Programme alimentaire mondial

Niger : mobiliser tous les moyens de transport

2 août 2005

Face à l’urgence humanitaire due à la famine au Niger, le Programme alimentaire mondial mobilise tous les moyens possibles pour acheminer de la nourriture vers ce pays et appelle les donateurs potentiels à donner davantage de moyens, car la principale difficulté n’est pas de trouver des transports, mais d’acheter de la nourriture.

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Au moment où la réaction internationale à la grave crise alimentaire qui sévit au Niger prend de l’ampleur, le Programme alimentaire mondial (PAM) annonce une série de vols destinée à transporter vers les victimes de cette situation d’urgence de plus en plus grave les rations alimentaires vitales dont elles ont besoin.
Dès jeudi, un Iliouchine 76 doit décoller de Brindisi, en Italie du Sud, base du dépôt des services d’urgence humanitaire du PAM, avec 44 tonnes de biscuits à haute valeur énergétique, pour la capitale du Niger, Niamey, explique l’organisme onusien dans un communiqué, ajoutant qu’il s’agit là du premier de la série de trois vols prévus dans les prochains jours. En sus des biscuits, les avions transporteront également des entrepôts mobiles, des groupes électrogènes et des véhicules tout-terrain, explique encore le communiqué.

Alerte lancée en novembre dernier

Compte tenu du fait que 1,2 million de personnes sont menacées de famine et de la baisse des stocks alimentaires, le PAM ne dispose que de cinq semaines pour transporter 23.000 tonnes d’aliments vers les 19 districts touchés par la seconde crise humanitaire la plus grave de l’histoire du Niger. Au regard de la tension extrême à laquelle sont soumis les mécanismes traditionnels de prise en charge de ces situations, le PAM estime que ces chiffres pourraient même être dépassés. "Que ce soit par air, par terre ou par mer, la nourriture n’arrivera jamais trop tôt. Nous ne ménageons aucun effort pour assurer le transport de nos rations et aider à soulager les populations victimes de la plus grave famine dont j’ai été témoin", a indiqué Giancarlo Cirri, directeur du PAM au Niger.
Dès le mois de novembre 2004, le PAM avait alerté les donateurs de la nécessité de plus en plus impérieuse de la mise à disposition d’une aide alimentaire. Cependant, l’organisme fait valoir que jusqu’à une date récente, la communauté internationale refusait de prendre en considération les avertissements lancés par les organisations internationales, qui prévenaient que la longue sécheresse et les invasions acridiennes avaient détruit les cultures et décimé le bétail au Niger, ce qui avait conduit 2,5 millions de personnes au bord de la famine.

Solidarité encore insuffisante

Au cours de la semaine passée, les images des conséquences humaines désastreuses de l’ "urgence silencieuse " parues dans la presse ont finalement réveillé la communauté des donateurs, avec l’intensification des efforts déployés par le PAM pour acheminer les flux de plus en plus importants d’aide alimentaire d’urgence vers ce pays enclavé.
L’organisme onusien a l’intention de livrer 4.220 tonnes à ses ONG partenaires d’ici la fin de la semaine. Cependant, le PAM a expliqué qu’il avait ouvert un certain nombre d’itinéraires humanitaires au Niger, la majeure partie de l’aide arrivant à Niamey via trois ports des pays voisins (Togo, Ghana et Bénin).
"Nous parlons de très longues distances, mais le réseau de transport est relativement bon. Le véritable problème n’est pas celui de l’acheminement de la nourriture vers les populations affamées, mais plutôt d’obtenir des dons qui pourraient nous permettre d’acheter la nourriture", a déclaré Pierre Carrasse, responsable de la logistique au niveau du PAM. Malgré l’augmentation des donations, sur les 16 millions de dollars prévus pour l’opération d’assistance du PAM au Niger, seuls 9 millions de dollars ont été mis à disposition, d’où un déficit de 43,3 pour cent, relève encore le PAM.


Un pont aérien pour le Niger

Le premier vol à partir de Brindisi devrait arriver à Niamey jeudi après-midi et un convoi de camions sera ensuite chargé de transporter la cargaison de biscuits le long des 660 km de route qui passent par le désert pour aboutir à Maradi, l’une des zones du pays les plus durement touchées. Pour assurer une alimentation complémentaire aux populations sinistrées, le PAM a mis en place depuis hier un pont aérien permettant de transporter 200 tonnes de mélange maïs-soja d’Abidjan à Niamey, note le communiqué.


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