Koungou. « Ici, c’est un peu mon quartier général », me dit-il, « mais si vous le souhaitez, on va dans ma ville et je vous fais visiter, vous verrez que Mayotte a un développement à deux vitesses. Il y a d’un côté une nouvelle forme de bourgeoisie qui vit au-dessus de tous, dans des lotissements fermés et sécurisés, et de l’autre, la population pauvre de Mayotte ».
De Mamoudzou à Koungou, une foule de Mahorais marche sur la route ou attend le taxi comme si, dans cette île, il n’y avait pas de limites entre les villes. Là, me dit le maire de Koungou, « vous voyez, ce sont des Anjouanais, ils sont désœuvrés, ils attendent on ne sait quoi, mais plus loin, je vais vous faire voir, les clandestins sont regroupés, mais ils n’aiment pas trop que l’on vienne les voir. Vous comprenez, à Mayotte, ce n’est pas qu’on ne les aime pas, mais il y en a tellement que cela crée des tensions. Il n’y a pas de problème raciste à Mayotte, il y a un problème de classe ! ».
C’est son credo à Saïd Ahmadi, en Métropole, il était proche du PS, mais ici, à Mayotte, pour lui, le PS n’est pas vraiment à gauche et ne comprend pas les véritables problèmes de la société mahoraise. Arrivés à Koungou, il m’emmène directement dans les lotissements Mzungu. « Vous voyez, ça construit beaucoup, mais après, ils restent entre eux. Regardez, ils ont tout sécurisé, et surtout, ils ont des chiens, après, lorsqu’ils repartent, ils les abandonnent ».
Effectivement, il y a de nombreuses résidences sécurisées avec des tessons de bouteilles sur les murs, mais ce n’est tout de même pas des ghettos. Rien n’est véritablement simple sur cette île, le statut bâtard fait qu’il y a un développement à deux vitesses. La manne financière venue de Métropole destinée à aider à la départementalisation amène, il est vrai, beaucoup de fonctionnaires.
Les trois mairies
Nous repartons en direction de "sa ville" comme il la nomme, il veut me faire voir les trois mairies ! En route, il me confie : « Vous comprenez, l’important pour nous, ce n’est pas de se demander où l’on va, mais ce que l’on doit faire ensemble. Il faut qui il y ait un juste partage avec les Mahorais, mais il est vrai que l’immigration massive fausse tout et on ne peut pas en vouloir aux habitants de l’île de voir les Comoriens comme des envahisseurs alors qu’il n’y a pratiquement rien pour nous. Il faut revoir la politique comorienne de la France, on souhaite un meilleur partage des richesses. C’est pourquoi, j’ai créé mon parti (Parti Social Mahorais) qui n’est composé pratiquement que de jeunes, et nous sommes fiers d’avoir participé à la défaite de Kamardine. Il a été pendant des années la source de tous nos malheurs. Pourtant, la campagne a été inégale, lui avait la puissance publique et tous les médias, nous on a dû se débrouiller, mais on a gagné. Enfin, au second tour, car moi si j’étais présent dans la course, je me suis désisté en faveur d’Abdoulifou-Aly, un quadra tout comme moi et tout comme le président du Conseil général ».
Nous arrivons à la Mairie, une maison de style alsacien, comme quoi, tout est possible sur l’île hippocampe. « Ma première idée », me dit Saïd Ahmadi, « en étant élu en 2001, ce fut d’offrir une mairie plus belle et plus grande pour mes administrés. Celle-ci, je l’ai transformée en médiathèque. Mais avant, je vais vous amener là où je suis né ».
Nous traversons les quartiers de Koungou, le maire salue tout le monde, il fait un détour de temps en temps pour amener plus loin un de ses administrés. Enfin, nous arrivons au fond d’une rue insalubre, devant une petite case. On pénètre dans la cour sans prendre garde aux habitants. De toutes les façons, il me prévient : « Ce sont des membres de ma famille ». Et puis, il est vrai qu’à Mayotte, on ne se formalise pas vraiment. Il me dit, « vous voyez, je suis né dans cette maison et en plus, comme un signe, cette maison, ma mère la prêtait pour faire office de mairie. C’est donc la première mairie de Koungou ». Nous repartons, et arrivés face à la mer, des enfants jouent sur une langue de sable entre le magnifique lagon de cette île extraordinaire et une immense mare d’eau stagnante dans laquelle sont jetés les détritus. « Vous voyez », me dit-il, « il y a plein de mares comme celle-là et personne ne fait rien. Avant, à Mayotte, on n’avait pas autant d’ordures, c’est la civilisation qui nous les emmène, et si vous regardez bien toutes les ordures sur le bord des routes, ce sont des biens de consommation venus d’ailleurs ».
