Alain Badiou et la « nouvelle existence de l’Idée du communisme » :

« Nous le pouvons, donc nous le devons »

8 mai 2009, par Roger Orlu

En ce jour d’ouverture du 6ème congrès du Parti Communiste Réunionnais, nous vous proposons quelques réflexions d’un philosophe français sur le concept du "communisme". Il s’agit d’Alain Badiou, qui vient de faire paraître aux Nouvelles Éditions Lignes un livre événement intitulé "l’Hypothèse communiste".
Le quotidien "l’Humanité" a publié de larges extraits de cet ouvrage dans son édition du vendredi 17 avril. Vous pouvez retrouver l’intégralité de ce texte sur le site de ce journal.

Une contradiction à dépasser sans cesse

Qu’est-ce qu’être "communiste" ? C’est tout simplement être membre ou peut-être sympathisant d’un parti politique dit "communiste" ; cela peut signifier aussi s’identifier ou se reconnaître dans les idées, les analyses et les valeurs soutenues par les fondateurs du "communisme", un mouvement philosophique et politique initié notamment par le philosophe et militant allemand Karl Marx au 19ème siècle. Se dire "communiste" peut donc signifier que l’on veut toujours soutenir un tel mouvement afin de réaliser son idéal.
Mais certaines personnes ou des États et des partis politiques dits "communistes" ont eu des comportements en totale opposition avec cet idéal. Cette contradiction est à dépasser sans cesse, y compris par les communistes réunionnais, même si leur parti a réussi en 50 ans à forger une image plutôt positive du communisme à La Réunion même et dans le monde.
Voici donc un court extrait de ce livre d’Alain Badiou, qui donne à réfléchir sur le défi à relever constamment pour rester fidèle à « l’Idée du communisme », plus vivante que jamais selon ce philosophe. Les inter-titres sont de "Témoignages".

Un capitalisme cynique

« Pendant trois décennies, le mot "communisme" a été soit complètement oublié, soit pratiquement identifié à des entreprises criminelles. C’est pourquoi la situation subjective de la politique est devenue partout si confuse. Sans Idée, la désorientation des masses populaires est inéluctable.
Cependant, de multiples signes (…) indiquent que cette période réactive s’achève. Le paradoxe historique est que, en un certain sens, nous sommes plus proches de problèmes examinés dans la première moitié du 19ème siècle que de ceux que nous héritons du 20ème siècle. Comme aux alentours de 1840, nous sommes confrontés à un capitalisme cynique, sûr d’être la seule voie possible d’organisation raisonnable des sociétés.

Des inégalités monstrueuses et croissantes

On insinue partout que les pauvres ont tort de l’être, que les Africains sont arriérés, et que l’avenir appartient, soit aux bourgeoisies "civilisées" du monde occidental, soit à ceux qui, à l’instar des Japonais, suivront le même chemin.
On trouve, aujourd’hui comme à l’époque, des zones très étendues de misère extrême à l’intérieur même des pays riches. On trouve, entre pays comme entre classes sociales, des inégalités monstrueuses et croissantes.
La coupure subjective et politique entre les paysans du tiers-monde, les chômeurs et les salariés pauvres de nos sociétés "développées" d’un côté, les classes moyennes "occidentales" de l’autre, est absolue, et marquée par une sorte d’indifférence haineuse.

Les formes renaissantes de l’Idée communiste

Plus que jamais le pouvoir politique, comme la crise actuelle le montre avec son unique mot d’ordre, "sauver les banques", n’est qu’un fondé de pouvoir du capitalisme.
Les révolutionnaires sont désunis et faiblement organisés, de larges secteurs de la jeunesse populaire sont gagnés par un désespoir nihiliste, la grande majorité des intellectuels sont serviles.
Opposés à tout cela, aussi isolés que Marx et ses amis au moment du rétrospectivement fameux "Manifeste du Parti communiste" de 1847, nous sommes de plus en plus nombreux cependant à organiser des processus politiques de type nouveau dans les masses ouvrières et populaires, et à chercher tous les moyens de soutenir dans le réel les formes renaissantes de l’Idée communiste.

Une tâche exaltante


Comme au début du 19ème siècle, ce n’est pas de la victoire de l’Idée qu’il est question, comme ce sera le cas, bien trop imprudemment et dogmatiquement, durant toute une partie du 20ème.
Ce qui importe d’abord est son existence et les termes de sa formulation. D’abord, donner une forte existence subjective à l’hypothèse communiste, telle est la tâche dont s’acquitte à sa manière notre assemblée d’aujourd’hui. Et c’est, je veux le dire, une tâche exaltante.
En combinant les constructions de la pensée, qui sont toujours globales et universelles, et les expérimentations de fragments de vérités, qui sont locales et singulières, mais universellement transmissibles, nous pouvons assurer la nouvelle existence de l’hypothèse communiste, ou plutôt de l’Idée du communisme, dans les consciences individuelles.
Nous pouvons ouvrir la troisième période d’existence de cette Idée. Nous le pouvons, donc nous le devons ».

Roger Orlu

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Messages

  • Allez, Alon filozofé, seulement voilà c’est que justement, moins l’a jamais arrive en première pour gaingne un professeur de philosophie. Aster si oui di a moin "Alon filozofé" mi veut bien, mais su quoça nu sar’ filozofé là, nana qu’ek sujets pou cause dessus oui !!! Lé bien beau mais jusqu’à maintenant mi tourne, mi tourne autour de caq’ mi connais pas et peut-être que moin lé entrain’de filosofé sur AR’RIEN. Lé possible que moin l’a tombe en plein dedans ou alors complètement dehor, tout’ça là là pour rien dire ou alors !!! dire tout’ça là là pour rien. M’enfin lé déjà pas mal moin l’a venu cause un’ tit’peu vec’ vous et mi donne à ou un p’tit bonjour.
    Komé là mi rode pu si mi gaingne ou mi gaingne pas, Si y fo fé, et bien nu fé, quoça qu’va faire ??? Là, là nana un bon peu dez’affair y passe dan la tète mi di a ou.
    Hein !!! ou woi si mi commence rien qu’avec le mot "kominis" na trop dez’affair là dessus pou dit, d’abord quoça nou nana pou mettre en commun "nout’ dé ou". il faut d’abord nu essaye trouve quek chose qui interresse à nou. A ou même donne le grain, na woir après.
    Allez, na trouve le moyen de filosofé, @+ andrun


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