Un symbole de la lutte contre le libéralisme

Mise en place d’un impôt sur la fortune en Argentine

8 décembre 2020, par Mathieu Raffini

Le Sénat argentin a voté le 4 décembre dernier la mise en place d’un impôt sur la fortune, afin de faire fonctionner la solidarité étatique en taxant le capital pour lutter contre la pauvreté qui gangrène le pays.

La solidarité pour lutter contre la pauvreté

Cet impôt sur la fortune, et le fait que l’argent en très grande majorité est redirigé vers des mesures sociales sont de grandes avancées pour le peuple argentin. En effet, cela montre une volonté de la part des Argentins et de leurs représentants politiques de lutter contre la pauvreté qui est très importante dans le pays. Ainsi, plus de 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté, et le taux de chômage est supérieur à 10%.
Bien plus que la pandémie, qui a évidemment impacté l’Argentine comme le monde entier, ce sont les politiques libérales menées de consort avec les attaques des fonds vautours des capitalistes internationaux qui expliquent la situation sociale actuelle du pays.

Politiques libérales et dictatures

Ces politiques libérales ont en effet été favorisées durant plusieurs périodes en l’Argentine.
Indépendante depuis 1816, l’Argentine était pourtant jusqu’en 1950 sous une grande domination économique britannique, considérée comme une semi-colonisation.
De 1946 à 1952, le président Juan Perón mit en place de grandes mesures sociales favorables à la classe ouvrière, telles que des nationalisations, la redistribution des richesses et le partage du temps de travail via le ministère du Travail et de la Prévention Sociale.
Puis viendront, suite à des attaques répétées des capitalistes nationaux et internationaux de longues périodes de rigueur, qui aboutiront à des dictature, notamment celle de Videla, aidé par les Etats-Unis de 1976 à 1983. Durant cette période, des politiques ultra-libérales seront menées, et le peuple se révoltant, en particulier les syndicalistes, fut massacré à l’image de ce que fit Pinochet au Chili voisin. Cela s’est notamment traduit par la privatisation de nombreux secteurs, rendant l’Etat complétement démuni sur la protection sociale de son peuple, et a fait galoper la dette extérieure. Cette dictature sera également marquée par une guerre, perdue avec le Royaume-Uni en 1982.
On peut noter avec Videla un basculement de la domination économique, jusque là britannique vers les Etats-Unis, qui ont largement financé sa dictature et ses exactions, notamment l’Opération Condor.

Crise de 2001

Elle sera accentuée dans les années 90, le gouvernement organisant un assujettissement total du pays et de son économie aux Etats-Unis, le ministre de Affaires Etrangères Guido Di Tella parlant ainsi « d’étreinte charnelle » dans leur relation avec les Etats-Unis.
Le pays ne tenant plus que sur le secteur privé, dérégulé dans toutes ses composantes et étant entièrement dépendant du dollar, étant donné la mise en place d’une « caisse d’émission » rendant le cours du peso aligné à celui du dollar, l’inflation de ce dernier a fait exploser la dette. Mais en 2001, le FMI a réclamé le remboursement de la dette, qui dépassait les 140 milliards de dollars
Cela entraîna une crise économique sans précédent dans le pays, où le taux de chômage a atteint les 23% et le taux de pauvreté les 57%, faisant notamment réapparaître au grand jour la question de la faim dans le pays. Apparaissent alors des « fonds vautours » qui récupèrent moins de 8% de la dette

Offensives libérales et « fonds vautours »

Suite à d’immenses mouvements sociaux entraînant un basculement politique en 2003, les politiques libérales sont arrêtées au profit de politiques de relance de l’économie marquée par une politique sociale. Ainsi, il est par exemple mis en place un salaire minimum et des allocations universelles. Au niveau économique des mesures pour favoriser l’économie sociale et solidaire ainsi des taxes sur les exportations, pour ramener des revenus à l’Etat. Et plus important encore, le gouvernement de Nestor Kirchner refuse de rembourser 70% de la dette en 2005. En 2011, le taux de chômage était ainsi redescendu à 7%, et la pauvreté a été divisée par 3.
Ces politiques sociales continueront jusqu’en 2014, mais les libéraux nationaux comme internationaux continueront leurs offensives via les « fonds vautours » qui réclament de façon complétement illégitime le paiement des 70% de la dette non-remboursés, revendication appuyée les Etats-Unis, montrant la volonté d’ingérence de ces derniers dans la politique intérieure argentine. Cela aura pour conséquence un changement politique où de nouvelles politiques libérales, notamment de rigueur furent mises en place, aboutissant à la situation que l’on connait aujourd’hui. Alors qu’il y a eu un nouveau basculement politique, 40% de la population est pauvre et plus de 10% sont chômeurs. Pour répondre à cela, des mesures telles que l’impôt sur la fortune et le gel des tarifs des services publics ont été mise en place, et le peuple, dans la rue réclame toujours la libération nationale face à la semi-colonisation américaine.

Des mesures sociales contre la pauvreté et le chômage

L’histoire de l’Argentine est un exemple de ce que produit le capitalisme sauvage et les politiques libérales au niveau d’un pays. Ils le ruinent, mènent la population à la grande pauvreté et au chômage. Le fait que des mesures sociales, telles que la taxation du capital des grandes fortunes, redirigée vers des instruments sociaux soient mises en place nous prouvent qu’une alternative au libéralisme et au capitalisme est nécessaire et qu’en misant sur de fortes mesures sociales, on lutte activement contre la pauvreté et le chômage.

Mathieu Raffini

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