Des responsables des Verts de La Réunion appellent à voter contre le projet de Constitution Giscard

’Notre ’non’ est européen, écologiste, alter mondialiste et solidaire’

21 mai 2005

Chez les Verts, à La Réunion comme en France, de même qu’au PS, un grand nombre d’électeurs, des militants et même des dirigeants ne sont pas d’accord avec la décision prise il y a quelques mois, majoritairement dans leur parti, de faire campagne en faveur du ’oui’ et certains ont même décidé d’appeler ouvertement à voter “non” au nom des valeurs qu’ils défendent en tant que Verts. C’est le cas pour plusieurs responsables du Mouvement des Verts à La Réunion qui ont publié hier un communiqué que voici.

(page 5)

Nous sommes écologistes, nous sommes européens, nous sommes pour une Constitution européenne et nous voterons “non” le 29 mai prochain.
Le Traité établissant une Constitution pour l’Europe (TCE) a été très largement critiqué par les Verts français pour son orientation productiviste et libérale ; malgré cela, une majorité d’entre eux a souhaité faire campagne en sa faveur.
Pourtant, ce traité érige en principes ce contre quoi les écologistes se sont toujours battus ; il légitime le productivisme par le libéralisme en s’opposant à l’écologie de transformation et à toute alternative économique. Nous ne pouvons, en conscience, rester sans voix.
Le dogme de la croissance pour la croissance est définitivement fixé comme objectif économique à l’UE, en rupture avec notre orientation anti-productiviste et notre remise en cause du développement. Concrètement, ce dogme rend insignifiantes les déclarations en faveur de la lutte contre les changements climatiques ; il s’oppose au combat contre le gaspillage et la maîtrise de la consommation énergétique.

Une politique de mort lente du monde rural

La volonté d’accroissement de la productivité agricole, consacre une politique de mort lente du monde rural au bénéfice des multinationales.
Les biens communs comme les services de première nécessité, l’eau ou la terre, l’éducation, la santé ou la culture sont réduits à l’état de marchandise. Le marché sans frein, prôné par le titre III du traité, ne peut répondre de façon satisfaisante à ces besoins fondamentaux.
Même l’article 424 du TCE qui concerne les régions ultrapériphériques, donc La Réunion, n’offre aucune garantie sérieuse à l’ensemble des RUP en matière de services publics, d’emploi, d’investissements structurants qui font pourtant cruellement défaut à La Réunion. La Commission aura toute latitude pour arbitrer entre marché et développement sans contrôle des populations et contre leurs intérêts.
Le lien à l’Otan réaffirmé, l’objectif assigné de développement de l’industrie d’armement, l’engagement des États membres d’améliorer progressivement leurs capacités militaires sont, pour nous écologistes, militants de la paix, une volonté de rupture avec notre politique de désarmement et de prévention non violente des conflits.
Un traité constitutionnel, élaboré en cercle fermé, ne peut être le geste fondateur de la fédération de citoyens européens que nous appelons de nos vœux, ni de la démocratie participative prônée par les écologistes.
Nous ne renonçons pas au grand rêve d’Europe : nous avons choisi de lutter pour préserver la planète et changer dès maintenant le monde sans renier nos idéaux et nous n’acceptons donc pas, un programme de politique économique productiviste et libérale qui contribue à sa destruction.

Non au concept "d’aide humanitaire"

Une véritable politique de coopération avec le Tiers-monde est actuellement impossible car son émergence est toujours repoussée à plus tard, le fossé entre nos économies étant destructeur pour les plus faibles dans une concurrence sans règles. Nous ne pouvons plus nous contenter du concept "d’aide humanitaire" qui ne fait, trop souvent, que renforcer une domination du monde occidental sur une grande partie de la planète sans donner aux pays concernés de véritables perspectives de développement, tout en dévastant leur environnement à notre seul profit.

Le débat sur une Constitution pour l’Europe est un moment fondamental de la prise de conscience des enjeux politiques européens et donc de construction de notre avenir. Nous devons assumer nos responsabilités et être porteurs de ce débat au sein de la société européenne.
Dire “non”, c’est, pour nous, refuser le fatalisme, la résignation.
Il est faux de dire qu’il n’y a pas d’alternatives au projet de Constitution.
Il faut sérieusement envisager l’intégration politique vers une Fédération européenne, avec un Parlement et un gouvernement européens. L’Europe existe. Affirmer qu’il n’y aura pas de Constitution pour l’Europe si ce traité est refusé démocratiquement, c’est douter de la formation d’une opinion publique européenne, de l’existence politique de l’Europe et de sa nécessité historique.
Pour toutes ces raisons et parce que notre société a droit à un débat, le “non” écologiste doit avoir sa place. Notre “non” est écologiste et européen, un “non” d’espoir pour une vraie Constitution européenne, pour une Europe politique, citoyenne et fédérale, telle que nous l’avons toujours défendue.

Marie-Cécile Seigle-Vatte,
Véronique Denes,
Françoise Hamel,
Jean-Marc Tagliaferri


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