S’il y a une constante sur toute l’île, c’est le problème des déchets. Il semblerait que les fossés le long des routes soient autant de décharges sauvages. La vérité, c’est qu’avec l’ouverture du port, l’apport des marchandises s’accentue et rien n’est fait pour régler ce nouveau problème du traitement des déchets. Comme quoi, même en sautant la mer, les îles ont un véritable problème avec les restes issus de la société de consommation.
Enfin, nous arrivons à la troisième mairie ! Un grand bâtiment perché sur les hauteurs de la ville, elle est la fierté du maire. Lorsqu’on pénètre à l’intérieur, le vaste hall est quasiment vide, seule une hôtesse est presque invisible derrière un comptoir immense. À l’étage, une enfilade de bureaux tous aussi vides, juste quelques fonctionnaires. Cette bâtisse a été créée pour une ville grande comme Saint-Denis, mais qu’importe, l’essentiel pour le maire de Koungou, c’est d’avoir tenu sa promesse, celle d’avoir réalisé un bâtiment dont ses administrés seront fiers.
Tout est à faire
Ce périple avec le maire de Koungou montre toutes les contradictions, mais surtout la montagne d’inégalités dans une île qui, il n’y a pas si longtemps, portait des habitants heureux de vivre, insouciants, tous solidaires entre eux, mais voilà que le modernisme s’abat sans même que le terrain ne soit préparé. Tout est à faire dans l’Ile aux Parfums, mais doit-on le faire n’importe comment ?
Quoi qu’il en soit, et quelles que soient les critiques que l’on puisse lire dans la presse réunionnaise au sujet de ceux qui président à la destinée de cette île, il faut avouer qu’on leur a remis un lourd fardeau et que tout ne suit pas. L’administration de l’État est toujours restée à l’époque coloniale, le phénomène migratoire est traité de manière inhumaine, et tout semble avancer en dépit du bon sens. Il y a un manque évident de formations, mais comment faire pour y palier ? Une chose est certaine, c’est que d’ici à 2012, il faudra bien que l’État cesse d’agir comme si cette île n’était qu’une caserne avec des habitants tout autour. À première vue, rien n’est fait pour conduire Mayotte à devenir un département à part entière ! Pourtant, il y a urgence !
Philippe Tesseron
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Messages
7 juillet 2007, 11:05, par Pierre DARMANGEAT
Bonjour,
Il y a bientôt dix ans que j’ai quitté Mayotte à regret, pensant y revenir un jour (ce qui ne fut pas possible pour des tas de raisons), après y avoir travaillé en tant que contractuel "expatrié" (je ne vois pas où se situe l’"expatriation") sur l’Environnement en poste à la DAF, tout d’abord au service des Eaux et Forêts puis au Service des Pêches (et de l’Environnement Marin). Là, j’ai dirigé une petite "Brigade du Lagon" créée par mon chef de service d’alors, et chargée de faire respecter la législation sur la pêche, notamment dans la réserve de la Passe en S (passe Longogori), la seule de l’île.
Mayotte était encore magnifique, et j’ai cru pouvoir faire quelque chose pendant les quatre ans au cours desquels j’eus la joie et l’honneur de travailler pour ma passion.
J’ai tenté de créer une brigade de plongeurs mahorais, afin que la connaissance de l’extrême richesse du récif corallien ne soit pas réservée au M’zungu. Peine perdue, l’Administration n’étant guère enthousiaste (je n’étais qu’un contractuel mal payé par la Collectivité, savez-vous, pas un fonctionnaire qui touche vingt-trois mois de salaire sous forme de prime non imposable au bout de deux ans…).
J’ai identifié sur place plusieurs espèces de sternes dont la sterne de Saunders, et de dauphins, dont la péponocéphale, le dauphin de Fraser, le dauphin à bosse sans grand succès également, n’étant pas un "spécialiste" connu.
