Nos relations avec l’Europe

Mieux appréhender les situations qui nous attendent

Retours sur les expertises présentées à la Région

26 décembre 2003

Comme on le sait, lundi dernier, la Région a invité trois experts d’organismes internationaux à exposer une synthèse des études qu’ils ont menées pour déterminer l’impact sur les Régions Ultrapériphériques de l’élargissement de l’Union européenne d’une part et des modifications des règles de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) d’autre part.
En demandant ces études, la Région a estimé indispensable de disposer d’un cadrage des contraintes européennes et internationales pesant sur le développement de La Réunion. Et elle a souhaité faire connaître ces analyses à un maximum de décideurs politiques et socio-professionnels réunionnais, afin que nous puissions préparer notre avenir en connaissance de cause.
Mercredi dernier, ’Témoignages’ a publié les impressions de trois participants sur les conclusions présentées : Ivan Hoarau pour le Conseil économique et social régional (CESR), Guy Dupont pour le Comité de pilotage de l’industrie (CPI) et José Macarty pour la Coordination Somèn Kréol. On lira aujourd’hui les impressions d’Élie Hoarau, secrétaire général du P.C.R., et celles d’un industriel, Maurice Cérisola, président de l’ADIR.

• Élie Hoarau, secrétaire général du Parti communiste réunionnais

« Bien connaître les mécanismes pour maîtriser les solutions »

« Notre expérience montre que dans les problèmes que La Réunion connaît, les solutions à ces problèmes ne peuvent être apportées que par les Réunionnais eux-mêmes. C’est une première remarque.
C’est une longue expérience, depuis la sortie de la colonisation, jusqu’à maintenant - en passant par les problèmes de la réalisation de l’égalité sociale. Les solutions sont venues des Réunionnais.
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des problèmes nouveaux, différents de ceux connus dans un passé récent ou plus lointain. Comme par exemple : comment faire face à la croissance démographique des 25 prochaines années pour respecter des droits essentiels des Réunionnais comme l’emploi, le logement, la formation, les déplacements etc...? Ou bien : comment prévenir les effets des changements climatiques dans tous les domaines (agriculture, environnement, santé, aménagement du territoire, etc...) ? Ou encore, dans la mondialisation des échanges commerciaux, comment tirer notre épingle du jeu ?
Sur ce dernier point, la première condition est une bonne connaissance des mécanismes qui régissent les échanges, le marché, la production, etc... De ce point de vue, ce à quoi on a assisté lundi dernier à la Région, avec les rapports des experts, montre qu’on a de gros efforts à faire pour appréhender la situation et son évolution.
Les problèmes auxquels La Réunion est confrontée aujourd’hui et ceux auxquels elle sera confrontée demain l’obligent à se situer dans un contexte mondial : ce n’est plus seulement un problème entre La Réunion et la métropole. C’est La Réunion et l’Europe, La Réunion et les échanges mondiaux.
Quand l’Europe est à la croisée des chemins avec son élargissement vers des pays non homogènes, quelles seront les conséquences pour La Réunion ? C’est un exemple qui montre que si on ne maîtrise pas la connaissance de cette situation, il sera difficile de formuler des propositions.
C’est la même chose pour les échanges internationaux : quelles vont être les conséquences pour La Réunion des accords de l’Europe avec les PMA (pays les moins avancés) ? Cela nécessite aussi une maîtrise des connaissances, de même que l’OMC (Organisation mondiale du commerce) peut ouvrir quelques perspectives - c’est le cas de ce qui peut être envisagé dans nos échanges avec la Chine, vers l’Europe... C’est la connaissance de ces mécanismes qui peut nous ouvrir la voie à des solutions.
Tout cela pour dire que la conférence-débat de lundi, qui n’a duré qu’un après-midi et qui a abordé une multitude de sujets souvent complexes, a été d’une densité soulignée par plusieurs participants. C’est tout à l’honneur de la Région d’en avoir pris l’initiative, en s’adressant à des observateurs extérieurs à La Réunion et libres de leurs opinions.
Ce genre de conférence devrait se répéter plus souvent. En effet, c’est notamment par ce biais que les Réunionnais dans leur ensemble - les forces vives du pays - appréhenderont mieux le contexte économique international. Ce qui les aidera à formuler des propositions, les plus judicieuses possibles, pour aller vers le développement durable ».

• Maurice Cérisola, président de l’ADIR (Association pour le développement industriel de La Réunion)

« Il faut mettre en place des expertises »

« Ce qu’on a entendu lundi est très dense et très complexe. Il faut une telle expertise qu’il faudra faire intervenir des compétences sur ces questions. On s’aperçoit qu’avec l’élargissement de l’Union européenne, il faudra se montrer très convainquant avec les commissaires européens.
Ma grande interrogation est : va-t-on trouver ici la matière grise nécessaire et comment la mettre en œuvre ?
Il suffit de se reporter à ce qu’on a vécu au sujet du dossier de l’octroi de mer : si nous n’avions pas eu, ici, les trois personnes qui ont passé des nuits sur le dossier à rattraper les erreurs faites à Paris, nous aurions eu beaucoup de mal à présenter quelque chose qui se tienne. Pour la fiscalité, cela va être pareil : on risque de repartir pour un tour.
La conclusion que j’en tire est qu’il faut mettre en place des expertises, des formations avec spécialisation : il nous faut des compétences, pour faire correspondre, sur les questions de l’exportation vers l’océan Indien par exemple, les accords de Cotonou, l’OMC et les lois françaises ».


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