Il y a 1 an, Anna Politkovskaia était assassinée

N’oublions pas

9 octobre 2007

Le 7 octobre 2006, la journaliste russe Anna Politkovskaia était assassinée de plusieurs balles dans la tête, à bout portant, dans l’ascenseur de son immeuble à Moscou. Dimanche, des centaines de Russes sont descendus dans les rues de la capitale pour rendre hommage à celle qui déclarait peu de temps avant sa mort, dans une interview accordée à la radio russe “Echo de Moscou”, que « les mots peuvent sauver des vies ». Des mots de vérité qu’elle a portés jusqu’au bout avec courage, en dépit des menaces et pressions du Kremlin, au péril de sa propre vie.

18 journalistes assassinés en Russie

Dans “Tchétchénie, le déshonneur russe” (mai 2003, éditions Buchet/Chastel), qui lui a valu en février 2003 le Prix du Journalisme et de la Démocratie, décerné par l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), Anna Politkovskaia dénonce une guerre civile, un véritable crime contre l’humanité perpétré par le régime Poutine pour asseoir sa suprématie. Grand reporter pour le bi-hebdomadaire russe indépendant “Novaia Gazera”, elle couvre le conflit en Tchétchénie et publie de nombreux articles où elle porte la voix des victimes, dénonce le totalitarisme du gouvernement russe, ses mensonges, la corruption. Connue dans le monde entier pour son travail, son combat pour la vérité et le respect de la dignité de son peuple, elle refusera l’asile proposé par l’Europe pour assurer sa sécurité, préférant faire front au système de terreur sévissant en Russie. A la veille de son décès, la journaliste s’apprêtait à publier une enquête sur les tortures en Tchétchénie, terre de non droit, d’atteintes éhontées aux principes élémentaires des Droits de l’Homme. L’enquête ouverte par le Parquet russe au lendemain de son décès pour « meurtre avec préméditation » reste 1 an après au point mort. Les journalistes de “Novaia Gazera” poursuivent quant à eux leurs propres investigations pour que toute la lumière soit enfin faite sur ce meurtre. Rappelons que comme Anna Politkovskaia, 18 journalistes ont à ce jour été assassinés en Russie, terre de tous les dangers, de toutes les répressions pour ces professionnels. Bien loin de ces considérations, sans être inquiété, Vladimir Poutine a quant à lui soufflé dimanche ses 55 bougies, et s’apprête, selon sa stratégie, à occuper le poste de Premier ministre du prochain gouvernement, soit un nouveau siège déguisé à la tête de la Russie.
Anna Politkovskaia, une leçon de courage, de détermination, d’humanisme mais aussi de professionnalisme qui devrait inspirer ces confrères en perte de déontologie qui, loin d’un régime de terreur moscovite, cèdent un peu facilement aux pressions d’un gouvernement encore démocratique.

SL


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