Les employés communaux non titulaires et les dockers rejettent ce projet

Non aux ’attaques en règle contre le monde du travail’

19 mai 2005

Ivan Hoareau, Michel Séraphine et Freddy Semerle ont informé hier les employés communaux et les dockers sur le projet de traité constitutionnel européen au cours d’une assemblée générale au Centre du Cœur Saignant au Port. Une occasion d’expliquer ’les graves menaces’ et ’les dangers immenses’ qui pèsent sur le monde du travail à La Réunion. Les défenseurs du “oui” et du libre-échange, dont les dirigeants socialistes, pensent-ils à l’avenir des onze mille employés communaux non titulaires, des dockers et des autres travailleurs réunionnais et de leurs familles ? Près de quatre cents personnes ont participé à cette rencontre.

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Freddy Semerle, secrétaire général de la fédération CGTR de la fonction publique territoriale, expose qu’un projet de loi a été déposé par le ministre de la Fonction publique, Renaud Dutreil, et a été voté en première séance par le Sénat. Ce projet de loi est une "transcription d’une directive européenne". "Les employés communaux effectueront un CDD de trois ans, renouvelable une fois. Ce CDD sera consolidé en CDI, si l’employé remplit certaines conditions", affirme-t-il. "On s’oriente vers la remise en cause du statut de la fonction publique territoriale", précise-t-il.
Ensuite, Michel Séraphine, secrétaire général de la fédération Ports et Docks attire l’attention des dockers et du public des dangers de "la directive dite Loyola de Palacio, qui sera votée au Parlement en septembre 2005. Elle applique la logique du pays d’origine aux salariés des ports... Elle autorise les armateurs à recourir aux services de dockers et de personnels de leur choix, et à créer leur propre entreprise de chargement du fret".
En clair, restera-t-il suffisamment de travail pour les dockers et marins réunionnais, les employés du remorquage, du pilotage, du lamanage ? La réponse est non car les armateurs arriveront avec leurs propres employés sous-payés. Encore une fois, "il ne s’agit pas d’opposer les dockers réunionnais aux dockers de l’Union européenne. Il s’agit d’assurer la survie des travailleurs de notre île", continue Michel Séraphine.

"Une politique qui casse et tue l’emploi"

Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR s’étonne du contentement du député européen Jean-Claude Fruteau sur les"bonnes déclarations". Il constate "l’agressivité des partisans du “oui” dans les débats". Très certainement due "à l’avance du “non”". Les partisans du “oui” jouent sur la peur : "l’Europe i donn a nou de larjan, i fo nou fé atansion".
Le syndicaliste se demande, si "le copain du socialiste Pascal Lamy", partisan du libre-échange nommé à la direction générale de l’Organisation mondiale du commerce, "ne prend pas les Réunionnais pour des enfants". "Les partisans du “oui” n’ont pas d’arguments convaincants et comptent sur le matraquage médiatique", dit-il.
Il remarque que "la libre circulation des marchandises et des capitaux" est érigée en liberté fondamentale. Dans ce contexte, l’harmonisation sociale de l’emploi "est remise en cause car elle se fera en fonction du marché". "On se dirige vers une politique européenne qui tuera et cassera l’emploi, tirera les salaires vers le bas".
Une nouvelle fois, Ivan Hoareau, Michel Séraphine et Freddy Semerle confirment qu’ils sont pro-européens. Mais contre ce projet de traité Constitutionnel ou "le dogme de la libre concurrence non faussée", en un mot le profit maximum, a pris le pas sur les valeurs humaines.

Jean-Fabrice Nativel


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