Paul Vergès rencontre les planteurs et les éleveurs à Sainte-Suzanne

« Nou pé fèr ali konfianss »

3 juin 2004

Réunis hier à Sainte-Suzanne, les planteurs et les éleveurs ont pu connaître la position de la tête de liste de l’Alliance de l’Outre-mer sur les problèmes qui concernent notre agriculture.

Les échéances européennes arrivent à grand pas. Et il importe, selon le président de la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion, Jean-Yves Minatchy, que les intérêts des petits exploitants réunionnais soient défendus à Bruxelles. Avant de céder la parole au sénateur Paul Vergès, il a rappelé les menaces qui pèsent sur toute la profession. L’entrée de 10 nouveaux pays dans l’Union européenne préoccupe en particulier les agriculteurs réunionnais, qui se questionnent sur la dotation des subventions. Risquent-elles de diminuer, voire même d’être supprimées sous la pression de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ?

Les incertitudes

Paul Vergès se dit préoccupé par la santé de l’agriculture réunionnaise, d’autant que les inquiétudes des agriculteurs réunionnais semblent plus que fondées. Le sénateur déclare que "ce serait une catastrophe", si le budget européen adviendrait à baisser. Les fonds structurels, pourvus par l’Europe, servent au développement de notre région pour rattraper un retard économique avéré. "Notre PIB moyen est encore à la moitié du PIB français", a-t-il déclaré à l’assemblée. Il semble peu probable qu’il soit décidé que le budget européen augmente. Certains prétextent que la conjoncture économique ne permet pas une telle "solution".
Mais il est tout aussi inconcevable que le budget européen (soit quelque 99 milliards d’euros) reste le même, alors que 10 pays entrent dans l’Union européenne, avec chacun une économie plus vacillante les unes que les autres. Cette question demande à être défendue avec vigueur, et Paul Vergès semble tout désigné par les planteurs pour remplir cette mission.
Pour ce qui est des exigences de l’OMC remettant en cause les subventions aux exploitants agricoles, Paul Vergès dresse un bref historique de ce qui a mené des pays, comme le Brésil et la Thaïlande, à déposer une plainte contre l’Union européenne. Ils jugent que l’Europe, en subventionnant sa production agricole, porte un préjudice au libre échange. L’OMC demandait donc à Bruxelles de supprimer ces subventions "agricoles". Les agriculteurs réunionnais insistent sur le fait que le contexte économique réunionnais actuel implique le soutien européen.
La lettre du commissaire européen Fischler prend quant à lui l’engagement de remettre en cause les subventions, pour se conformer à la demande de l’OMC.
Un danger plane sur l’agriculture réunionnaise. Mais, il reste des pistes de lutte pour les producteurs réunionnais. Les exigences de l’OMC concernent en effet "les produits agricoles", non pas les "produits industriels", or le sucre - principal produit de l’agriculture réunionnaise - est classé parmi les "produits industriels".

"Ali minm la batay"

Se pose ensuite le problème du partenariat entre l’Europe, les pays ACP et les PMA (Pays dits les moins avancés). À ces derniers, comme le Mozambique ou Madagascar, l’Europe s’est engagé à acheter des produits, même si leur production essentielle reste la canne à sucre. C’est ce qui explique la campagne menée par le Premier ministre mauricien, qui parcourt les PMA, pour que le sucre mauricien entre sur le marché européen. La question qui se pose, c’est "comment maintenir le niveau de vie des agriculteurs ?", demande le président de la Région Réunion.
C’est dès lors toute la profession agricole qui risque de souffrir de ces aléas "européens" ou "mondiaux". Selon Paul Vergès, "c’est une grave crise sociale qui menace la société réunionnaise". Cependant, il faut proposer des solutions et définir une politique agricole qui permette aux agriculteurs et éleveurs réunionnais de diversifier leur activités.
Il existe par ailleurs d’autres moyens de revenus, dont le marché de la restauration collective à La Réunion. Ce sont des pistes qui peuvent pallier l’agrandissement de l’Union européenne et l’OMC sucre car elles permettent de reconquérir le marché intérieur.
Avec l’élargissement de l’Europe et les menaces qui en découlent pour La Réunion, l’élection d’un parlementaire qui pourra défendre les intérêts de l’Outre-mer et de son agriculture, est importante.
Hier, les agriculteurs réunionnais semblaient convaincus par l’expérience de Paul Vergès. "Ali minm la batay pou Quartier Français, kan lizine la rod fermé. Alorss, si lagrikiltir i riskab shaviré isi La-Réniyon, nou pé fèr ali konfianss pou sov nout travay, anou ti plantèr", a confié un membre de la CGPER.

Bbj


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