J’habitais à Coconi dans un logement de fonction, mon seul privilège. Cette maison n’a JAMAIS été cambriolée pendant mon séjour, alors que toutes les maisons voisines (avec chiens) l’étaient au moins deux ou trois fois par an. J’ignore pourquoi, mais je pense que le fait de ne jamais fermer mon portail, de n’avoir pas de chien, de laisser les gamins du village se servir sur "mes" bananiers et "mon" avocatier lorsque les fruits étaient mûrs, n’est pas étranger à ce phénomène. Je leur demandais seulement de me laisser une main de bananes et quelques avocats devant ma porte. Je n’avais pas de télévision, ni de chaîne stéréo, me contentant d’une petite radio-cassette sur laquelle j’écoutais Bach, Vivaldi et Brassens : souvent, les jeunes écoutaient aussi, assis devant ma fenêtre pendant que je me reposais après une longue et parfois dure journée de travail en mer.
Tout ce qui est écrit dans cet article n’est pas pour m’étonner, car déjà je savais à l’époque (1994-1998) que la vie allait se gâter dans "mon" île : d’une part, la pauvreté ahurissante de la majeure partie de la population, le mépris de la plupart des M’zungu dans une ambiance de colonie, la ghettoïsation de leurs logements insultants d’opulence, l’indifférence voire l’incompétence notoire de la majeure partie des fonctionnaires d’État en poste pour deux ou quatre ans (eu égard à la prime, ils restaient plutôt quatre ans) pour la situation de Mayotte dont il n’avaient absolument rien à faire, et qu’ils oubliaient sitôt le vol de retour vers la Métropole…
Mon avion a atterri à Roissy le 1er novembre 1998, mais Mayotte ne m’a jamais quitté, pas plus que mon cœur ne l’a oubliée. Dans quel état la reverrais-je si d’aventure je pouvais y retourner… ?
Je vois effectivement un changement salutaire dans la réaction mahoraise aux dernières élections législatives. Puisse seulement le Conseil Général ne pas négliger la seule richesse de cette île trop petite et surpeuplée : son environnement !
Bien cordialement.
10 juillet 2007, 11:35, par Pierre DARMANGEAT
Bonjour,
Une petite rectification s’impose à propos du "logement de fonction". De fait, ce n’en était pas un car je payais un loyer (15 % du salaire pris à la source, c’est-à-dire décomptés directement sur la feuille de paye), mais il s’agissait d’une maison pour le personnel de la DAF comme il en existait quelques-unes à Coconi.
Je considère encore ce calcul du loyer parfaitement juste, car l’occupant du logement payait en fonction de ses moyens.
[C’était un peu comme l’impôt sur le revenu : on paye selon ce qu’on gagne, et c’est bien là le seul impôt juste, alors que les taxes diverses et variées que tout le monde paye au même prix assomment les foyers les plus démunis, en laissant de marbre les plus aisés… Mais ce n’est sans doute pas à vous que je vais apprendre une telle évidence !]
Pour en revenir à Mayotte, il n’en reste pas moins que cette "maison de service" (et non "de fonction") était un petit privilège dont j’ai heureusement pu profiter car les loyers proposés aux M’zoungou par la société immobilière de Mayotte (la S.I.M.) étaient hors de proportion avec mon salaire : en tant que contractuel, j’étais rémunéré par la CTM et non par la Métropole et, en tant que simple bachelier, ce salaire était plutôt maigrichon… Un peu moins du double des loyers de la SIM…
Bien à vous,
Pierre DARMANGEAT
12 juin 2010, 18:18
Bonjour,
Suite à ma demande, je suis nommée en aout 2010 à MAYOTTE mamoudzou. Je suis fonctionnaire du MEN, mais seulement adjoint administratif nommée au vice-rectorat. Donc petit salaire.
Mon désir d’aller à Mayotte est de partager la vie des Mahorais car j’envisage de participer à des actions humanitaires. Pourquoi pas à Mayotte ou autour.
Pouvez vous me donner quelques conseils.
Je pars seule, en ayant des adresses, des connaissances diverses.
Je dois chercher à me loger et je souhaite surtout m’intégrer dans la vie à Mayotte.
J’espère que vous pourrez me donner quelques conseils .
Merci
Mme BATS Jocelyne